Le géant allemand de l'automobile Volkswagen a annoncé vendredi avoir renoué en 2017 avec des bénéfices records malgré le dieselgate, et assuré qu'il allait renforcer ses règles d'éthique après le scandale de tests sur des singes.

«Le directoire du groupe Volkswagen a initié la création d'un nouveau catalogue de lignes directrices éthiques et morales», a sobrement déclaré un porte-parole du groupe de Wolfsburg à l'issue d'une réunion vendredi du conseil de surveillance du constructeur.

Rien d'autre n'a filtré à ce stade, alors que le groupe s'était engagé à tirer les leçons d'une nouvelle affaire liée au «dieselgate» --la tricherie sur 11 millions de moteurs diesel truqués avant l'année 2015-- avec la découverte récente de tests menés aux États-Unis sur des singes.

Selon le protocole de ces tests remontant à 2014 et visant à prouver l'innocuité du diesel aux clients américains, les primates avaient été enfermés face à des dessins animés pendant qu'on leur faisait respirer la fumée émise par une Beetle, le successeur de la Coccinelle.

Fin janvier, le groupe a suspendu son lobbyiste en chef, Thomas Steg, pour le rôle qu'il a joué, de son propre aveu, dans ces tests.

Démonstration de force

Côté chiffres, ceux délivrés vendredi après-midi font la démonstration d'un retour en force du groupe aux douze marques deux ans après l'éclatement du scandale des moteurs diesel.

À 11,35 milliards d'euros, le bénéfice net part du groupe a plus que doublé par rapport à l'année précédente, qui s'était soldée sur un résultat net de 5,14 milliards d'euros. Cet exercice intervenait après une perte inédite d'1,6 milliard d'euros en 2015, plombée par les premières et lourdes provisions passées en raison du dieselgate.

Le chiffre d'affaires du groupe abritant notamment les marques Volkswagen, Audi, Porsche, Skoda et Seat a atteint quant à lui l'an dernier un niveau record de 230,7 milliards d'euros pour 10,7 millions de véhicules vendus, deux plus hauts dans l'histoire du constructeur, selon un communiqué.

Il se trouve ainsi au coude à coude avec l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, qui a revendiqué l'an dernier le titre de premier constructeur automobile mondial avec 10,6 millions de véhicules, alors que VW en a livré un peu moins en excluant ses camions des marques MAN et Scania.

Un porte-parole de VW a souligné à l'AFP que la course au volume n'était plus «l'objectif majeur» du groupe qui se concentrait surtout sur «la croissance rentable».

Justement, la marge opérationnelle, mesure de sa rentabilité, a elle grimpé à 7,4% avant effets exceptionnels, soit plus que la fourchette attendue de 6 à 7%, grâce notamment à une discipline sur les coûts et aux ventes démultipliées de 4x4 citadins (SUV) dégageant des marges confortables.

VW n'en na pas pour autant fini avec les stigmates du dieselgate. L'année passée a été grevée de 3,2 milliards d'euros de charges exceptionnelles, à cause d'un rappel plus compliqué que prévu de ses véhicules aux moteurs diesel truqués 2 litres aux États-Unis et de risques juridiques plus élevés, explique le groupe.

«Changements profonds»

«Nous sommes confrontés, comme toute l'industrie automobile, à des défis majeurs et à des changements profonds», a déclaré Matthias Müller, patron de Volkswagen, dans le communiqué. «L'excellent résultat de l'an dernier nous donne une base solide et toutes les raisons d'avoir confiance», a-t-il ajouté.

Le groupe de Wolfsburg va proposer à ses actionnaires un dividende presque doublé sur un an de 3,90 euros par action ordinaire et 3,96 euros par action préférentielle.

Pour l'année en cours, il vise une augmentation «modérée» des livraisons «dans des conditions de marché toujours difficiles», ce qui doit se traduire par une hausse allant «jusqu'à 5%» de son chiffre d'affaires. La marge opérationnelle devrait de son côté être comprise entre 6,5 et 7,5% avant effets exceptionnels.

«Les chiffres solides de 2017 parlent d'eux-mêmes dans le contexte du scandale du diesel. Les clients semblent avoir largement accordé leur pardon au groupe au vu des chiffres record en termes de livraisons, ventes et résultat d'exploitation», a commenté Frank Schwope, analyste chez NORD/LB.

Néanmoins, le titre VW a été boudé vendredi à la Bourse de Francfort, perdant 0,81% à 162,60 euros à la clôture dans un marché finissant en hausse de 0,18%.