Alors que GM affirme fermer cinq usines pour se concentrer sur les voitures électriques et autonomes, Tesla se dit intéressé à en reprendre au moins une.

Le PDG de Tesla Elon Musk a fait cette déclaration à l'émission d'affaires publiques américaine 60 Minutes, à la chaîne CBS. «C'est possible qu'on soit intéressé. S'ils vendaient une usine, ou ne l'utilisaient pas, on pourrait la reprendre», a dit M. Musk lors de l'entrevue diffusée hier soir.

GM a récemment annoncé son intention de fermer les usines d'assemblage d'Oshawa, en Ontario, de Lordstown, en Ohio, et de Détroit-Hamtramck, au Michigan. Deux usines de moteurs et de transmissions --qui n'intéresseraient probablement pas Tesla-seront également fermées aux États-Unis.

L'usine la plus susceptible d'intéresser Tesla pourrait être celle de Détroit-Hamtramck, une usine de taille moyenne qui assemble notamment la Chevrolet Volt, une voiture à moteur électrique (dont la batterie peut-être rechargée par une génératrice à essence). Cette usine assemble des voitures de tailles comparables au Modèle 3, que Tesla est incapable de produire assez pour satisfaire à la demande.

Environ 14 000 personnes risquent de perdre leurs emplois, quoi qu'un certain nombre d'entre eux pourraient être transférés dans d'autres usines. GM a aussi annoncé qu'elle fermera deux usines encore non identifies ailleurs dans le monde. 

Le scénario évoqué par Musk ne serait pas une première, puisque l'usine de Tesla à Fremont, en Californie, est l'ancienne usine NUMMI bâtie par GM en 1962 et co-exploitée par GM et Toyota de 1984 à 2010. Tesla l'a reprise la même année, quelques mois plus tard.

Par contre, l'implantation d'une usine non syndiquée Tesla au Michigan ou en Ohio pose problème et il est possible que M. Musk ait évoqué ce scénario en partie pour mettre dans l'embarras le syndicat des Travailleurs unis de l'automobile (UAW), avec qui Tesla a de très mauvais rapports. Les UAW, qui représentent les usines américaines vouées à la fermeture vers la fin de 2019, ont mené une vigoureuse campagne de syndicalisation de l'usine Tesla, jusqu'à présent sans succès.

Les UAW exigeraient certainement le maintien de l'accréditation syndicale si Tesla donnait suite à son intention de s'installer à Lordstown ou Hamtramck. à l'installation de Tesla dans une usine actuellement syndiquée.

L'usine canadienne est représentée par le syndicat Unifor (qui s'appelait autrefois Travailleurs canadiens de l'automobile).

Photo Paul Sancya, AP

La chaîne de montage de la voiture à moteur électrique Chevrolet Volt à l'usine GM de Détroit-Hamtramck, au Michigan, qui doit fermer ses portes en 2019. Photo AP

Le Modèle 3 à 35 000 $ US dans 6 mois

Le sujet est venu sur la table avec la mention des ambitions électriques affichées par GM, en autres. M. Musk a indiqué accueillir favorablement cette nouvelle la concurrence, «puisque le but de Tesla est d'accélérer la transition électrique», qui combat la pollution, «un des défis les plus grands de l'humanité», a dit Musk.

Il a rappelé qu'il a mis dans le domaine public les brevets électriques de Tesla : «Si quelqu'un réussit à faire une meilleure auto électrique et qu'on fait faillite, c'est quand même un bonne chose pour l'humanité», a-t-il dit. 

Il a ajouté que la version «bon marché» du Modèle 3 devrait être disponible dans environ 6 mois. Musk avait promis en 2016 une version du Modèle 3 à 35 000 $ US (45 000 dollars canadiens), un soit un prix plus raisonnable que les Modèle S et Modéle X réservés aux gens très à l'aise. 

À l'heure actuelle, Tesla produit seulement des Modèle 3 dans les livrées coûtant jusqu'à 30 000 $ plus cher, pour maximiser ses revenus et s'approcher de la rentabilité exigée par les actionnaires. 

Confronté au fait que Tesla rate toujours ses dates de livraison, Musk a répondu que «la ponctualité n'est pas ma principale qualité. Je pense, euh, et bien, pourquoi les gens penseraient-ils, si j'ai été en retard pour tous les autres modèles, que je serais tout à coup à l'heure avec celui-là...»

Pour visionner un extrait de l'entrevue à 60 Minutes cliquez ici.  

Elon Musk. Photo Reuters