Volvo promet qu'il n'y aura ni mort ni blessé grave dans ses voitures dès l'année-modèle 2020, et cette promesse va profiter, entre autres, aux 23 millions d'humains et 50 millions de kangourous qui habitent l'Australie. Volvo veut adapter pour l'Australie son système de freinage automatique City Safety.

Une équipe d'ingénieurs et de techniciens de Volvo a passé la semaine dernière à la réserve naturelle Tidbinbilla, dans le Sud-Est de la grande île, la partie où vit notamment le kangourou roux (Macropus rufus). C'est le plus costaud de cette espèce: un gros mâle peut mesurer 1,80 m et peser 90 kg, soit autant que les plus petits joueurs de l'équipe nationale de rugby australienne, qui s'appelle justement les Wallabies (une sorte de kangourou).

Par contre, le kangourou roux, lui, peut bondir à 3 m de hauteur et atteindre des pointes de vitesse de 80 km/h. Une collision frontale avec un tel malabar, surtout à la hauteur du pare-brise, peut blesser les occupants d'une voiture et c'est évidemment une très mauvaise nouvelle pour le sympathique marsupial.

Ces accidents sont fréquents: quand les kangourous sont éblouis par les phares ou surpris par le bruit du moteur, ils peuvent sauter devant les voitures.

En 2013, seulement dans le territoire rural entourant la capitale australienne, Canberra, il y a eu 906 réclamations d'assurance-automobile à la suite de collisions avec des animaux; la très grande majorité d'entre elles impliquaient des kangourous, selon le quotidien Canberra Times. Un motocycliste a perdu la vie en 2009 quand il a percuté un gros kangourou durant la nuit. Selon Volvo, il y a plus de 20 000 collisions véhicules-kangourous chaque année en Australie.

La semaine dernière, Volvo a donc séjourné au pays des kangourous pour tester des capteurs censés détecter le l'erratique bondisseur, et pour accumuler des données permettant de prédire ses mouvements. Ce n'est pas simple.

City Safety, à l'origine, a été conçu pour détecter voitures, piétons et cyclistes en milieu urbain Le système prévient le conducteur quand un obstacle surgit et applique les freins tout seul si le conducteur ne réagit pas assez vite. Volvo planche sur une fonction de détection animale, qui fonctionnerait sur la grande route à des vitesses plus grandes qu'en ville.

Bien plus vite qu'un orignal

«En Suède, nous avons fait des recherches sur des animaux plus gros et plus lents comme les orignaux, les rennes et les vaches, qui sont une menace sérieuse sur nos routes. Les kangourous sont plus petits et leur comportement est très imprévisible», a indiqué l'ingénieur Martin Magnusson, dans une déclaration écrite.

Un kangourou, lorsqu'il sent un danger près de lui, a l'instinct de changer brusquement de direction. De plus, les kangourous se déplacent généralement en meutes, ce qui multiplie les probabilités d'impact si on croise un groupe traversant la route.

À haute vitesse, le but n'est pas nécessairement d'immobiliser la voiture avant l'impact, comme en ville, mais au moins de ralentir assez pour minimiser l'impact et les risques de blessures pour les occupants. Du moins pour le moment: «Aujourd'hui, le temps de réaction de City Safety est d'une demi-seconde, dit Magnusson. D'ici peu, ce sera bien plus court.»

«Les kangourous sont des animaux imprévisibles et difficiles à éviter, mais nous croyons pouvoir perfectionner notre technologie, assez pour les détecter et éviter les collisions.»

Volvo prévoit que sa fonction Détection animale sera offerte d'ici quelques années.