Les «intégristes», ceux qui déplorent l'embourgeoisement de la 911, jugeront cette nième mise à jour de «leur» icône contre nature; mais la firme allemande pouvait-elle faire autrement que de réduire la cylindrée de ses moteurs pour assurer la pérennité de ce modèle? Non, et elle ne s'en porte pas plus mal pour autant.

Porsche a le sens des affaires. Soucieuse d'entretenir le mythe de ce modèle apparu en 1963... En apparence, la 911 n'a guère évolué. Et c'est précisément pour cela qu'elle est appréciée, au grand dam des purs et durs de la marque. Ces derniers regrettent - depuis longtemps - le mauvais caractère et les difficultés de pilotage qu'imposaient les premières générations de la 911 en opérant une sélection aussi naturelle que cruelle entre conducteurs et pilotes.

D'autres ont la nostalgie des moteurs refroidis à l'air qui propulsaient jadis la 911 ou encore voient d'un mauvais oeil ces déploiements successifs de la signature Porsche sur une berline (Panamera) ou des VUS (Cayenne et Macan), qu'ils jugent contre nature. Que raconteront-ils lorsque la firme de Stuttgart commercialisera sa sportive entièrement électrique - concept Mission-E - dans quatre ans? On n'a pas fini d'en entendre parler.

Malgré la nécessaire diversification de sa gamme, Porsche demeure profondément attachée à la 911. Cette dernière s'efforce d'évoluer sans en avoir l'air pour élargir le cercle de ses fidèles. Vrai que le caractère orageux, parfois indomptable, des premières 911 s'est progressivement effacé au profit d'une tenue de route presque exemplaire.

La direction ne pendule presque plus sur les mauvaises routes, les suspensions profitant d'un empattement plus long, et le transfert de masse au freinage ne nuit plus à l'équilibre de la voiture. Même le légendaire «coup de pied au derrière» cher aux aficionados de la marque est moins brutal que naguère, mais tout aussi ferme. Et le même commentaire s'applique au nouveau moteur qui propulse désormais cette «quinquagénaire».

Trois-litres à plat



D'une cylindrée de trois litres, cette mécanique reprend la configuration à plat de ses aïeules, mais s'adjoint les services d'une paire de turbocompresseurs. La présence de ces «artifices» a permis d'augmenter la puissance, tout en diminuant - hypothétiquement - la consommation. Pourquoi hypothétiquement? Car la tentation est toujours aussi grande d'écraser allègrement l'accélérateur et de monter les vitesses à la volée. Le plaisir est intense, mais de courte durée.

Avec ses 365 chevaux, la Carrera se propulse de 0 à 100 km/h en 4,2 secondes et atteint le plafond illégal de 295 km/h en vitesse de pointe. La déclinaison S - plus chère - fait mieux encore, bénéficiant il est vrai de 50 chevaux supplémentaires que d'aucuns pourront exploiter sur les routes publiques. Une 911 Carrera avec ou sans S est dotée d'un accessoire hautement indispensable: un avertisseur sonore peut être programmé par l'ordinateur de bord pour se déclencher dès qu'une certaine vitesse est dépassée.

Hormis le timbre un peu faux de ce moteur, les propriétaires des plus récentes 911 n'y verront que du feu. Enfin presque. La 911 se projette toujours dans l'horizon avec autant d'âpreté. Le temps de réponse est pratiquement nul et la souplesse de ce moteur à bas régime (sous 2500 tr/min), surtout, est impressionnante.

Au risque de déplaire aux puristes, la boîte automatique à double embrayage demeure un meilleur choix (performances et consommation) que la manuelle pour épouser les caractéristiques de cette motorisation suralimentée.

Le poids



Si les prestations de ce nouveau moteur font sensation, il faut tout de même aborder le sujet de son poids. Celui-ci est plus lourd (35 kg) et a une incidence sur la répartition des masses de ce véhicule qui, dans cette configuration, n'est entraîné que par ses roues arrière. Cela dit, pour gommer tout cela, Porsche retouche çà et là le châssis. Ce dernier, par exemple, incorpore en option un dispositif à quatre roues directrices visant à améliorer la manoeuvrabilité de cette auto - réduction du diamètre de braquage - tout en améliorant sa stabilité à haute vitesse.

Sur la route, on ne se lasse pas des sorties de virage lorsqu'on lâche toute la puissance et le couple sur le train arrière. Toujours excitant! Plus docile que jamais, ce coupé (il existe aussi une déclinaison cabriolet) vire à plat, réagit franchement et s'avère très facile à prendre en mains, y compris en ville grâce à une visibilité remarquable, pour une automobile sportive, s'entend.

À moins de tourner sur un circuit, la 911 se laisse conduire par tout le monde et c'est sans doute là que réside sa plus grande force. Pas besoin de suer à grosses gouttes ou de commettre une infraction au Code de la route pour goûter au plaisir de la conduire. Même à une allure raisonnable, on ne s'ennuie pas au volant de cette auto qui, en raison de sa position très basse sur la route et de ses suspensions fermement tendues, offre des sensations vives. La direction correctement assistée lit la route avec beaucoup d'acuité, les aides à la conduite se font discrètes et le freinage répond puissamment présent lorsque la situation l'exige. Oui, tout le monde peut conduire cette 911.

Des retouches subtiles



Visuellement, cette 911 promise pour le printemps 2016 ressemble à celle qui prend actuellement la pose dans les salles d'exposition. Regardez-la plus attentivement. Le bouclier avant est entièrement nouveau et intègre des volets actifs pour mieux fendre l'air. La nuit, la signature lumineuse est aussi différente grâce au raffinement apporté au dessin des phares. De profil, on note la disparition de la cuvette de poignée de porte au profit d'un nouvel ouvrant plus effilé. À l'arrière, on retient la présence de sorties d'air additionnelles.

À l'intérieur, l'écran de navigation et la quincaillerie informatique font peau neuve et c'est tant mieux. Plus convivial et surtout plus moderne, ce «bloc» d'infodivertissement s'intègre à un tableau qui a peu évolué. Les sièges avant offrent un confort étonnant, mais les deux places aménagées à l'arrière ne conviennent qu'à des enfants en très bas âge. Le minuscule logement aménagé sous le capot fait office de coffre, et sa configuration à deux roues motrices offre un volume plus décent que sur les déclinaisons qui en comptent quatre (roues motrices).

Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Porsche.

FICHE TECHNIQUE

L'ESSENTIEL 

• Marque/Modèle: Porsche 911

• Versions: Carrera, Carrera S

• Fourchette de prix: 102 200 $ à 132 200 $

• Visible dans les concessions : printemps 2016

• Garantie de base: 4 ans/80 000 km

• Consommation réelle: 10,2 L/100 km

• Pour en savoir plus: www.porsche.ca

TECHNIQUE

• Moteur (essence): H6 DACT 3 Litres turbo

• Puissance: 370 ch à 6500 tr/min

• Couple: 332 lb-pi entre 1700 et 5000 tr/min

• Poids: 1430 kg

• Rapport poids-puissance: 3,86 kg/ch

• Mode: propulsion

• Transmission de série: manuelle 7 rapports

• Transmission optionnelle : automatique 7 rapports

• Direction/Diamètre de braquage (m) : crémaillère/10,8

• Freins av-arr : disque/disque

• Pneus (av-arr) : 235/40ZR19 - 295/35ZR19

• Capacité du réservoir/ essence recommandée : 64/super