Subaru fait de bonnes voitures à traction intégrale, fiables et sûres, avec lesquelles on ne reste pas pris l'hiver. C'est sa réputation. Mais la plupart des Subaru ont un look quelconque.

Malgré leur apparence banale, les qualités des Subaru ont donné à la compagnie une clientèle fidèle et une part de marché en croissance, qui atteint déjà 3% au Québec et devrait atteindre 2% dans l'ensemble du pays à la fin de 2013, selon Subaru Canada.

Le nouveau Crosstrek XV, récemment essayé par La Presse, est un des moyens par lesquels Subaru Canada espère poursuivre sa croissance au Canada. C'est essentiellement une Impreza surélevée, mais dès le premier coup d'oeil, elle est certainement la voiture la plus jolie produite par le constructeur japonais depuis longtemps.

Évidemment, tout cela est subjectif. Mais relever la garde au sol à 22 cm, mettre des roues en alliage de 17 pouces et poser des appliqués au dessus des roues et sur le bas de caisse suffit à donner au Crosstrek une gueule et une personnalité qui fait défaut à l'Impreza.

C'est une recette qui a déjà très bien fonctionné avec l'ancienne Legacy de l'année-modèle 1995 à 2009. Subaru lui avait fait le même traitement pour en faire une familiale pseudo-VUS baptisée Outback, avec le succès que l'on sait auprès des familles.

Cette fois, la Crosstrek s'adresse surtout aux jeunes urbains actifs qui auraient acheté une Jeep ou un VUS à l'époque faste où l'essence était bon marché et les moteurs ridiculement énormes. Cette clientèle utilisera surtout le Crosstrek pour des expéditions aussi exigeantes qu'aller acheter un latte au Starbuck du quartier.

Mais Subaru l'a quand même rendu plus coriace qu'une Impreza ordinaire, en ajoutant des renforts au châssis. Les aides à la conduite comme l'antipatinage et le stabilisateur électronique ont aussi été réglés pour une conduite et des usages un peu plus durs.

On ne peut pas envahir l'Irak ou le Vietnam avec un Crosstrek, mais on peut se rendre au chalet sur un chemin de terre vaseux. Ou hâler un bateau-moteur sur une remorque ne pesant pas plus de 680 kilos au total. Ou mettre un vélo de montagne avec un cadre de 36 pouces dans la soute (banquette arrière abaissée). Ou encore harnacher le barda de camping de 68 kg sur le support de toit.

La voiture ne se conduit pas toute seule, mais ses dispositifs électroniques en font une auto qui pardonne beaucoup à un conducteur tout à fait ordinaire comme l'auteur de ces lignes.

Le Crosstrek n'est pas un démon de la vitesse. Subaru l'a conçu comme véhicule à traction intégrale à consommation d'essence relativement basse. Il a le même moteur à plat (boxer, si vous préférez) de 2 litres et 148 chevaux que l'Impreza. Il est électroniquement bridé à 6600 tours/minute et il n'a pas de turbo. Comme le véhicule pèse 1425 kg avec transmission automatique (105 kg de plus que l'Impreza), il faut travailler le moteur à haut régime pour dépasser. Par surprenant que la voiture soit très populaire en version manuelle. D'ailleurs, cette version est équipée d'une boîte à cinq vitesses qui allège la voiture de 25 kg ainsi que la facture de 1300$ (à 24 500$ plus les frais et taxes en version de base).

Avec le Crosstrek, Subaru vise les couples sans enfant et les jeunes familles. Mais comme le relationniste Amyot Bachand le fait remarquer, les consommateurs se fichent de ces catégories et on peut très bien imaginer au volant d'une Crosstrek des retraités qui achètent une voiture plus petite maintenant que les enfants sont partis.