Des tests pour mesurer l'impact de l'exposition aux gaz d'échappement sont effectués «depuis des années déjà» sur des personnes et des animaux aux Pays-Bas, ont révélé mardi des scientifiques néerlandais, en pleine controverse autour des constructeurs automobiles allemands.

L'Institut national pour la Santé publique et l'Environnement «RIVM est impliqué dans des recherches où des volontaires en bonne santé mais aussi malades, des patients qui sont sous traitements auprès de cardiologues, ont été exposés aux émanations diluées d'un moteur diesel» durant deux heures maximum par jour, a indiqué mardi à l'AFP le chercheur Flemming Cassee.

Il s'agit des émanations respirées chaque jour dans une ville animée ou près d'une autoroute, selon le spécialiste en toxicologie respiratoire et chercheur auprès du RIVM travaillant notamment sur mission du gouvernement néerlandais.

Des tests similaires dans «divers pays»

«Nous faisons cela depuis des années et cela n'a rien d'extraordinaire», a-t-il souligné, affirmant que c'était le cas dans «divers pays».

Mais la différence avec l'expérience révélée en Allemagne, «commande de l'industrie à un organisme de recherche privé», est que «tout est public», avec à l'esprit «ce que nous faisons, comment nous le faisons et ce qui en ressort».

Volkswagen, BMW, Daimler et l'équipementier Bosch affrontent deux affaires distinctes mais révélées quasi-simultanément, impliquant toutes deux un organisme de recherche qu'ils finançaient, l'EUGT, fermé depuis un an.

Le premier scandale, dévoilé par le New York Times, porte sur des tests menés aux États-Unis sur dix singes en 2014, enfermés face à des dessins animés pendant qu'on leur faisait respirer la fumée émise par une Beetle, successeur de la Coccinelle, modèle phare de Volkswagen.

Un institut hospitalier d'Aix-la-Chapelle dans l'ouest de l'Allemagne, mandaté par l'EUGT, a fait inhaler en 2013 et 2014 du dioxyde d'azote (NO2) à 25 personnes en bonne santé, à des concentrations variées, ont révélé lundi les journaux Stuttgarter Zeitung et Süddeutsche Zeitung.

Les tests de loin les plus pertinents

Aux Pays-Bas, la chercheuse Nicole Janssen a également mené pour le RIVM entre 2010 et 2015 une large recherche sur la pollution de l'air, exposant aux gaz d'échappement un groupe de volontaires près d'une autoroute fortement fréquentée et un autre dans le centre de Rotterdam (ouest), d'après le journal de référence NRC.

«J'en ai moi-même aussi fait pour le RIVM. Parfois avec des souris ou des rats et oui, aussi parfois avec des gens», a rapporté Paul Borm, professeur en toxicologie, cité par la radio-télévision publique NOS.

Ces recherches toxicologiques sont soumises à des directives strictes et chaque expérience doit passer devant un comité de contrôle médico-éthique, a souligné M. Cassee. Il en va de même pour les tests sur animaux, d'abord présentés devant une instance du bien-être animal.

La plupart du temps, a précisé M. Cassee, les études emploient une combinaison de méthodes, avec des tests effectués sur des animaux, des cellules souches et des êtres humains, qui sont de loin les plus «pertinents» quand il s'agit de protéger l'homme, dit-il.