Dès la sortie des puits du circuit de Portiamo, le ressenti n'est pas le même. Dès que le pied droit enfonce la pédale d'accélérateur, les 700 chevaux du six-cylindres à plat se mettent à chanter à tue-tête et le coeur vous monte à la gorge. Le tour de manège commence. À celui ou celle qui se trouve au volant de fixer les limites. La 911 GT2 RS, elle, semble n'en avoir aucune, comme en fait foi un tachymètre gradué à 400 km/h. Une vitesse qu'elle n'atteint pas. Pas encore. En revanche, cette Porsche avance (et soutient) des chiffres tout aussi éloquents, dont celui-ci : 0-100 km/h abattu en moins de 3 s. Et, si l'on continue sur sa lancée, 340 chrono (limité électroniquement pour éviter la déflagration des pneus) au bout de l'horizon.

L'aérodynamique très poussée de cette auto - l'immense aileron ajustable a sa raison d'être - lui permet de générer 312 kg d'appui en position route, 416 kg en configuration circuit. Des chiffres, des chiffres, mais au volant, sur un circuit ou sur la route, cela ajoute beaucoup à la confiance. À cela s'ajoute un dispositif à quatre roues directrices qui assure une plus grande agilité encore à cette 911.

Moteur de 700 chevaux

Le moteur à plat d'une cylindrée de 3,8 litres voit sa puissance passer de 580 à 700 chevaux. Pour réaliser pareil tour de force,

Porsche a notamment eu recours à de gigantesques turbocompresseurs à géométrie variable, un véritable travail de plombier, diront sans doute les techniciens qui en assureront l'entretien. Pour bien faire respirer ce six-cylindres et chasser la chaleur qui s'en dégage, les échangeurs prennent du volume et peuvent, comme en compétition, être aspergés d'eau distillée. Le propriétaire a la responsabilité de veiller à maintenir le récipient à niveau.

Très remuante à conduire, la 911 GT2 RS doit être menée avec délicatesse dès qu'on la sollicite et l'accélérateur exige d'être manié avec beaucoup de tact en sortie de virages où l'auto alterne rapidement entre survirage et sous-virage en raison de la répartition de ses masses. 

Surtout, s'il pleut et que le correcteur de stabilité électronique (très permissif) se trouve - partiellement - démis de ses fonctions.

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50 kg de moins que si elle venait en rouage intégral

Entraînée seulement par ses roues arrière - une économie potentielle de 50 kg si un rouage intégral avait été élu comme mode d'entraînement -, la GT2 RS fait un rare compromis.

Bien que plus lourde que son homologue à « trois pédales », la boîte à double embrayage à 7 rapports est la seule transmission offerte. 

Personne ne s'en plaindra. 

Elle est plus rapide et surtout, elle permet de s'appliquer à une conduite coulée. Celle-ci, entre des mains sûres et exercées, révèle un formidable potentiel. Mais pour en profiter, il faut avoir non seulement accès à un circuit, mais aussi l'envie et la capacité de concentration pour la piloter sportivement.

Sinon, mieux vaut renoncer, sans quoi cette GT2 RS vous servira à répétition de pénibles leçons d'humilité.

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27 kg de moins (et 35 000 $ de moins dans vos poches)

Dans pareil cas, pas la peine d'épiloguer sur le groupe Weissach (une option salée de quelque 35 000 $) qui permet d'alléger le véhicule de 27 kg avec des composants en fibre de carbone, de titane et de magnésium.

Facile à dompter à allure raisonnable, cette voiture, bien équilibrée, n'en demeure pas moins un véritable tape-cul particulièrement bruyant. Les déformations de la route font trépigner les suspensions et les pneus, très directeurs, se laissent aisément distraire par les sillons creusés dans la chaussée.

Après 54 ans de carrière et 7 générations, la 911 donne toujours l'impression d'être restée la même. Elle fait seulement semblant.

Note de la rédaction : Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Porsche

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Trois fleurs, trois tomates

On aime 

Développement technologique 

Comportement sauvage et sans compromis 

Performances de très haut niveau 

On aime moins 

Équipement spartiate 

Usage très limité 

Toujours une 911, mais au prix d'une exotique

La facture

Fourchette de prix : 334 000 à 369 370 $

Garantie de base : 48 mois / 80 000 km

Consommation réelle : 12,5 L/100 km

Visible dans les concessions : été 2018

Concurrentes à surveiller : Lamborghini Huracan, McLaren 720S

Pour en savoir plus: www.porsche.ca

Fiche technique

Moteur : H6 DACT 3,8 litres 

Puissance : ch. 700 ch. à 7000 à tr/min 

Couple : 553 lb-pi entre 2500 à 4500 à tr/min

Poids : 1470 kg

Rapport poids/puissance : 2,1 

Mode : propulsion 

Transmission de série : automatique 7 rapports 

Transmission optionnelle : aucune 

Diamètre de braquage : 11,1 m

Freins : à disque aux quatre roues

Pneus : 265/35ZR20 avant; 325/30ZR20 arrière

Capacité du réservoir : 64 litres

Essence recommandée : super