Quand le grand patron et héritier du fondateur dit qu'il veut une petite deux-places sport à propulsion mais que le marché est accro aux gros VUS 4X4 et aux pickups, que fait une compagnie conservatrice dont le marketing est réputé avoir le doigt sur le pouls du consommateur ?

Elle fait renaître la Toyota Supra.

Le pdg Akio Toyoda voulait faire renaître la Supra (retirée en 1998 du marché nord-américain et enthanasiée en 2002) et Toyota a présenté aujourd'hui au Salon de l'auto de Détroit sa nouvelle voiture destinée aux fanatiques de voitures sport : la Supra a un centre de gravité bas, un empattement court, un répartition de poids avant-arrière de 50-50, un 6-cyl. en I de 335 ch et de 365 lb-pi de couple et une suspension adaptive qui s'abaisse de 7 mm en mode piste... bref, tout ce que le marché de masse ne demande absolument pas.

Photo AP

Mais Toyoda a déjà déclaré qu'un constructeur automobile doit s'occuper du plaisir de conduire, pas seulement des considérations pratico-pratiques qui font le succès dans un marché de masse.

Le patron a sa licence de pilote de course

Le petit-fils du fondateur Kiichiro Toyoda semble persuadé qu'une voiture sport attire en concession des clients qui repartent avec une Sienna, un RAV4 ou une Camry. L'engagemnent personnel d'Aïko Toyoda --il a sa licence de pilote de course-- dans ce projet s'est vérifié quand il a lui-même testé la Supra sur la piste de course Nurbürgring, en Allemagne. Il a fait le voyage jusqu'à Détroit pour présenter en personne la Supra.

Le mois dernier, l'ingénieur en chef Tetsuïa Tada a déclaré au magazine américain Automotive News que le design est d'abord et avant tout fait pour la piste, ce qui a obligé des choix n'ayant aucun sens dans un marché dominé par les gros véhicules spatieux et surélevés. «Notre but était une auto aussi compacte que possible. Le conducteur ressent toujours les coins des quatre pneus. Ça a dicté la largeur de l'auto et rendu impossible l'ajoût d'une banquette arrière. Donc, on a créé une deux-places, contre l'avis contraire explicite de notre département des ventes», a dit Tada.

La Supra est le résultat d'un partenariat avec BMW et sera assemblée à l'usine Magna Steyr (filiale de l'équipementier canadien Magna), à Graz en Autriche, sur la même plateforme que la BMW Z4.

Le prix américain (de base) de la Supra sera de 50 920 $. Les 1500 premières Supra seront toutefois une édition limitée commençant à 56 180 $. 

La Supra fera le 0-70 milles à l'heure (112,7 km/h) en 4,1 secondes et des freins avant à quatre pistons Brembo ralentiront la voiture avant les courbes. Elle est censée être aussi rigide qu'une LFA, ce qui implique pas mal d'acier, alors les ingénieurs ont compensé ailleurs, par exemple en mettant un hayon en matériau composite.

Fernando Alonso a dévoilé la Supra Super GT au Salon de Détroit. Photo AFP