Volkswagen, déjà soupçonné d'avoir fermé les yeux sur les agissements des militaires pendant la dictature au Brésil, est désormais soupçonné d'avoir activement collaboré aux dénonciations d'opposants, selon un rapport d'enquête dont font état lundi des médias allemands.

Selon ces documents, le constructeur automobile allemand «n'a pas seulement collaboré (...) avec le régime militaire mais a été un acteur autonome de la répression. Un bon complice», affirme le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung.

Le journal, qui a mené ses recherches en collaboration avec les chaînes de télévision publiques allemandes NDR et SWR, dit avoir consulté des «documents de l'enquête actuellement menée à Sao Paulo contre la filiale brésilienne de Volkswagen» ainsi que d'autres documents «internes» au constructeur et relatifs à la période de la dictature militaire dans le pays (1964-85).

Douze employés dénoncés, puis torturés à l'usine

L'affaire avait éclaté en septembre 2015, lorsque d'anciens employés de l'entreprise allemande et des militants ont déposé une plainte au Brésil dans laquelle ils reprochent à Volkswagen d'avoir permis des persécutions et la torture de salariés opposants au régime militaire.

Selon eux, 12 employés ont été arrêtés et torturés à l'époque dans l'usine Volkswagen de Sao Bernardo do Campo, une ville de la banlieue de Sao Paulo. L'entreprise est également accusée d'avoir élaboré des «listes noires» d'opposants à la dictature.

Sollicité par l'AFP après ces nouvelles révélations, le constructeur allemand a répondu vouloir «attendre le rapport final et les résultats qu'il contient avant de les commenter dans le détail et de se concerter sur les mesures à prendre».

Le groupe automobile allemand avait confié en novembre 2016 à un historien indépendant une expertise pour examiner son rôle dans la dictature. Les résultats de l'enquête du professeur Christopher Kopper, de l'Université de Bielefeld (nord), sont attendus à la fin de l'année.

Le passé de Volkswagen est déjà assombri par l'histoire de l'entreprise sous le régime nazi. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le constructeur allemand a eu recours au travail forcé de prisonniers de guerre et de détenus de camps de concentration. Un préjudice que l'entreprise a tenté de réparer en créant dans les années 1990 un fonds d'indemnisation des travailleurs forcés et en laissant les historiens accéder à ses archives pour exhumer ce sombre passé.