Il y a aujourd'hui plus de 300 000 VTT en circulation au Québec. Le nombre de quads immatriculés a plus que doublé, tout comme le nombre de clubs, au cours des 15 dernières années. Ce week-end, on fait la fête au VTT, et c'est dans les Bois-Francs que ça se passe!

Ils démarrent en trombe, soulevant un épais nuage blanc. En un clin d'oeil, une vingtaine de VTT s'agglutinent à une vitesse folle dans le premier virage. Tout ça, en cherchant désespérément à conserver la traction. Parce que la course se déroule sur un circuit enneigé et glacé.

La scène, spectaculaire à souhait, se déroule à chaque course du Championnat québécois de VTT d'hiver, dont la deuxième manche a lieu ce week-end à Princeville, à l'est de Victoriaville.

La neige et la glace n'ont rien à voir avec la terre battue. Si bien que presque la moitié des pilotes qui roulent l'hiver en font une spécialité. Et ce sont eux qui dominent. «À mon avis, seulement 5% des pilotes qui se mettent à rouler l'hiver réussissent à être aussitôt dominants, soutient Gaétan Laroche, champion provincial au cours des trois dernières saisons. Par exemple, je suis incapable de suivre Jasmin Plante (trois fois champion canadien, NDLR) sur la terre battue, mais quand il vient rouler avec nous dans la neige, j'arrive à le tenir en respect.»

«On remarque tout de suite les pilotes qui ne sont pas habitués de rouler l'hiver, affirme de son côté Dany Côté, un des pilotes qui bossent 12 mois par année. Parce que piloter en hiver, c'est le monde à l'envers. L'été, le VTT a tendance à vouloir capoter en virage, si bien qu'il faut garder son poids à l'intérieur. Sur la glace, si on fait la même chose, ça ne tournera pas. Il faut donc placer son corps à l'extérieur, de façon à ce que les roues extérieures puissent conserver un maximum de traction. C'est une technique qui est assez longue à apprivoiser.»

L'hiver, l'expérience vaut son pesant d'or, encore plus que l'été. «Plus jeune, c'était à fond partout, admet Gaétan Laroche, 38 ans, qui a terminé deuxième en 2004 au Supermotocross de Montréal. Aujourd'hui, je suis moins agressif, je choisis ma ligne de course, quitte à entrer moins vite dans un virage pour en ressortir plus rapidement. Je dirais que 40% de mon succès vient de mon expérience.»

Évaluation que partage Dany Côté, 19 ans: «On n'apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces!» Le vieux singe en question étant, bien entendu, Gaétan Laroche.

La différence de conduite entre l'hiver et l'été est aussi technique. Les pneus sont plus mous l'hiver, les suspensions sont plus souples et les meilleurs pilotes utilisent des bras oscillants plus courts, tout ça pour maximiser la traction.

Malgré tout, la course hivernale n'a pas la renommée de son équivalent estival. Et c'est sans doute bien ainsi. «L'été, c'est presque un emploi à temps plein, affirme Dany Côté. Tu es parti pendant tout le week-end, les circuits sont parfois plus éloignés, alors que le circuit hivernal est moins exigeant, tu peux souvent revenir chez toi dès le samedi soir.»

«L'hiver, c'est plus tranquille au boulot, mon horaire me permet davantage de faire de la course, soutient pour sa part Gaétan Laroche, qui travaille en construction. Et, à 38 ans, c'est plus dur physiquement de rouler en été, surtout à cause des gros sauts. Mais en hiver, je peux vraiment m'éclater à fond!»

Photos fournie par Courses VTT S.E.N.C.

Le champion en titre, Gaétan Laroche.

Deux univers distincts

Les VTT de course et de randonnée existent sur des planètes différentes. Pendant que les uns feront la course à Princeville, les autres seront réunis à Drummondville pour le Jamboree hivernal annuel de la Fédération québécoise des clubs de quads, qui réunira plus de 1000 quadistes venant d'un peu partout au Québec et qui partagent une passion commune, voir du pays sur les plus beaux sentiers de la province.

On leur offrira pour l'occasion un choix d'itinéraires de près de 400 km, dont une promenade nocturne au Village Québécois d'Antan, illuminé pour l'occasion.

«La course et la randonnée sont tous deux supportés par la FQCQ, mais il s'agit de deux mondes séparés. C'est comme des ados et des parents!» affirme Luc Boucher, directeur sportif du Championnat provincial de courses de VTT.

Les différences sont aussi perceptibles dans le choix des machines. Les randonneurs vont souvent choisir des VTT à moteur quatre temps et à quatre roues motrices, tandis que les amateurs de course utilisent uniquement des quads sport à deux roues motrices. Certains pilotes optent toutefois pour des machines de 700 cc, car elles ont plus de couple à bas régime. Elles sont plus lourdes et moins maniables, mais le fait de glisser sur la neige pardonne plus que sur la terre battue. Néanmoins, la majorité des pilotes préfèrent les 450cc, plus légères et plus maniables.

Une chose demeure, toutefois: les pilotes, comme les randonneurs, utilisent leurs machines personnelles!

Photos fournie par Courses VTT S.E.N.C.

Les randonneurs vont souvent choisir des VTT à moteur quatre temps et à quatre roues motrices, tandis que les amateurs de course utilisent uniquement des quads sport à deux roues motrices.