Le puissant syndicat Travailleurs unis de l'automobile (UAW) a annoncé jeudi avoir saisi les autorités pour dénoncer un tweet d'Elon Musk qui menacerait les avantages sociaux des employés du constructeur de véhicules électriques.

«Rien n'empêche les équipes de Tesla de notre usine de production de véhicules de voter en faveur de l'implantation d'un syndicat. Pourraient le faire demain si elles le voulaient. Mais pourquoi verser une cotisation à un syndicat et renoncer à des options d'actions pour rien. Notre historique en termes de sécurité est deux fois meilleur que quand l'UAW est implanté dans une usine et (en plus) tout le monde a déjà une assurance santé», a écrit dimanche, sur son compte Twitter, M. Musk.

Le dirigeant répondait à une question d'un internaute sur les syndicats, notamment l'UAW (United Auto Workers) qui essaie de s'implanter dans l'usine Tesla de Fremont en Californie depuis plusieurs mois.

Des menaces, dit l'UAW

Pour Dennis Williams, le président de l'UAW, le tweet d'Elon Musk s'apparente à des menaces à peine voilées envers les salariés qui seraient tentés de se syndiquer. En gros, il «menace de reprendre les options qui leur ont été attribués s'ils s'engagent dans une activité syndicale».

Par conséquent, l'UAW a décidé de déposer une plainte devant le Conseil national des relations de travail (NLRB), une agence publique censée s'assurer que le droit du travail est bien appliqué.

Les options d'achat d'actions sont utilisées par certaines entreprises cotées en Bourse souhaitant créer un intéressement à long terme de leur personnel. Elles sont post-datées et généralement exerçables seulement si l'action atteint ou se maintient à un certain prix. Les employés ont intérêt à ce que la compagnie prospère et à ce que l'action monte.

Contacté par l'AFP, un porte-parole de Tesla a indiqué que le tweet met en avant le fait que les membres de l'UAW doivent verser une cotisation au syndicat.

«Le tweet d'Elon est simplement une reconnaissance du fait que contrairement à Tesla aucun autre constructeur automobile où est implanté l'UAW n'attribue des options aux salariés des unités de production et les responsables de l'UAW ont toujours refusé d'admettre cette valeur de notre programme de rémunération», a déclaré le porte-parole.

L'UAW et Elon Musk sont à couteaux tirés depuis plusieurs mois, en raison des tentatives du syndicat d'ouvrir une section syndicale dans son usine face à l'accélération des cadences de travail pour produire le nouveau Modèle 3.

UAW accuse également Tesla d'avoir limogé des salariés pour leurs sympathies syndicales et avait saisi en octobre dernier le NLRB. Tesla conteste ces accusations.

La Pravda d'Elon Musk

Elon Musk est impliqué dans une série de polémiques depuis plusieurs jours.

Après s'en être pris à des analystes financiers, l'entrepreneur s'est attaqué cette semaine aux médias dont il dénonce la couverture de son groupe.

Il a dans la foulée indiqué vouloir développer une plateforme de notation des journalistes baptisée «Pravda».

«Je vais créer un site sur lequel le public pourra évaluer la véracité de n'importe quel article et établir un score de crédibilité pour chaque journaliste, éditeur ou publication», a-t-il tweeté mercredi.

M. Musk a notamment lancé un sondage sur son compte Twitter dans lequel il demande à ses abonnés de voter pour ou contre la création de ce système.

Elon Musk n'a pas apprécié les articles de presse relatant les difficultés de production du Modèle 3, le véhicule d'entrée de gamme censé faire de Tesla un producteur de masse, et interrogeant sur la capacité du groupe à honorer ses futures échéances. Il s'est aussi emporté sur Twitter contre les médias qui couvrent les enquêtes portant sur les batteries Tesla qui prennent feu et les Tesla qui ont des accidents alors qu'elles roulent sur Autopilot.

Plusieurs personnes sont mortes ou ont été blessées dans de tels accidents récemment.