Il n'y a pas si longtemps, plusieurs voyaient venir la fin du bruyant et polluant moteur deux-temps au profit du quatre-temps.

Mais la popularité grandissante de la motoneige hors piste donne un second souffle au moteur inventé par Étienne Lenoir. Plus léger et plus puissant, c'est l'engin idéal pour les machines qui frayent leur chemin dans la poudreuse. Il s'agissait de le rendre plus propre.

Dans les dernières années, la plupart des constructeurs de motoneiges ont travaillé d'arrache-pied pour mettre au point des moteurs deux-temps à la fois économiques et silencieux. BRP et sa division Rotax sont certainement les chefs de file en la matière avec notamment leur bicylindre E-TEC de 800cc, un moteur ultraperformant qui produit 164 chevaux pour une consommation somme toute contenue de 12 l/100 km sur sentier. Grâce à l'injection directe d'huile réglée par ordinateur, le moteur bénéficie toujours d'un mélange idéal, ce qui assure une combustion plus complète du carburant et réduit, par conséquent, les odeurs et les émissions polluantes.

Les systèmes d'échappement se sont aussi grandement perfectionnés, à tel point que l'on entend parfois davantage le son de la chenille que celui de la mécanique. «Les constructeurs sont très sensibles à ça, affirme Marc Thibeault, pilote d'essai pour le site Motoneiges.ca. Une motoneige munie d'un silencieux standard, conduite avec attention dans un secteur résidentiel, ne fait pas de bruit. En fait, il y a toutes sortes de véhicules qui sont pas mal plus bruyants que des motoneiges.»

«La motoneige a tellement évolué depuis 2005, affirme de son côté Marc-André Boivin, président de la Fédération des clubs de motoneigistes du Québec. D'abord aux points de vue confort et position de conduite, puis, depuis 2010, pour les moteurs et les suspensions. Les progrès qui ont été réalisés dans le secteur de la motoneige sont incroyables par rapport à la moto et au nautisme.»

Tendance alpine

Si un constructeur comme Yamaha a choisi d'abandonner les moteurs deux-temps au profit des quatre-temps, historiquement plus propres et plus durables, les autres ont choisi d'investir pour améliorer leurs mécaniques à deux temps en réponse aux amateurs de l'ouest du continent, qui peuvent s'amuser dans les blanches étendues des Rocheuses.

«Le marché du hors-piste a augmenté de façon exponentielle, souligne Denis Lavoie, président de Motoneiges.ca. Les gens veulent de la variété dans leur expérience de motoneige. On voit des gens qui ont fait 20 ans de sentiers s'acheter une motoneige de montagne pour rouler dans des ZEC ou autres terres publiques, pour vivre autre chose.»

Selon M. Lavoie, qui couvre le secteur de la motoneige depuis 2002, on est en voie d'atteindre l'équilibre entre les marchés du hors-piste et de sentier. Au Québec, même si la machine de sentier demeure reine, les motoneiges de montagne font une percée notable, notamment en Gaspésie, où les membres de la FCMQ ont désormais accès, en toute légalité, à de grandes étendues vierges. À Rimouski, certains détaillants vendent jusqu'à 80% de machines qui peuvent s'aventurer hors des sentiers battus. «De plus en plus de gens recherchent la polyvalence afin de pouvoir quitter les sentiers à l'occasion, explique Denis Lavoie. Les constructeurs proposent donc des modèles aux chenilles plus longues, qui offrent une meilleure flottabilité dans la poudreuse, mais aussi plus de confort dans les bosses.»

Une motoneige plus courte reste plus maniable, mais pas de façon aussi marquée qu'il y a quelques années. «Les chenilles sont maintenant mieux adaptées, et les suspensions ont été considérablement améliorées, dit M. Lavoie. Il y a 10 ans, on avait l'impression de tourner "carré" avec des motoneiges munies de longues chenilles, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui.

«C'est une tendance forte, affirme-t-il sans hésiter. À tel point qu'on voit de moins en moins de motoneiges munies de ponts de 120 ou 121 pouces. Les nouvelles machines de sentier ont des chenilles de 136, 140 ou 144 pouces. Il y a même des concessionnaires qui hésitent à prendre en échange des machines équipées de ponts courts.»

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Les principales nouveautés de 2015

BRP

Ski-Doo ne propose pas de nouveaux modèles cette saison, mais le constructeur québécois raffine ses machines en introduisant la nouvelle suspension avant RAS2 pour ses modèles de sentier MXZ et Renegade. «Le problème était que BRP proposait des véhicules très équilibrés avec une excellente suspension arrière, mais le train avant peinait à suivre le rythme, soutient Marc Thibeault, pilote d'essai pour Motoneiges.ca. La conduite en souffrait, le véhicule réagissait mal. La suspension RAS2 est donc une amélioration appréciable en sentier.» Aussi, la machine alpine Summit est maintenant proposée avec l'ensemble optionnel T3 et son incroyable chenille de 174 pouces avec profil de 3 pouces. Ce qui en fait ni plus ni moins la machine de montagne la plus extrême sur le marché.

Photo fournie par BRP

Polaris

Polaris a renouvelé ses gammes Rush et Switchback en les équipant du tout nouveau châssis Axys. La plateforme est redessinée de A à Z - 93% des pièces utilisées sont inédites - et l'utilisation massive d'aluminium a permis de réduire le poids d'au moins 35 livres par rapport aux modèles 2014 et ainsi d'augmenter de 15% le rapport poids-puissance. On a aussi travaillé à recentrer les masses de la motoneige, améliorant ainsi sa maniabilité. «Les gens de Polaris prennent le pouls du marché québécois quand vient le temps de développer leurs machines de sentier, affirme Marc Thibeault. Le Québec est le plus important marché pour les motoneiges de ce type, ils sont donc très à l'écoute de nos besoins.»

Photo fournie par Polaris

Arctic Cat

Les nouveautés d'Arctic sont aussi particulièrement intéressantes pour le Québec, seul marché qui n'a pas ressenti les soubresauts de la crise financière de 2008. La Pantera repose sur le châssis ProTour, inspiré des plateformes ProCross et ProClimb, lancées en 2012. On a aussi retenu les services du trois-cylindres Yamaha de 1049 cc, fruit d'une collaboration amorcée l'an dernier entre les deux constructeurs. «Les machines de tourisme d'Arctic Cat étaient mûres pour un rehaussement, soutient M. Thibeault. Les Pantera sont raffinées, bien équipées, le moteur est doux, performant et il ne consomme pas trop. Ça devrait plaire chez nous, où on apprécie beaucoup les randonnées en couple.»

Photo fournie par Arctic Cat

Yamaha

Yamaha a fait le pari audacieux de n'offrir que des machines à moteurs quatre-temps, plus durables. «Les moteurs deux-temps sont toutefois la norme dans le marché hors sentier, et c'est ce secteur qui a sauvé l'industrie, explique Marc Thibeault, qui teste des motoneiges depuis maintenant plus de 10 ans. Yamaha est pourtant un motoriste qui aurait la capacité de faire des moteurs deux-temps performants et propres.» Le constructeur japonais propose néanmoins en 2015 sa SRViper M-TX, une machine de montagne dont le tricylindre de 1049 cc a été recalibré de façon à atteindre plus rapidement la plage de couple idéale. En option, on peut aussi greffer un turbo à la mécanique Yamaha, ce qui porte la puissance à près de 180 chevaux, très appréciés en haute montagne.

Photo fournie par Yamaha