Un tribunal britannique a entamé mardi l'étude des récriminations de dizaines de milliers de propriétaires de voitures du groupe Volkswagen s'estimant lésés par l'affaire du «dieselgate», qui demandent une plainte en nom collectif et un procès.

«Ce scandale a été révélé depuis plus de deux ans et les consommateurs britanniques attendent toujours que Volkswagen réponde à leurs plaintes», a expliqué Gareth Pope de Slater and Gordon, le principal cabinet d'avocats de plaignants qui dit représenter à lui seul plus de 40 000 personnes dans cette affaire.

Quelque 1,2 million de véhicules de marque Volkswagen, Audi, Seat et Skoda ont été concernés au Royaume-Uni par la tricherie reconnue par le géant allemand à la fin de 2015 sur un total de 11 millions de voitures diesel dans le monde. Ces véhicules étaient équipés d'un logiciel minimisant le niveau réel des émissions d'oxyde d'azote (NOx) lors des contrôles de pollution.

La Royal Courts of Justice à Londres va se pencher jusqu'à jeudi sur les plaintes déposées par Slater and Gordon et d'autres cabinets d'avocats, et devrait décider ensuite si une action en nom collectif est permise par la justice. Si tel est le cas, un procès pourrait être organisé.

Au-delà de la question des émissions polluantes proprement dite, Slater and Gordon reproche à Volkswagen de n'avoir pas réparé correctement une partie des véhicules concernés. Le cabinet assure avoir réalisé une enquête auprès de ses plaignants, dont 17 000 ont répondu.

Parmi eux, 11 600 disent que leur véhicule a été réparé par Volkswagen afin de supprimer la tricherie, mais 1200 d'entre eux assurent que, depuis, leur véhicule était ponctuellement sujet à des pertes de puissance inopinée. Le cabinet cite le cas d'une enseignante dont la voiture a brutalement ralenti à 16 km/h sur l'autoroute.

Interrogé par l'AFP, Volkswagen a jugé que cette enquête n'était ni fiable ni représentative. «Nous avons mis en place les correctifs sur plus de 840 000 véhicules au Royaume-Uni et plus de 6,4 millions dans toute l'Europe, et une majorité écrasante des clients sont satisfaits», a expliqué un porte-parole du groupe.

Le constructeur a observé qu'il était dans l'intérêt des personnes sondées de prétendre avoir subi un préjudice, étant donné qu'elles sont plaignantes.

Au-delà, Volkswagen a jugé la procédure de demande d'indemnisation «prématurée et infondée». «Nous ne pensons pas que nos clients britanniques ont souffert d'une quelconque perte financière en lien avec la question du NOx», a ajouté un porte-parole du groupe.

Volkswagen a provisionné plus de 22 milliards d'euros pour faire face à une pluie d'amendes et de demandes de dédommagements dans le monde.