Aux dernières générations de Forester, on avait beaucoup reproché leur manque de style. On dira sans doute la même chose de cette quatrième génération qui donne l'impression d'avoir été dessinée il y a 10 ans. Mais cet anachronisme, dont on se demande s'il n'est pas savamment entretenu, ne nuit pas à la carrière de ce modèle.

Aux yeux de ses adeptes, du moins.

Elle n'est ni ronde ni carrée, ni orange ni citron, ni belle ni moche. Ses carénages sont musclés, mais son profil, dépourvu de dynamisme. Les yeux fermés, on a du mal à reconstituer mentalement les formes flottantes de cette carrosserie dont la constellation d'étoiles - hiéroglyphe de la marque -, fichée sur la calandre, nous apprend qu'il s'agit d'une Subaru. Les amateurs de ce modèle - et ils sont nombreux - se moqueront, bien entendu, de cette affirmation. Pourtant, esthétiquement, cette Forester est banale, même si les stylistes ne s'inspirent plus de la géométrie d'un char d'assaut ou d'une boîte à chaussures pour la dessiner. Le dessin de la partie arrière manque d'harmonie, mais le parechoc avant, avec ses ouvertures factices, donne un peu de caractère à l'ensemble pour peu que l'on s'attarde à le détailler.

Heureusement, on ne saurait résumer la Forester à ses tièdes atours. Rallongée de 35 centimètres, la Forester atteint 4,59 mètres et ne cherche même pas à user d'artifices pour paraître plus courte ou pour affiner sa silhouette. Subaru a seulement arrondi les angles, adouci les lignes et rendu cet utilitaire plus trapu que son prédécesseur. Et tout le monde en profite. Les occupants des places arrière surtout. Ceux-ci s'introduisent et s'extirpent plus aisément de leur siège grâce à des portières plus longues et bénéficient également d'un dégagement accru pour leurs jambes, gracieuseté d'un empattement revu à la hausse, lui aussi. Contrairement à bon nombre de ses concurrentes, la Forester comporte un plancher plat - pas de vilaine bosse -, ce qui permet d'inviter une troisième personne derrière sans craindre de l'entendre se lamenter au bout de cinq kilomètres...

L'intérieur vaut mieux que l'extérieur. L'habitacle fait moins vieux jeu et plus ergonomique - sauf les touches de la radio, toujours trop petites - que par le passé, avec des matériaux plus clairs et agréables à toucher, et les nombreux rangements qui donnent envie de lancer une chasse au trésor. La position de conduite légèrement plus haute aujourd'hui est rassurante et non seulement permet de jouir d'une large visibilité, mais ajoute aussi au sentiment de grands espaces.

Offerte à partir de 25 995$, la Forester peut aisément atteindre les 40 000$ en optant pour la version XT Limited, Cette dernière se démarque des autres par la greffe d'une mécanique suralimentée par turbocompresseur et d'une sécurité active plus sophistiquée. À ce sujet, on citera le régulateur de vitesse intelligent capable de maintenir la distance avec le véhicule qui précède ou encore de ralentir à l'approche imminente d'un impact. On retrouve aussi des capteurs qui veillent sur les angles morts et préviennent le conducteur par un signal lumineux. Il y a aussi un témoin de changement de voie qui vous rappelle, si vous n'actionnez pas les clignotants, que vous changez de cap. Le prix exigé par Subaru pour ces «anges gardiens» mérite une sérieuse réflexion en famille et avec son banquier. C'est cher. À quand la sécurité pour tous?

Placide, mais encore

Proche de l'Impreza, dont elle hérite de la plateforme, la nouvelle Forester cache encore une fois bien son jeu. Surtout la version animée du quatre cylindres 2 litres suralimenté par turbocompresseur (XT). Capable de produire 250 chevaux et autant de couple - pour peu que vous l'alimentiez en essence super -, ce moteur n'a aucun mal à mouvoir cette Subaru et ses occupants.

On ne peut en dire autant du 2,5 litres qui équipe les modèles les moins coûteux. En dépit de son rendement sans histoire, cette motorisation manque de pédale ou de caractère, c'est selon. Bien entendu, là n'est pas l'unique problème. La Forester figure au nombre des plus lourdes de sa catégorie, mais aussi parmi les rares à confier à une boîte à variation continue (CVT) le soin d'entraîner ses roues motrices. Même si elle est moins détestable que celle que l'on retrouve à bord, par exemple, des actuelles Jeep Compass et Patriot, c'est une CVT quand même et, par conséquent, elle donne cette fausse impression que le moteur tourne dans le vide. La manuelle, offerte de série, représente une solution de rechange, mais sa commande est lente et imprécise. Entre deux maux, on choisit le moindre, alors allons-y pour la version à trois pédales.

Les consommateurs qui reluquent la XT et son 2 litres turbo n'ont pas ce privilège. Subaru leur colle ipso facto la boîte CVT, non sans y avoir apporté certains changements. D'une part, elle est plus costaude pour encaisser la force de couple supplémentaire générée par ce moteur et, d'autre part, elle comporte 8 rapports préprogrammés (Si-Drive) pour peu qu'on les sélectionne manuellement par les palettes montées au volant. Au final, dans cette configuration, elle n'est pas mal. Pour une CVT, s'entend...

La Forester est conçue autour d'un centre de gravité très bas. Elle rassure sur le mouillé et devient carrément amusante à conduire sur la neige. Sur le sec, c'est une autre histoire. Ses pneumatiques manquent d'adhérence et sa direction, désormais à assistance électrique, offre peu de ressenti. Ses suspensions prévenantes procurent un confort étonnant, mais l'envers de la médaille, elles ouvrent la porte à une prise de roulis dans les virages. Moins athlétique qu'une CX-5, qu'une Escape, voire qu'une RAV4, la Forester lisse cependant avec plus de succès les inégalités de la chaussée.

Enfin, la performance de son rouage intégral et sa garde au sol plus élevée en font un véritable tout-chemin, comparativement à ses rivales dont les prouesses se limitent souvent à escalader les trottoirs et les ralentisseurs. De plus, à l'usage exclusif des modèles haut de gamme (encore), on retrouve la fonction X-mode qui décuple les interventions des aides à la conduite et le modus operandi du groupe propulseur.

Paradoxe sur roues, la Forester ne manquera pas de plaire à ses - nombreux - adeptes. Toutefois, sa nature un peu introvertie risque d'inciter les non-initiés à lui préférer des concurrentes aux carrosseries tressées de nervures délicates et de courbures aguichantes. Dommage, vous pourriez passer à côté de quelque chose.

L'essentiel

> Marque/Modèle : Subaru Forester

> Fourchette de prix : 25 995 $ à 37 995 $

> Frais de transport et préparation : 1 650 $

> Version essayée : 2.0 XT

> Garantie de base : 3 ans / 60 000 km

> Consommation obtenue lors de l'essai : 10,2 L/100 km

> Visible dans les concessions : Maintenant

> Pour en savoir plus : www.subaru.ca

Technique

> Moteur : H4 DACT 2 litres Turbo

> Puissance : 250 ch à 5 600 tr/min

> Couple : 250 lb-pi entre 2 000 et 4 800 tr/min

> Poids : 1642 kg

> Rapport poids-puissance : 6,6 kg/ch

> Mode : Transmission intégrale 

> Transmission de série : Automatique CVT

> Transmission optionnelle : Aucune

> Direction/Diamètre de braquage (m) : Crémaillère / 10,6

> Freins av-arr : Disque/Disque

> Pneus (av-arr) : 225/55R18

> Capacité du réservoir/Essence recommandée : 60 litres/Super

On aime

> Confort de roulement

> Visibilité périphérique

> Habitacle plus spacieux

On aime moins

> Direction lente

> Les prix pratiqués pour les petites douceurs

> Mouvements de caisse