L'exode de dirigeants se poursuit chez Tesla : le directeur juridique s'en va deux mois seulement après son arrivée, a annoncé mercredi le constructeur de véhicules électriques.

Dane Butswinkas, qui avait été nommé en décembre pour aider le constructeur automobile à gérer les différents défis juridiques et judiciaires auxquels il est confronté depuis l'été dernier, retourne à son prestigieux cabinet d'avocats Williams & Connolly, selon une déclaration de Tesla à l'AFP par courriel.

Le départ de cet avocat chevronné est immédiat, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier. Il sera remplacé par Jonathan Chang, 40 ans, un de ses adjoints.

D'après la source proche du dossier, Dane Butswinkas, qui avait pris ses fonctions le 17 décembre, ne s'est jamais vraiment intégré à la culture d'entreprise de Tesla, co-fondé par le milliardaire et entrepreneur d'origine sud-africaine Elon Musk.

Considéré par de nombreux observateurs comme visionnaire, M. Musk est le visage de Tesla dont il a promis de faire un constructeur de véhicules électriques de masse avec le Model 3, une voiture vendue actuellement à 42 900 dollars au moins aux États-Unis et dont il est en train de baisser le prix face à la diminution progressive d'un crédit d'impôts fédéral.

Pas le premier départ rapide

M. Musk est quasiment l'homme à tout faire chez Tesla, une casquette multiple souvent source de tensions avec ses lieutenants.  

Le départ surprise de Dane Butswinkas intervient  moins d'un mois après celui de Deepak Ahuja, le directeur financier, et rappelle celui de Dave Morton parti quelques semaines seulement après son arrivée. M. Morton, embauché en septembre comme chef comptable, avait expliqué ne pas pouvoir supporter la pression et l'exposition médiatique entourant le groupe.

Tesla a vu partir une cinquantaine de talents en deux ans, dont des responsables des ressources humaines, des ventes, de l'ingénierie et de la communication.  

Observateurs et analystes attribuent ces nombreux départs à la personnalité du PDG Elon Musk, qui a par exemple pris de court les marchés en août dernier en indiquant sur son compte Twitter qu'il avait sécurisé le financement pour sortir Tesla de la Bourse de New York, une affirmation dont il n'a pas apporté la preuve.  

M. Butswinkas avait représenté Tesla devant la Securities and Exchange Commission lors du bras de fer que cette affirmation fausse avait provoqué. M. Musk et Tesla ont écopé d'une amende de 20 millions de dollars infligée par la SEC dans cette affaire.

« Je suis reconnaissant de l'opportunité qui m'a été donnée de travailler, lors des sept derniers mois, avec Elon (Musk) et Tesla, tout d'abord comme conseil extérieur et récemment comme directeur juridique. Je retourne chez moi à Washington et à mon cabinet Williams & Connolly », a déclaré M. Butswinkas, cité par Tesla, ajoutant qu'il devrait continuer à conseiller l'entreprise.

Une autre gaffe de Musk sur Twitter hier

Les déclarations de M. Musk, souvent sur le réseau social Twitter, sont un casse-tête juridique pour l'entreprise.

Le nouveau directeur juridique, d'ailleurs, arrive en poste au lendemain de propos de M. Musk qui pourraient lui valoir un rappel à l'ordre du gendarme des marchés.

Mardi soir, le dirigeant a en effet affirmé sur son compte Twitter que Tesla allait produire 500 000 voitures en 2019 alors que le groupe n'avait parlé jusqu'ici que d'environ 400 000 unités du fait de problèmes de production rencontrés par son Modèle 3.  

Quatre heures après ce tweet, M. Musk a tenté de rectifier le tir : « voulais dire que le taux de production annualisé à la fin de 2019 serait probablement d'environ 500 000 (unités), c'est-à-dire 10 000 voitures par semaine. Les livraisons pour cette année demeurent attendues à environ 400 000 » unités.

Photo : Williams & Connolly

Dane Butswinkas est retourné au cabinet d'avocats de Washington où Tesla l'avait recruté. Ça n'a pas l'air d'avoir surpris la direction de Williams & Connolly, sa photo et sa fiche professionnelle étaient déjà sur le site du cabinet ce matin.