Les ennuis s'accumulent pour Volkswagen qui, selon la presse dominicale allemande, aurait été averti depuis des années des risques encourus avec ses tests antipollution truqués, à l'origine du scandale qui ébranle le numéro un mondial de l'automobile.

Selon la presse allemande, l'équipementier Bosch en 2007, et un employé en interne en 2011, avaient averti le constructeur de l'illégalité des dispositifs installés sur des modèles diesel.

En outre, les autorités allemandes ont un peu plus accru la pression sur le groupe en lui fixant un ultimatum au 7 octobre pour rendre ses modèles diesel conformes aux normes d'émissions en vigueur au niveau national, sous peine d'un retrait des licences pour ses véhicules, selon un hebdomadaire.

Ces derniers développements concluent pour le constructeur allemand une semaine noire, qui l'a vu déstabilisé par la révélation du scandale de manipulation de ses moteurs diesel afin de pouvoir passer plus facilement les tests antipollution.

L'affaire, initiée aux États-Unis, concerne quelque 11 millions de véhicules diesel du groupe.

Elle a déjà conduit à la démission du patron du groupe mercredi, Martin Winterkorn, à la perte d'un tiers environ de la valeur de l'entreprise en Bourse et menace de saper la réputation tout entière de l'industrie allemande.

Le nouveau président du directoire de VW, Matthias Müller, qui vient de Porsche, a promis de faire toute la lumière sur ces manquements, qui risquent encore de coûter des milliards d'euros à l'entreprise en amendes à la suite de différentes plaintes ou enquêtes au pénal ouvertes aux États-Unis et en Allemagne.

«Notre entreprise se retrouve face à des défis comme elle n'en a jamais rencontré», a-t-il déclaré dans une lettre adressée en interne à ses 600 000 salariés dans le monde, promettant une enquête «impitoyable», selon le quotidien Handelsblatt.

La tâche s'annonce colossale, car le groupe semble avoir ignoré au moins deux mises en garde.

L'équipementier allemand Bosch a ainsi fourni dès 2007 à Volkswagen, à des fins de tests internes, le logiciel au coeur du scandale des moteurs truqués, tout en spécifiant alors que son installation sur les véhicules serait «illégale», affirme dimanche le journal allemand Bild.

C'est justement cette année-là que Volkswagen a commencé à installer le logiciel sur des moteurs diesel afin de truquer les résultats des tests.

Un porte-parole de Bosch, interrogé par l'AFP, a refusé de commenter en invoquant «la confidentialité» sur ses relations avec ses clients.

En outre, selon l'édition dominicale du très sérieux journal Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), un employé de VW avait aussi tiré la sonnette d'alarme en interne en 2011. Il avait averti que le logiciel risquait d'«enfreindre» la législation.

Que savait Winterkorn?

L'enquête en interne n'a pas permis à ce jour d'établir pourquoi la direction de Volkswagen n'a pas réagi à l'époque, selon le journal, qui se demande: «Que savait Winterkorn?».

La réponse à cette question aura entre autres une influence sur le chèque de départ dont pourra bénéficier M. Winterkorn au bout du compte. Ce dernier peut en théorie prétendre à quelque 60 millions d'euros en retraite et indemnités, à condition toutefois que sa responsabilité directe dans le scandale ne soit pas établie.

Le groupe de Wolfsburg doit rapidement clarifier les questions en suspens.

L'autorité fédérale allemande du transport automobile (KBA) a demandé à VW d'apporter «des mesures contraignantes et un calendrier» d'ici le 7 octobre afin de mettre ses moteurs diesel aux normes en matière d'émissions polluantes, selon l'édition dominicale du journal Bild.

Si Volkswagen ne respecte pas cette date butoir, la KBA prévient dans une lettre de deux pages qu'elle pourrait retirer son agrément à tous les modèles concernés, ce qui aurait pour conséquence d'interdire leur circulation sur les routes allemandes, ajoute le quotidien.

Un porte-parole de Volkswagen a déclaré à l'AFP que le constructeur allait rapidement présenter un plan d'action en Allemagne, incluant un «rappel» des produits concernés. Ce dernier comprendra une mise aux normes du logiciel controversé.

Ce rappel sera «gratuit» pour les clients et le logiciel sera mis à jour «pour être conforme à la loi», a précisé Peter Thul à l'AFP.

Selon le journal Welt am Sonntag, qui cite un document interne, Berlin souhaiterait par ailleurs repousser à 2021 l'introduction de tests antipollution européens plus stricts, normalement prévue en 2017.