Greenpeace s'est invitée au salon automobile de Paris jeudi, jour d'ouverture pour les journalistes, en perturbant la conférence de presse du constructeur Volkswagen, accusé par l'ONG de «peser de tout son poids» pour affaiblir la politique climatique de l'Union européenne.

Au Mondial de l'auto, des militants de Greenpeace ont déployé une banderole indiquant «Volkswagen nous enfume» au-dessus du stand du constructeur avant de faire «fumer» une voiture à l'aide d'un fumigène, a indiqué l'ONG.

Trois d'entre eux ont été interpellés, a-t-on appris de source policière.

En soirée, Greenpeace a annoncé avoir reçu une assignation à comparaître vendredi à 11H00 devant le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris, à la demande du constructeur, à la suite d'une fausse plaquette de presse envoyée par l'ONG à des journalistes et reprenant le logo Volkswagen.

Greenpeace a lancé en juin une campagne pour dénoncer «l'influence néfaste» du premier constructeur automobile européen. L'ONG estime que Volkswagen «pèse de tout son poids pour affaiblir la future législation européenne» sur les normes d'émissions de CO2 des véhicules.

En juillet, la Commission européenne a présenté ses propositions pour réduire les émissions des automobiles d'ici à 2020, avec l'objectif de réduire les émissions moyennes des voitures neuves à 95 grammes de CO2 par kilomètre en 2020, contre 135,7g en 2011 et un objectif contraignant de 130g pour 2015.

Greenpeace réclame que l'objectif soit de 80g en 2020 et 60g en 2025.

«Volkswagen se donne une image très verte, mais derrière cet écran de fumée, la réalité est bien plus sombre», a accusé Sébastien Blavier, chargé de campagne Énergie-climat chez Greenpeace, cité dans un communiqué.

L'assignation à comparaître vise une «fausse brochure» envoyée en début de semaine, uniquement en version papier par voie postale, par l'ONG à plus d'une centaine de journalistes spécialisés notamment dans la presse automobile, a indiqué un porte-parole de Greenpeace.

Ce document, relayant les accusations de l'ONG, reprend entièrement les codes et le logo de la marque allemande.

Dans l'assignation, dont l'AFP a obtenu copie, le constructeur demande au juge d'ordonner à Greenpeace de «cesser la diffusion des fac-similés litigieux sous astreinte de 10 000 euros par jour de retard et par infraction constatée» et de «suspendre toute action visant à nuire à l'image de la marque Volkswagen (...) sous astreinte de 100 000 euros par acte constaté.»

Contacté par l'AFP, le constructeur n'a pas fait de commentaire.

Dans un communiqué, Greenpeace a estimé que «si Volkswagen obtenait gain de cause (vendredi), cela créerait un précédent et enverrait un signal très clair : personne ne touche aux marques».