Treize ans de carrière. Aussi bien écrire une éternité... Dans un univers automobile marqué par le renouvellement accéléré des modèles proposés par les constructeurs, la XC90 de Volvo a fait son temps. Il était plus que temps de lui donner une descendance.

Tardif, le renouvellement de la «grosse» Volvo aura aussi été laborieux. On se souvient que la marque suédoise se trouvait sous la gouverne de Ford au moment du lancement, en 2002, de la première génération de la XC90. Quelques années plus tard, le constructeur scandinave change de main et se retrouve sous le contrôle d'un conglomérat chinois. Ça déstabilise.

Plutôt que de remettre le projet en question, ce changement de propriétaire a été mis à profit pour clarifier le cahier des charges de cette seconde génération de XC90. Celle-ci se présente comme «sérieuse, robuste et branchée». Bref, capable de convaincre une clientèle plus jeune, plus internationale. Conséquence de cette volonté d'ouverture, le style extérieur en impose plus que la mouture apparue en 2002. Au-delà des formes extérieures plus aérodynamiques (Cx de 0,33), on retient surtout la taille inusitée des glaces à l'heure où les stylistes s'efforcent à dessiner des meurtrières. Aussi, on ne peut s'empêcher de craquer un petit sourire en apercevant «le marteau de Thor» intégré aux phares. Ce clin d'oeil représente sans doute l'élément de style le plus distinctif et un gentil rappel des origines scandinaves de la marque.

Selon Volvo, les Chinois et les Américains représenteront près de 75% des acheteurs de cette nouvelle XC90. Cela se voit. Pour satisfaire au mieux ces deux clientèles, les stylistes y sont allés de curieux compromis. Les plus visibles se retrouvent, là, au pied de la console avec cette molette taillée comme un diamant d'un goût plutôt douteux. Mais il y a pire. Sur la version T-8, la plus chère, le pommeau du levier de vitesse rétro éclairé au fini cristal. Clinquant comme ces faux bijoux suspendus au cou des jeunes filles.

Hormis le côté «bling-bling» dicté par les responsables de la mise en marché, la XC90 a tout bon. Enfin presque. La troisième rangée de sièges offre désormais suffisamment de dégagement pour permettre à deux adultes normalement constitués de s'y asseoir sans rêver d'en être éjectés aussitôt le coin de la rue tourné.

En revanche, l'accès et la sortie demeurent un exercice contraignant et dans ce domaine on se serait attendu - après tout ce temps de gestation - à une innovation. Le même commentaire s'applique à l'encombrant store qui doit dissimuler le contenu du coffre. À moins de le remiser à la maison - qu'il ne quittera vraisemblablement jamais -, il faudra composer avec lui. Pourquoi par exemple ne pas lui avoir dessiné un réceptacle dans le plancher?

Les places médianes offrent plus d'espace encore et un confort accru. La partie centrale peut servir de rehausseur (booster) pour de jeunes enfants. Une touche appréciée. Les assises coulissent et les dossiers s'inclinent. Ils se rabattent aussi - comme ceux de la troisième rangée - en tout ou en partie pour moduler au mieux l'espace utilitaire et habitable.

Fidèles à la tradition maison, les fauteuils des places avant offrent un confort remarquable. Le conducteur fait face à un tableau de bord joliment dessiné et légèrement incliné vers lui pour lui permettre d'accéder rapidement et aisément aux commandes. À ce sujet, Volvo a considérablement réduit le nombre de boutons. On en retrouve désormais que huit. Les autres fonctions se trouvent enchâssées dans l'immense tablette tactile - celle-ci n'est pas sans rappeler celle d'un iPad - vissée sur le versant le plus abrupt de la console. Intuitive, facile à naviguer et rapide, cette «tablette» contribue à la valorisation de l'habitacle.

Sophistiquée, dites-vous?



Si son enveloppe n'alimente pas d'interminables discussions, le contenu technique de la nouvelle XC90, lui, risque de susciter un débat. En fait, on conçoit plutôt mal au départ qu'un véhicule pesant plus de 2000 kg puisse être entraîné par un moteur quatre cylindres de 2 L... Ce dernier, faut-il le dire, bénéficie à la fois de la magie de la double suralimentation (compresseur et turbocompresseur) et du coup de baguette de la fée électrique. Dans sa configuration T-8 qui apparaîtra à l'automne, la XC90 est une hybride à prise rechargeable (Plug-In). C'est-à-dire qu'elle peut théoriquement rouler en mode électrique pur sur une distance de 40 km et capable d'atteindre 125 km/h sans éveiller son moteur thermique.

Malgré les progrès réalisés notamment dans le domaine de l'électronique, cet amalgame est d'une complexité sans nom et soulève légitimement des questions sur le plan de la fiabilité et des coûts d'entretien. Les ingénieurs de Volvo ne voient pas où est le problème et l'on peut comprendre pourquoi. Toutes ces technologies ont été - individuellement - largement éprouvées ces dernières années. La double suralimentation en faisant appel à un compresseur (pour les bas régimes) et un turbocompresseur (pour les hauts régimes) se trouve notamment sous le capot de certains produits Volkswagen vendus en Europe depuis quelques années déjà. L'ajout de deux moteurs électriques ajoute sans doute à la difficulté du montage, mais ne devrait théoriquement pas jouer sur la fiabilité.

Quant à la T6, ticket d'entrée de la gamme XC90, elle ne conserve que la «partie essence» de la T-8. Son quatre-cylindres suralimenté développe 316 chevaux contre 400 pour la T8 si l'on additionne la puissance de chacun de ses moteurs.

T6 ou T8? Les deux ont une sonorité quelconque, voire décevante, mais allons-y pour la T8 en raison de son couple titanesque de sa mécanique qui fait illusion d'alléger le poids du véhicule, sans le transformer en une ogive nucléaire pour autant. Il faut compter un peu moins de six secondes pour atteindre les 100 km/h à la suite d'un départ arrêté et la boîte à huit rapports qui l'accompagne comporte un mode «sport» capable de soutenir la cadence. Toutefois, si cette programmation tire le maximum, son rendement n'a rien de bien lisse et ne sied pas très bien au comportement général de ce véhicule qui priorise le confort au dynamisme. En revanche, à bord de la T-8, la boîte cherche moins à rétrograder que sur la T-6, ce qui autorise une conduite plus coulée.

Bien suspendue, cette Volvo repose sur une toute nouvelle architecture modulaire du nom de SPA. C'est sur cette dernière que seront déposées toutes les futures Volvo. Souples, les éléments suspenseurs maîtrisent plutôt bien les mouvements de caisse et filtrent efficacement les saignées ou autres petites déformations de la chaussée.

Originale et innovante à plus d'un titre, la XC90 se positionne non seulement à l'avant-scène de sa catégorie, mais figure comme une solution de rechange crédible aux propositions faites par les autres constructeurs européens. La T-8, surtout.

Les frais liés à ce reportage ont été payés par Volvo Canada.

ON AIME

> La convivialité de l'écran tactile

> Configuration 7 places réussie

> Confort des suspensions

ON AIME MOINS

> Le côté « bling-bling » de la T-8

> La complexité mécanique

> Le manque de dynamisme

CE QU'IL FAUT RETENIR

> Marque/Modèle : Volvo XC90

> Fourchette de prix : 60 700 $ à 75 000 $

> Frais de transport et de préparation : 1715 $

> Version essayée : T-6 et T-8

> Garantie de base : 4 ans/80 000 km

> Consommation réelle : 9,2 L/100 km (observée)

> Visible dans les concessions: T-6 maintenant, T-8 à l'automne

> Moteur : L4 DACT 2 litres turbo-compresseur-hybride

> Puissance : 400 ch à 6000 tr/min

> Couple : 640 lb-pi entre 2200 et 5400 tr/min

> Rapport poids-puissance : 5,19 kg/ch

> Poids : 2078 kg (configuration de base)

> Mode : Intégral

> Transmission de série : Automatique 8 rapports

> Transmission optionnelle : Aucune

> Direction/Diamètre de braquage (m) :

> Crémaillère/12,1

> Freins av-arr : Disque/Disque

> Pneus (av-arr) : 275/45R20

> Capacité du réservoir/Essence recommandée: 71 litres/Super

> Capacité de remorquage maximale : 2250 kg

> Pour en savoir plus : www.volvocars.ca