Messieurs. Imaginez que vous courtisez une gente dame. (Mesdames, imaginez que vous courtisez un gentil garçon...) Une nappe à carreaux dans le coffre, des bulles dans la glacière et hop, vous roulez en direction d'un beau champ fleuri. Parvenu à destination, vous soulevez le capot et, tadadam!, le repas est prêt : une fumante papillote de truite à l'asiatique, sur lit de bok choy et shiitake. À moins d'une panne d'essence sur le pont Champlain, c'est dans la poche!

Plusieurs personnes ignorent l'existence de la cuisine sous le capot, une invention attribuée aux camionneurs. D'autres croient que ce n'est rien de plus qu'une fantaisie, qu'un truc à essayer pour rigoler ou pour épater la galerie. Pourtant, ses applications sont nombreuses, pratiques, polyvalentes. Vous allez dans le Maine cet été? Pourquoi ne pas essayer le fameux rôti de palette en papillote de Janette (recette sur le site de la di Stasio), prêt à l'arrivée? L'épicerie attendra le lendemain! À la plage ou à la pêche? Des crevettes ou de la truite cuites dans le compartiment moteur feront votre bonheur à l'heure du dîner.

Patrick Sanfaçon et David Santerre, les patrouilleurs de La Presse, sont de fervents pratiquants et défenseurs de la cuisine sur moteur. Le premier, photographe et caméraman, adore cuisiner. Le second, journaliste aux faits divers, est également blogueur vin à ses heures (bandedesvins.com).

Sur la route 7-8 heures par jour, le tandem d'épicuriens en avait soupé des sandwichs au jambon et de la malbouffe achetée au vol dans les stations-service et les casse-croûte mal famés.

Un jour, Patrick s'est rappelé son père, qui avait déjà gardé un poulet au chaud sous le capot de sa Dodge Aspen bleu poudre, pendant les vacances familiales dans le Maine. Le photographe/caméraman, tanné de manger froid à bord de sa Ford Escape, a donc décidé de tenter l'expérience avec ses restes de la veille.

Depuis, les patrouilleurs mangent chaud. Cependant, s'ils réchauffent comme des champions, David et Patrick n'ont pas beaucoup tâté de la vraie cuisine sur moteur. À part l'occasionnelle papillote de crevettes (« trop cuites! « regrette Patrick), leurs prouesses sous le capot se limitaient au braisé du dimanche soir.

Nous leur avons donc offert de «pimper leurs recettes de char». Pour ce faire, un chef amateur de gros moteurs, Jean-François Vachon. Ce dernier a quitté le M sur Masson pour lancer un nouveau concept dans l'ancien Cuisine et dépendance, nommé Projet 67. Même s'il était fort occupé, entre deux restos, le propriétaire d'une Maserati Merak 1975 n'a pas été difficile à convaincre. Bien qu'il n'ait jamais tenté l'expérience de poser une papillote sur son V8, il n'a eu aucun mal à convertir les temps et températures de cuisson en kilomètres!

Jean-François conseille aux futurs cuisiniers sur moteur de garder ça simple. « C'est le principe de la cuisson vapeur, donc toutes les recettes utilisant cette technique sont bonnes, particulièrement celles dont les ingrédients contiennent une bonne quantité d'eau, comme les légumes et le poisson.»

Notre expert en voitures Éric LeFrançois avait pour mission de trouver nos cuisinières sur roues. Il a finalement opté pour une R8 GT Spyder 2013 rouge pompier, question d'en jeter pour la photo et la vidéo et de voir si un moteur V10 de luxe était plus performant que le standard six cylindres.

Les patrouilleurs ont été convaincus de pousser davantage leur exploration de la cuisine sur moteur (et ont hérité d'un ouvrage sur le sujet, intitulé Manifold Destiny). Jean-François Vachon a réalisé son fantasme de conduire une Audi R8 GT Spyder. Éric LeFrançois a pour sa part appris qu'en matière de cuisson, le nombre de cylindres a peu d'importance!

L'expérience fut donc réussie et révélatrice pour tous.

Photo Ninon Pednault, La Presse

Le journaliste de la section Auto Éric LeFrançois, le chef Jean-François Vachon, ainsi que les patrouilleurs de La Presse, Patrick Sanfaçon et David Santerre.

Les véhicules

FORD ESCAPE

Difficile de trouver cuisinière plus conventionnelle que ce Ford Escape de première génération. Peut-être, mais ça marche. Et plutôt bien. Chauffé par un V6 3 litres de 240 chevaux, le vaste compartiment moteur permet de créer différentes zones de température et d'observer plus scrupuleusement les recettes.

Valeur du véhicule: environ 27 000$

Photo Ninon Pednault, La Presse

Le Ford Escape.

AUDI R8 GT

Contrairement à l'Escape, le moteur de l'Audi R8 GT est monté à l'arrière - impossible alors de humer les parfums de la cuisine tout en roulant - et dans un minuscule écrin. Il faut dire que le V10 5,2 litres de 560 chevaux occupe beaucoup de place, le réceptacle du toit aussi. Mieux vaut la version coupé de ce modèle dont le moteur est plus accessible et placé sous verre. C'est plus pratique et plus esthétique à la fois.

Valeur du véhicule: environ 260 000$

Avec Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Photo Ninon Pednault, La Presse

L'Audi R8 GT.