À l'origine, la Smart devait être une citadine bon marché, écologique et susceptible de reconquérir un marché de masse. Le pari était osé, et force est de reconnaître aujourd'hui que le cahier de charges initial n'a pas été pleinement respecté. Hélas, on dira sans doute aussi de cette nouvelle mouture qu'elle est marginale et chère.

Il existe un réel débouché pour la ForTwo de Smart dans de nombreuses agglomérations du monde. Agile, facile à garer, ce biplace constitue une proposition tout à fait pertinente devant l'évolution de ces villes qui cherchent à réduire la place occupée par l'automobile. Hélas, son faible encombrement est inversement proportionnel au prix qu'il commande.

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Le prix, le prix, le prix...

Le prix. Voilà bien le problème de cette Smart. Comment le défendre devant des autos plus encombrantes qu'elle, certes, mais autrement plus fonctionnelles (quatre places et un vrai coffre) et, surtout, proposées à des prix inférieurs ?

De son vivant, Nicolas Hayek, inventeur des montres Swatch et père spirituel de la Smart (voir notre encadré ci-dessous), a lui-même dû se rendre à l'évidence qu'il était impossible de resserrer davantage les prix.

D'autant plus vrai que le groupe automobile Daimler, auquel est associée la marque Smart, jure qu'il ne dégage aucun profit de cette association. 

Que des pertes ! Comme bien d'autres constructeurs avant lui, Mercedes reconnaît à son tour que les petites voitures bon marché sont devenues trop chères à construire.

Pour assurer la pérennité de Smart, Mercedes a exclu, cette fois, de se lancer seule dans la réalisation d'une nouvelle mouture. Forte d'un partenariat technique et industriel conclu en 2010 avec l'alliance Renault-Nissan, la marque allemande compte sur cette synergie pour abaisser le coût de revient de la Smart et engranger des profits. Né sous le nom de code Edison, ce projet était destiné à remplacer à la fois la ForTwo et la Twingo (Renault).

Échange de bons procédés : Mercedes dépose (ou est-ce plutôt impose ?) une architecture à moteur et à roues motrices arrière, tandis que Renault apporte sa compétence en matière de petites voitures et, surtout, sa masse critique. Entre ces deux modèles, 60 % des pièces sont communes, ce qui devrait assurer la profitabilité de ces autos.

Pour couper dans ses pertes avec la Smart, Daimler tente de partager les coûts de la plateforme avec Renault.

Toujours aussi petite

La ForTwo fait toujours moins de 3 m de longueur, mais adopte une physionomie qui l'apparente aujourd'hui plus à une auto qu'à un jouet. Du moins dans sa partie avant, comme en font foi son capot plus proéminent (pour satisfaire aux normes de protection des piétons) et sa calandre plus charnue.

En dépit de retouches esthétiques, la Smart ForTwo demeure la même avec ses panneaux de carrosserie bicolores, son hayon à double ouverture (la lunette se soulève indépendamment du battant) et ses larges portières qui annihilent les prouesses de cette Smart à se glisser dans les espaces de stationnement les plus étroits. On trouvera également à redire sur l'absence de protections latérales sur une auto qui s'adresse si ouvertement à une clientèle urbaine.

Si elle n'est pas plus longue, la ForTwo est néanmoins plus large que le modèle qu'elle remplace. Cela profite naturellement aux deux occupants et aux bagages, mais aussi à la tenue de route puisque les voies (avant et arrière) ont également prospéré. La monte pneumatique, elle, demeure asymétrique, avec des pneus plus larges à l'arrière qu'à l'avant.





Elle a gardé ses panneaux bicolores.

Drôle de compte-tours, bloc d'instruments efficace

À l'intérieur, le drôle de compte-tours vissé au sommet du tableau de bord amuse l'oeil, mais seulement à l'arrêt. En roulant, on ne le consulte à peu près jamais en raison de son positionnement trop décalé.

Plus facile à consulter, le bloc d'instrumentation intègre le nécessaire dans un écrin épuré à la manière des produits informatiques d'Apple.

Il en va de même pour les commandes de la radio et de la climatisation, faciles à interpréter et à manipuler.

Ce traitement coloré ajoute un brin de fantaisie à l'ensemble. Vous préférez le chic ? La ForTwo peut également se mettre sur son trente-et-un et va jusqu'à proposer une sellerie de cuir et un toit panoramique (fixe). Preuve qu'il ne faut pas prendre cette Smart pour un joujou.

Les sièges auxquels peuvent se greffer des éléments chauffants procurent un confort acceptable pour peu que le trajet ne soit pas trop long. Le dégagement à bord est pour le moins exceptionnel (étant donné la taille de l'auto), y compris pour les personnes de grande ou de forte taille.

La finition est correcte, sans plus, vu le prix demandé. D'autres constructeurs proposent des produits plus valorisants, voire mieux équipés, à ce prix.

Quant au coffre, il est, disons, plutôt petit, mais largement suffisant pour étaler cinq sacs d'épicerie sans que ceux-ci ne s'entrechoquent.

Le bloc d'instrumentation --épuré à la manière Apple-- est facile à interpréter et à manipuler.

Il y a un étui universel pour téléphone intelligent.

La boîte automatique ne donne plus le mal de mer

Le très faible diamètre de braquage, voilà la première chose qui fait sourire au volant de la Smart.

Celui-ci est si court que l'auto donne l'impression --à peine exagérée-- qu'elle tourne sur elle-même.

La seconde, mais il faut pour en juger débourser une somme additionnelle, touche la nouvelle boîte automatique à double embrayage. Celle-ci, contrairement à l'ancienne, ne balance plus les occupants du véhicule comme s'ils se trouvaient assis sur une chaise berçante lors des changements de rapport (il y en a six). 

Sans être un modèle de douceur pour autant, cette transmission assure des passages plus fluides que par le passé.

Cette boîte représente sans doute l'option à privilégier à la manuelle à cinq rapports offerte de série.

Der neue smart fortwo 2014: Bodypanels in midnight blue (metallic), tridion Sicherheitszelle in white ;The new smart fortwo 2014: Bodypanels in midnight blue (metallic), tridion safety cell in white;

Dispositif de stabilisation au vent latéral

La Smart se conduit sans peine et ne craint pas les trajets autoroutiers pour autant.

Plus stable en raison de ses voies élargies, la ForTwo compte également --de série-- sur un dispositif de stabilisation au vent latéral. Ce dernier, inauguré sur les fourgons Sprinter, vise à corriger, à l'aide des capteurs liés au correcteur de stabilité électronique, la trajectoire par grands vents en appliquant au besoin le freinage sur une ou plusieurs roues.

À noter que cette aide à la conduite entre en action seulement lorsque le véhicule circule à plus de 80 km/h en ligne droite. Sa garde au sol élevée et son moteur juché au-dessus des roues motrices permettent de ne pas avoir à trop appréhender l'hiver au volant de cette voiture. Il suffit de déneiger (ou d'apprendre) quelques notions propres à la conduite d'une propulsion à moteur arrière.

Plus stable, cette Smart soigne mieux le confort de ses deux occupants.

Le stabilisateur ne se met en marche qu'à partir de 80 km/h.

Les éléments suspenseurs font preuve d'une plus grande souplesse, pour peu que l'on évite les terribles nids-de-poule qui percent les rues de Montréal.

Un peu bruyant mais volontaire, le petit trois-cylindres suralimenté de 89 ch a du tonus à revendre et procure une grande souplesse à cette auto. Surtout en ville. En revanche, sa consommation est décevante et en aucun temps il n'a été possible de s'approcher des consommations annoncées par le constructeur. Loin de là. Encore une fois, certaines autos moins chères et plus aérodynamiques font tout aussi bien. À cela, il faut ajouter que la Smart carbure au super.

À plusieurs égards, la ForTwo n'en donne pas pour ses sous et se laisse aisément enfermer dans l'archétype réducteur de la petite voiture urbaine. Elle se verrait bien devenir la coqueluche de la nouvelle génération, mais celle-ci risque de trouver la facture salée. Dommage qu'une partie des économies réalisées par ses concepteurs n'ait pas été remise aux consommateurs.

Daimler AG

Le petit 3-cylindres de 89 ch. a beaucoup de punch.

Le rêve brisé de l'inventeur de la Swatch

Avant de connaître les joies de la production en série, elle se faisait appeler la Swatchmobile. En effet, l'idée originale de ce concept de microvoiture est née de l'imagination de Nicolas Hayek, inventeur de la montre Swatch.

Contrairement à Elon Musk (actuel PDG de Tesla), Hasek n'a jamais été en mesure de concrétiser ce rêve d'« une citadine peu chère, écologique et technologiquement avancée » sans l'apport d'un grand constructeur.

Plusieurs ont été sollicités (Renault et Volkswagen, notamment) pour donner forme à ce projet, mais seul Mercedes a répondu présent en créant, en partenariat avec l'horloger suisse, la société Micro Compact Car (MCC). Ainsi est née la Smart (S pour Swatch, M pour Mercedes et Art) qui prendra naissance dans une usine d'assemblage française. Du concept original, il est peu resté.

Nicolas Hayek tenait mordicus à une auto financièrement abordable et ne manquait jamais l'occasion de menacer son partenaire automobile de se retirer si cette condition n'était pas respectée. Il a fini par passer à l'acte, mais caressait toujours l'espoir avant sa mort, en 2010, de refaire la « Swatchmobile », ne serait-ce que pour agacer les grands de l'automobile.

Nicolas Hayek à bord d'une Smart ForTwo. Photo: Swatch

Trois fleurs, trois tomates

ON AIME 

Se balader à son volant au centre-ville 

Ne plus avoir le sentiment de se sentir assis sur une chaise berçante 

Passer plus de temps à son bord 

ON AIME MOINS 

Le fait de retrouver la ville dans le rétroviseur 

Le prix exigé 

La consommation plus importante qu'elle ne paraît

Fiche technique

L'ESSENTIEL 

Marque/Modèle : Smart ForTwo Coupé

Fourchette de prix : 17 300 à 20 900 $

Transport et préparation : 1295 $

Garantie de base : 4 ans/80 000 km

Consommation obtenue : 6,3 L/100 km



TECHNIQUE 


Moteur :  L3 0,9 L turbo

Puissance : 89 ch à 5500 tr/min

Couple : 100 lb-pi à 2500 tr/min

Poids : 940 kg

Rapport poids/puissance : 10,5 kg/ch

Transmission (série) : Manuelle cinq rapports

Transmission (option) : Automatique six rapports

Mode : Propulsion

Diamètre de braquage : 6,95 m

Freins av.-arr. : Disque/Tambour

Pneus av.-arr. : 165/65R15-205/45R16

Essence recommandée : Super