Le géant japonais Toyota conçoit à court terme les voitures comme des «anges gardiens» technologiques afin de préserver des vies, avant le cap plus lointain de l'automobile autonome, selon la vision livrée à Tokyo par le PDG de sa société de Recherche et Développement.

Gill Pratt, qui dirige le Toyota Research Institute (TRI), filiale qui a vu le jour début janvier aux États-Unis pour explorer les champs de l'intelligence artificielle et de la robotique, était cette semaine de passage au Japon.

Il en a profité pour disserter sur le futur de l'automobile et les ambitions de Toyota en robotique, tout en refusant de commenter les rumeurs de discussions avec l'américain Google en voie de céder au moins une de ses compagnies de robots, Boston Dynamics. «Nous rencontrons de nombreuses sociétés de R&D, en quête de synergies, mais je ne peux pas entrer dans les détails», a-t-il simplement déclaré.

Sur le sujet de la voiture autonome, il a mis en avant «une approche distincte» de celle d'autres constructeurs qui font miroiter la possibilité de véhicules «sans chauffeur» d'ici cinq ans.

«Sauver des vies est la priorité et nous ne devons pas attendre que la conduite autonome fonctionne parfaitement pour nous y atteler», a déclaré M. Pratt lors d'une table ronde avec quelques journalistes.

«Même s'il y a des accidents aujourd'hui, la réalité est que les gens conduisent extrêmement bien», a-t-il poursuivi, évoquant un décès pour 160 millions de kilomètres aux États-Unis et au Japon. «Pour l'heure, il n'existe pas de système de voiture autonome capable de rivaliser avec de tels chiffres.»

Parallèlement aux recherches dans ce domaine, Toyota planche sur l'amélioration de fonctionnalités, dont certaines existent déjà (système de freinage automatique d'urgence, régulateurs de vitesse s'adaptant à l'allure du véhicule précédent...), pour tenter d'éviter une collision fatale.

«L'idée est que la voiture détecte quand votre vigilance se relâche, quand vous êtes fatigué, et qu'elle vous prévienne. Si cet avertissement ne marche pas, l'étape suivante est l'autonomie parallèle, le système appuie aussi sur la pédale, tourne aussi le volant pour vous accompagner, comme un ange gardien», explique Gill Prat.

Ce n'est qu'à plus long terme que la voiture deviendra un véritable robot capable d'opérer par lui-même, qui permettra à un enfant, un vieillard ou une personne handicapée de se déplacer seuls, prédit-il. Et d'imaginer aussi «des applications pour aider les gens chez eux, il y a des besoins immenses étant donné le vieillissement de la société».

Toyota deviendrait donc un fabricant de robots? «C'est une possibilité», dit-il, rappelant que le groupe a déjà conçu plusieurs automates, non seulement des modèles industriels mais aussi des humanoïdes.