C'est incontestable, quand la neige s'accumule, rien n'égale la motoneige, véritable reine de l'hiver. Mais la saison blanche n'est déjà plus ce qu'elle était dans le sud du Québec, si bien que les occasions d'enfourcher son «scooter» des neiges se font de plus en plus rares. C'est pourquoi plusieurs se tournent vers le quad, qui devient plus que jamais un véhicule toutes saisons.

C'est en 1983 que les premiers clubs de VTT ont accueilli des quads dans leurs sentiers en hiver. Aujourd'hui, ce sont plus de 100 associations sur les 119 membres de la Fédération québécoise des clubs quads qui entretiennent leurs sentiers à l'année. «Il y a au moins 60 000 de nos membres qui roulent l'hiver, affirme Dany Gagnon, directeur général de la FQCQ. Ça augmente de 10% par année et le système d'entretien des sentiers s'améliore sans cesse.»

La FQCQ observe un transfert de clientèle de la motoneige vers le quad, tout particulièrement dans les régions qui ont moins d'enneigement, comme la Montérégie. «Il y a un boom depuis quatre ou cinq ans, soutient M. Gagnon. Il y a des gens qui délaissent la motoneige et qui viennent chez nous. C'est aussi plus sûr, car les vitesses sont moins grandes qu'en motoneige. Les VTT les plus performants vont à 120 km/h alors que certaines motoneiges franchissent allégrement la barre des 160 km/h.»

Chenilles à tout faire



Par contre, l'architecture des quads limite leur utilisation. Hors du sentier, point de salut.

Sauf si on équipe son VTT de chenilles, qui produisent 3,5 moins de pression au sol que les roues. C'est d'ailleurs un domaine dans lequel les Québécois sont passés maîtres. «Au Québec, on est des passionnés de la neige, affirme Julien Michaud, vice-président produits récréatifs chez Camoplast Solideal, numéro un mondial dans le secteur. Le marché québécois demeure donc pour nous très spécial. C'est ici que le secteur récréatif est le plus développé, et les amateurs sont nombreux à équiper leurs véhicules récréatifs d'accessoires de toutes sortes.»

Or, c'est l'entreprise américaine Mattracks qui, la première ,a mis au point un système de chenilles pour VTT au milieu des années 90, mais l'idée a rapidement été reprise chez nous. Les Fabrications TJD ont été les premiers au Québec à concevoir leur système de chenilles pour quad, en 1998. «Avec un kit de chenilles, tu peux aller en plein bois, à ton camp de chasse, dans la neige profonde ou pas, affirme le propriétaire Jean Després, qui s'enorgueillit de tester lui-même ses produits. Avec un VTT équipé de chenilles, tu vas partout. Tu peux tout faire avec ça.»

Sauf rouler en sentier. En fait, il n'y pas de problème à le faire, mais ce n'est pas pertinent. «Il n'y a presque pas de chenilles en sentier, affirme Dany Gagnon. Parce que la consommation d'essence double et ça réduit la performance du véhicule.»

Selon lui, seulement 5% des membres de la FQCQ ont équipé leur VTT de chenilles. Une statistique que l'entreprise Kimpex espère voir changer avec ses nouvelles chenilles RS4, expressément faites pour les sentiers. Plus étroites, elles sont aussi dotées d'un barbotin de plus grand diamètre qui permet d'atteindre des performances plus proches de celles d'une roue. «C'est deux mondes différents, explique Ron Desjardins, représentant chez Kimpex. Les chenilles traditionnelles sont faites pour faire du hors-piste. La perte de vitesse de l'ensemble RS4 est de 10 à 15%, comparativement à 35 à 45% pour les chenilles actuellement sur le marché.»

«J'ai essayé la RS4 et il y a une grosse différence dans le comportement du véhicule, reconnaît Dany Gagnon. C'est parfaitement adapté pour les vrais "rouleux" qui voyagent en solitaire, ça permet de sortir plus aisément des roulières et ça peut leur éviter de rester coincés.»

«Y a un marché pour ça et je suis sûr que d'autres entreprises vont suivre, poursuit le président de la FQCQ. Mais ça ne rejoindra pas la roue; un VTT neuf coûte de 15 000$ à 18 000$ et un système de chenilles ajoute 5000$ à la facture. Ce n'est pas tout le monde qui va les utiliser, car très rares sont les amateurs de VTT qui font de grandes randonnées comme on peut en faire en motoneige.»

Verra-t-on un jour le parfait véhicule hivernal, polyvalent en toutes conditions? On ne peut certainement pas arrêter le progrès.



Photo fournie par TJD

Les chenilles XGEN du petit fabricant québécois TJD sont particulièrement à l'aise hors-piste.

Photo fournie par Camoplast Solideal

Camoplast a acheté les opérations de la compagnie Tatoo en 2006, et a poursuivi le développement des chenilles pour VTT dans l'usine de Shawinigan.

Les fabrications TJD

Siège social: Rivière-du-Loup

Nombre d'employés: 50

Points de vente: plus de 400

Principale innovation pour VTT: chenilles X-Gen, qui disposent d'une suspension intégrée brevetée unique.

«C'est le produit qui m'a mis au monde. Au départ, je faisais tout dans mon atelier de 28 pi sur 40. Aujourd'hui, on emploie 50 personnes dans notre usine de 37 000 pieds carrés, et ça n'a jamais ralenti.»

- Jean Després, propriétaire

Camoplast Solideal

Siège social: Magog

Nombre d'employés: 8000

Points de vente: plus de 5000

Principale innovation pour VTT: chenilles T4S, ensemble le plus vendu au monde, doté de barbotins de différents diamètres adaptés à la puissance des véhicules.

«On fait évoluer nos produits chaque année en cherchant à atteindre la meilleure flottaison et la meilleure traction. Il faut aussi s'assurer de ne pas changer le comportement dynamique des véhicules.»

-Julien Michaud, vice-président et directeur général, produits récréatifs

Kimpex

Siège social: Drummondville

Nombre d'employés: 200

Points de vente: plus de 3000

Principale innovation pour VTT: chenilles Commander RS4, premier système de chenilles conçu pour les sentiers.

«La demande est là. Il y a des gens qui nous réclamaient des chenilles qui leur permettraient de rouler plus vite en sentier. Certains sont aussi tannés de circuler dans de profondes roulières, au point de songer à acheter une motoneige. Maintenant qu'il y a des chenilles de sentier, ils ont une option.»

- Ron Desjardins, représentant aux ventes