Les finances de Tesla attiraient à nouveau l'attention des investisseurs lundi après la publication d'un article révélant que le constructeur a demandé à des fournisseurs des ristournes sur des contrats déjà signés.

Le quotidien Wall Street Journal avait, sur la base d'une note interne du groupe, affirmé dimanche que le constructeur automobile avait demandé à certains de ses fournisseurs des rabais sur des contrats en cours, faisant chuter son titre de 3,31% à la Bourse Nasdaq lundi.

La chute se poursuivait ce matin, l'action passant sous la barre des 300 $. L'action se négociait à 296,68 $ en baisse de 2,15 % (6,52 $) vers 11 h 20.

Recherche d'économies à long terme

Tesla a confirmé hier avoir fait de telles demandes à «un peu moins d'une dizaine de fournisseurs».

Tesla essaie de devenir rentable cette année mais peine à régler les problèmes entravant la production de son dernier modèle de véhicule électrique, la berline Modèle 3. Lancée il y a 15 ans, la compagnie californienne a inscrit seulement deux profits trimestriels.

«La négociation est une composante habituelle du processus d'achat et maintenant que nous sommes dans une meilleure position avec la montée en cadence de la production du Modèle 3, c'est le bon moment pour améliorer notre avantage compétitif en la matière», a souligné un porte-parole du groupe lundi dans un message transmis à l'AFP.

«On cherche à parvenir à des coûts plus viables sur le long terme, pas juste à décrocher des rabais pour ce trimestre», a-t-il ajouté.

«Tout changement» dans les contrats passés avec les fournisseurs avec lesquels le groupe a engagé des négociations pour des dépenses relatives à des projets engagés en 2016 «améliorerait notre trésorerie à l'avenir mais n'aurait pas d'effet sur notre capacité à être rentable au 3e trimestre», a aussi assuré le porte-parole.

Dimanche, jour où le Wall Street Journal a publié l'article sur Tesla, Elon Musk participait à la SpaceX Hyperloop Pod Competition, à Hawthorne, en Californie. Photo AFP

Tesla sous pression

Tesla est depuis plusieurs mois sous pression des marchés financiers car son Modèle 3, censé faire entrer le constructeur dans la production de masse, a connu d'importants retards de production.

La trésorerie du groupe est restée dans le rouge au premier trimestre, présentant un déficit d'un milliard de dollars. Les résultats du deuxième trimestre doivent être publiés le 1er août.

Citant des experts du secteur, le Wall Street Journal relevait dimanche que si les demandes de baisse de prix lors de programme de développement ne sont pas inhabituelles, une telle requête pour des contrats passés est, elle, plutôt surprenante.

«Je n'ai jamais entendu ça auparavant et je suis cette industrie depuis 20 ans. On dirait quelque chose qu'on fait quand ça va mal.»

-- Efraim Levy, analyste boursier chez CFRA. 

Selon Itay Michaeli, analyste chez Citi Investment Research, les constructeurs demandent parfois des escomptes à leurs fournisseurs, mais ce sont des enjeux relativement mineurs.

Plus sérieux

C'est plus sérieux si la compagnie a besoin de liquidités pour continuer à fonctionner, dit M. Michaeli. Il note que les investeurs risquent d'être préoccupés si Tesla doit avoir recours à des actions inhabituelles pour redresser ses finances. 

Tesla avait 2,7 milliards en banque à la fin du premier trimestre et nombre d'experts pensent qu'elle devra trouver de l'argent bientôt, peut-être en vendant de nouvelles actions, ce qui ferait baisser leur valeur.

Le PDG et principal actionnnaire Elon Musk a promis la rentabilité dès la seconde moitié de 2018; des analystes croient que la demande de ristournes fait partie de cet effort. Mais ils ajoutent que si Tesla en est rendue à tels extrêmes, cela pourrait avoir des effets néfastes. «Si des entrées financières non récurrentes aident Tesla à atteindre la rentabilité, on pense que le marché considèrera ça comme non-viable», a dit Jamie Albertine, analyste du secteur automobile chez Consumer Edge.