Le scandale des moteurs diesel revient hanter les constructeurs allemands après des révélations sur des tests visant des singes et des humains pour mesurer l'impact des émanations diesl, ternissant encore l'image du secteur automobile. Volkswagen, Daimler et BMW sont confrontés lundi à ces informations.

Dès samedi, Volkswagen a indiqué prendre «clairement ses distances avec toute forme de maltraitance d'animaux», après la révélation par le New York Times de tests menés sur des singes pour le compte des trois constructeurs ainsi que de l'équipementier allemand Bosch.

Des tests sur des humains

Ces expériences avaient été conduites en 2014 sur le sol américain par un organisme européen sur la santé dans le secteur du transport, l'EUGT, fondé par les quatre groupes.

Mais l'affaire a pris une nouvelle dimension lundi, lorsque les journaux allemands Stuttgarter Zeitung et Süddeutsche Zeitung ont affirmé que des tests sur les effets de l'inhalation d'oxydes d'azote (NOx) avaient également été effectués sur quelque 25 êtres humains en bonne santé, cette fois en Allemagne.

«Nous nous distancions expressément de l'étude et de l'EUGT», a commenté lundi un porte-parole de Daimler sollicité par l'AFP.

«Nous sommes consternés par l'ampleur des études et leur mise en oeuvre», a-t-il ajouté, affirmant que sa filiale Mercedes-Benz «condamne les expériences dans les termes les plus forts».

BMW a démenti avoir participé à cette étude.

AP

Le président du conseil d'administration de Volkswagen (qu'on voit ici à l'assemblée annuelle des actionnaires le 10 mai 2017) a décrit les expériences sur des singes comme «totalement incomprésensibles». Photo: AP

«Rien à voir» avec le Dieselgate ?

Un institut hospitalier d'Aix-la-Chapelle (Aechen, en Allemand), mandaté par l'EUGT, a fait inhaler en 2013 et 2014 du dioxyde d'azote (NO2) à 25 personnes en bonne santé, à des concentrations variées, détaillent les deux journaux.

Cette étude «n'a rien à voir avec le scandale du diesel», qui frappe depuis deux ans de nombreux constructeurs dont Volkswagen, pas plus qu'avec les tests sur les singes, s'est défendu lundi l'institut.

Le but était de mesurer l'effet de l'exposition au dioxyde d'azote sur le lieu de travail, «par exemple pour les conducteurs de poids-lourds, les mécaniciens ou les soudeurs», pour recommander une éventuelle baisse des seuils réglementaires, explique l'institut.

L'étude n'a conclu à aucun «effet significatif» de ce gaz, le plus nocif des oxydes d'azote émis notamment par les moteurs diesel, bien que l'Organisation mondiale de la santé l'associe à une multitude de troubles cardiovasculaires et respiratoires.

Thomas Kraus, l'un des responsables de l'hôpital universitaire d'Aix-la-Chapelle, en a cependant relativisé la portée dans les médias allemands, en estimant que l'étude ne prenait pas en compte la pollution générale et n'était pas représentative de la population.

«Écoeurée»

«Je suis écoeurée d'apprendre les révélations sur les tests d'émissions concernant les humains et les singes», a commenté à son tour la ministre allemande de l'Environnement, Barbara Hendricks.

«Il est bon - et c'est le moins qu'on puisse attendre - que les constructeurs automobiles allemands se soient distanciés des tests et se soient excusés. Les dessous de ce scandale doivent être rapidement mis au jour», a ajouté la ministre.

Volkswagen a assuré qu'un «conseil scientifique indépendant» fixait les thèmes de recherche «très variés» de cet organisme, fondé en 2007 par les groupes allemands.

Mais aucune de ces déclarations n'a suffi à éteindre la polémique, ravivant la crise de confiance qui frappe les grands constructeurs depuis la révélation du trucage à grande échelle de leurs moteurs diesel.

Fin 2015, le groupe Volkswagen avait reconnu avoir équipé 11 millions de ses voitures diesel d'un logiciel faussant le résultat des tests anti-pollution et dissimulant des émissions d'oxyde d'azote dépassant jusqu'à 40 fois les normes autorisées.

Dans la foulée du «dieselgate», les constructeurs allemands avaient décidé de mettre un terme à l'activité de l'UEGT, qui se trouve actuellement en liquidation.

Cette nouvelle affaire «va affecter d'une manière durable la confiance des gens envers l'industrie automobile», a estimé auprès de l'AFP Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Center for Automotive Research.