L'usine Smart en Moselle, avec une production stable, l'absence de chômage partiel et le lancement récent d'un modèle électrique, fait figure d'exception dans un paysage automobile français déprimé.

Le site de Hambach, surnommé «Smartville», est le seul dans le monde à produire la petite citadine deux places, propriété du constructeur allemand Daimler qui détient aussi Mercedes-Benz.

Il alimente une cinquantaine de pays, au premier chef desquels l'Allemagne, l'Italie, la Chine, les États-Unis et la France et fait travailler 1475 personnes dont 750 salariés de Smart.

L'an dernier, 103 000 véhicules sont sortis de la ligne de production, un chiffre qui devrait tourner autour de 100 000 cette année et sans devoir chômer.

On est loin du maximum de 140 000 unités atteint en 2008 mais Smart compte sur la version électrique de sa biplace, produite depuis juin, soit une première en Europe selon la marque. 2000 exemplaires seront assemblés cette année et l'objectif est d'au moins 10 000 par an à partir de 2014.

Cette situation contraste avec celle de PSA Peugeot Citroën et de Renault, qui ont vu leur production dans l'Hexagone chuter respectivement de 10,8% et de 18,2% sur les neuf premiers mois de l'année.

PSA a en conséquence décidé de fermer son usine d'Aulnay, en région parisienne, et multiplie les jours chômés, comme Renault qui est en pleines négociations salariales pour améliorer la compétitivité de ses usines en France.

Mardi, la direction de PSA a dévoilé aux syndicats qu'au total 11 214 suppressions de postes étaient envisagées entre mai 2012 et mi-2014.

La situation de l'usine Smart, comme celle de l'autre constructeur étranger présent en France, Toyota, n'a toutefois rien à voir avec celle des groupes nationaux, relève Bertrand Rakoto, analyste chez Polk.

Organisation industrielle très particulière

Sa création ne date que de 1997 et «avoir une usine récente permet de créer une nouvelle organisation du travail, avec une productivité plus élevée et souvent une présence syndicale moins forte», estime-t-il. Sans parler des subventions publiques qu'avait reçu Smart pour son implantation.

Le site d'Hambach profite encore d'une organisation industrielle très particulière. «Nous sommes un parc industriel automobile», explique son directeur Joachim Betker.

Contrairement à une usine classique où le constructeur assemble des pièces expédiées par ses sous-traitants, les fournisseurs (comme ThyssenKrupp, Continental, Magna, etc), présents sur place, apportent ici directement leurs modules sur la chaîne d'assemblage en forme de croix, ce qui permet de réduire les coûts de transport et de logistique.

La marque compte aussi sur l'alliance conclue entre Renault, le japonais Nissan et sa maison mère, pour réaliser de nouvelles économies.

Elle va se traduire par le partage d'une plateforme pour fabriquer la nouvelle génération de la Smart à Hambach, plus une version quatre places et la Twingo de Renault à Novo Mesto, en Slovénie.

Quant à la question du coût du travail, pointé du doigt par le patron de PSA, Philippe Varin, comme un obstacle à la compétitivité des entreprises, elle ne semble pas affoler la marque allemande.

«Chaque pays doit rester compétitif par rapport à ses coûts du travail, c'est vrai pour la France comme pour les autres», commente prudemment Annette Winkler, directrice de la division Smart.

Cette dernière peut se targuer de diriger une marque à présent rentable. Smart ne publie pas de résultats financiers à part mais «nous contribuons positivement aux résultats de Mercedes-Benz», a-t-elle assuré à l'AFP, sans donner de chiffres.

Smart revient pourtant de loin puisque sa perte cumulée entre 1998 et le milieu des années 2000, estimée à près de 3 milliards d'euros par les analystes, avait alimenté à plusieurs reprises des rumeurs de cession. Une hypothèse enterrée par Daimler, qui vient de réinvestir 200 millions d'euros à Hambach.