Le scandale des fausses émissions polluantes qui a éclaté fin septembre n'a pas eu d'impact direct sur les ventes de Volkswagen au Canada.

Les chiffres du marché automobile du dernier mois écoulé étaient attendus avec impatience par les observateurs. Le 18 septembre dernier, l'Agence américaine pour la protection de l'environnement (EPA) a révélé que Volkswagen avait doté ses modèles diesel d'un logiciel capable de déjouer les contrôles antipollution et ainsi masquer les émissions hors normes d'oxyde d'azote de ses véhicules. L'affaire a réellement pris de l'ampleur sur la place publique dans les jours qui ont suivi. Et Volks a retiré rapidement ses modèles diesel de son portfolio.

Les ventes du mois d'octobre pouvaient donc donner un premier aperçu des répercussions commerciales de cette tricherie. Il faut croire, à première vue, que celle-ci n'a pas beaucoup froissé les consommateurs. Le groupe allemand a en effet déclaré une hausse des ventes de sa marque phare de 8,3% pour le mois d'octobre au Canada et de 0,2% pour sa marque haut de gamme Audi.

Depuis le début de l'année, la croissance des ventes de Volkswagen est de 8,5% alors que celle d'Audi est de 10,9%. Le luxe se porte tellement bien que celle de Porsche est de plus de 32%.

Dégâts limités aux États-Unis

Aux États-Unis, où l'affaire a éclaté, Volkswagen a limité les dégâts, à coups de rabais et d'offres particulières, avec une hausse de 0,2% de ses ventes (+17% par contre pour Audi).

Ceux qui pouvaient s'attendre à une sanction des consommateurs auront donc été contredits. Ce qui n'étonne pas vraiment Carlos Gomes, économiste spécialiste de l'industrie automobile à la Banque Scotia: «Volkswagen vend seulement des véhicules à essence actuellement et ils ont augmenté leurs rabais dans le but de faire progresser ces produits.»

Les véhicules diesel représentent habituellement 22% des ventes de Volkswagen au Canada (à peu près autant aux États-Unis). L'impact de leur retrait temporaire du marché est censé être plus ou moins proportionnel.

«Je suis pour ma part surpris que leurs ventes aient augmenté alors qu'ils ne peuvent pas vendre environ 20% de leur gamme de motorisation», fait remarquer Carlos Gomes.

Une des explications tient sans doute au fait que les modèles diesel retirés dans la foulée du scandale sont identiques aux modèles à essence. Volkswagen n'a pas eu à sacrifier sa Beetle ou sa Passat, par exemple. Par ailleurs, le constructeur n'a pas ménagé ses efforts - et ses offres - pour surmonter la crise.

Bonne perception

«La perception à leur égard est encore généralement bonne. La marque est entachée, mais ils ont été très actifs pour rassurer les consommateurs et ont fait un effort publicitaire soutenu. Les rabais, c'est toujours une grosse explication aux chiffres de ventes», commente Yan Cimon, professeur au département de management de l'Université Laval.

Le Groupe Volkswagen continue de surfer sur la dynamique de l'industrie. Le marché canadien dans son ensemble a augmenté de 5,1% en octobre dernier. Avec plus de 1,6 million de véhicules vendus au 31 octobre, «un nouveau record en cette année 2015 s'apparente plus à une réalité qu'à une possibilité», comme le résume très justement l'analyste Dennis DesRosiers.