Un jour après avoir envoyé dans l'espace sa Roadster, une voiture sportive, Tesla est redescendu sur terre mercredi en annonçant maintenir les objectifs de production de sa berline compacte Modèle 3, dont les retards de livraisons inquiètent les marchés.

Vendu 35 000 $ US et dont le carnet de commandes est plein, le Modèle 3 est censé transformer Tesla en constructeur de masse avec un objectif de 500 000 voitures fabriquées en tout cette année, contre un peu plus de 100 000 l'an dernier.

Sa production connaît des problèmes de «goulots d'étranglement» depuis plusieurs mois, ce qui a obligé Tesla à repousser à plusieurs fois ses objectifs de départ allant jusqu'à frustrer même ses plus ardents défenseurs.

Il n'en a livré que 1550 au quatrième trimestre, contre 4100 exemplaires anticipés par les experts.

Mercredi, le groupe du flamboyant Elon Musk a confirmé le calendrier révisé début janvier et réitéré qu'il allait bel et bien produire 5000 exemplaires de la Model 3 par semaine à la fin du deuxième trimestre et 2500 par semaine lors du trimestre en cours.

Le constructeur de véhicules électriques s'est même voulu optimiste en laissant entendre que l'objectif initial de 10 000 unités par mois n'était pas hors de portée à moyen terme.

«Nous avons l'intention d'ajouter suffisamment de capacités pour atteindre le taux de 10 000 unités par semaine de Model 3 (produits) une fois que nous aurons franchi le seuil des 5000 par semaine», avance Tesla.

«Ce que nous pouvons dire avec confiance est que nous prenons des mesures pour résoudre les problèmes de goulots d'étranglement que nous avons rencontrés». Le groupe a expliqué ajouter «des capacités supplémentaires où c'est nécessaire comme au niveau des lignes de modules de batteries». «Ces actions devraient résulter en une hausse significative de notre taux de production sur le reste du premier trimestre et tout au long du deuxième», assure encore le constructeur.

Les espoirs reposant sur le Modèle 3 ont alimenté l'euphorie boursière autour de Tesla ces derniers mois, permettant même au groupe de Palo Alto (Californie) de contester avec panache à General Motors (GM) la place de premier groupe automobile américain par capitalisation boursière.

À Wall Street, le titre gagnait 0,26% à 345,90 dollars vers 17 h 30 dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance.

Moins d'argent dépensé

Si le constructeur de véhicules électriques a essuyé la plus grosse perte trimestrielle de son histoire au quatrième trimestre, il a toutefois dépensé beaucoup moins d'argent que ne redoutaient les milieux financiers.

Les flux de trésorerie présentaient un bilan négatif de 276,8 millions de dollars, moins qu'au quatrième trimestre 2016 et nettement moins que les prévisions des marchés financiers, et ce alors même que Tesla fourmille de projets.

Il doit démarrer en 2020 la production d'un camion-remorque électrique dont il devrait construire également le réseau de stations de rechargement; lancer un petit VUS urbain et une nouvelle version de la sportive Roadster et ouvrir une usine en Chine, premier marché automobile mondial.

Tesla, qui a reçu des avances de 1000 $ US par Modéle 3 réservé et a commencé à en recueillir pour le camion, avait en mains par ailleurs, à la fin du trimestre, quelque 3,4 milliards de dollars en argent liquide, soit 100 millions seulement en moins comparé à la fin du troisième. Les analystes tablaient sur 2,5 milliards et craignaient en conséquence que le constructeur ne soit contraint de lever encore à court terme des fonds auprès des marchés via une nouvelle émission obligataire.

Côté résultats, le groupe a essuyé une perte nette trimestrielle de 675,4 millions de dollars, un record. Mais rapporté par action et hors éléments exceptionnels elle ne ressort qu'à 3,04 dollars contre 3,12 dollars attendus en moyenne par les marchés.

Sur l'année, le déficit est de 1,96 milliard de dollars, contre une perte nette de 674 millions en 2016

Le chiffre d'affaires trimestriel a progressé de 44% à 3,3 milliards de dollars à cause d'un bon de 35% de ses livraisons de véhicules, et de 68% à 11,76 milliards pour l'année.