Le 9 janvier dernier, Patrick Beaulé et son ami David Bensadoun entraient à Antofagasta, sur la côte du Chili, par-delà le désert d'Atacama, le plus aride de la planète. Deux mois plus tard, les deux aventuriers arrivent d'une expédition aux antipodes, dans le froid polaire de la Haute-Mauricie. Le Dakar est déjà bien loin derrière eux.

«Je suis resté sur ma soif au terme du Dakar. Et quand tu as soif, tu as soif, c'est plus fort que toi. J'ai encore envie d'un autre défi, et David aussi.»

De retour d'Amérique du Sud - après avoir terminé le Rallye Dakar avec une remarquable 32e place au classement -, Patrick Beaulé n'a pas mis deux semaines avant de trouver une nouvelle aventure à sa mesure. Le parcours, hors piste et non balisé: quelque 600 km, aller-retour, entre le lac Charland, au nord-ouest de Saint-Michel-des-Saints, et son camp de chasse caché quelque part entre La Tuque et Saint-Félicien. Le véhicule, jamais testé auparavant pour un parcours du genre: un motocross KTM 350 converti pour aller dans la neige.

«David et moi, ce n'est pas nécessairement le Dakar que l'on aime, c'est plutôt l'aventure, nous a expliqué Patrick pendant que nous faisions l'essai de sa bécane des neiges dans un champ de Sainte-Julie. C'était l'idée derrière notre participation au Dakar; on voulait essayer la course d'endurance la plus difficile au monde. On s'est dit que l'on pourrait s'inventer nous-mêmes des défis extrêmement difficiles comme le Dakar.»

Quoi, le Dakar n'est pas un défi assez relevé? «Au contraire, je lève mon chapeau à tous ceux qui ont complété l'épreuve parce que c'est vraiment la chose la plus difficile que j'ai faite dans ma carrière, s'est empressé de dire le copilote de l'équipe Aldo Racing. C'est la course ultime, mais c'est aussi énormément de travail, de préparation et d'argent. Mais on parle de plus en plus de niveau de difficulté, alors que moi, je parle de soif d'aventure, de plaisir et d'adrénaline.»

C'est encore plus vrai quand on voit les sommes investies par les écuries de pointe en recherche et développement - on évalue par exemple que Peugeot et ses partenaires auraient investi plus de 15 millions dans le nouveau buggy 2008 DKR. Après quatre participations au grand rallye-raid sud-américain, l'équipe québécoise estime avoir atteint ses objectifs et se trouve à la croisée des chemins. Passer au niveau suivant implique de frayer avec les équipes professionnelles. Cela exige la participation d'un partenaire important. «On est à une intersection de notre programme, nous a avoué Patrick Beaulé. David et moi, on est à la même place, dans notre tête et dans notre coeur. On vit les mêmes excitations et les mêmes déceptions, on est arrivés à cette intersection ensemble, et j'ai bien l'impression que nous allons poursuivre ensemble sur le même chemin.»

Si les conditions sont réunies, l'équipe va poursuivre l'aventure du Dakar. «D'ici là, je m'amuse tellement avec ma bébelle, nous a avoué Patrick, excité comme un gamin. Mon intérêt, pour l'instant, c'est d'aller jouer dans la neige!»

Une moto des neiges

Au pays de la motoneige, on peut se demander pourquoi quelqu'un voudrait convertir une moto pour aller sur la neige... «La moto, c'est une grosse partie de ma vie, a rappelé le multiple champion canadien en endurocross. C'est comme quelqu'un qui fait de la moto de route par rapport à du Spyder. Moi, je ne suis pas certain que je voudrais passer à la pratique du Spyder. Le fait de devoir garder son équilibre est un axe de liberté supplémentaire. Tu peux coucher la moto comme tu veux, tu peux valser de gauche à droite, et le faire dans la neige donne une sensation de liberté incroyable.» Patrick avait fait un raid semblable l'an dernier, mais en motoneige. Il voulait ajouter au défi en le faisant en moto. Et il veut déjà remettre ça en faisant une autre randonnée d'ici la fin du mois. «Si ça va bien, on va peut-être pousser l'expérience à un raid de quatre ou cinq jours, a dit Patrick. J'ai même en tête d'organiser un raid Montréal-Kujuuaq, par exemple.

Systèmes de conversion

Explorer

AD Boivin

3000$

www.explorermoto.com

Évaluation de Patrick Beaulé

Efficace en sentier et dans moins d'un mètre de neige. Le seul ensemble muni d'une béquille latérale. Ajustements nombreux, mais à l'efficacité relative. Bon rapport qualité-prix. De fabrication québécoise, c'est le premier ensemble de conversion à avoir vu le jour, il est inspiré du SnowHawk, motoneige monoski fabriquée par AD Boivin de 2001 à 2008.

RadiX

2 MOTO

5900$

radixpowersports.com

Évaluation de Patrick Beaulé

Plus efficace que l'Explorer dans la poudreuse, mais pas au-delà de 120 cm. Peut toutefois suivre une motoneige à peu près partout. La chenille a toutefois tendance à aller chercher le fond pour obtenir de la traction. L'ensemble est toutefois moins agile en sentier que l'Explorer.

MountainHorse

Timbersled

À partir de 7000$

timbersled.com/sbmodels.htm

Évaluation de Patrick Beaulé

Premier ensemble développé pour aller dans la poudreuse profonde, le seul qui donne la sensation de flotter «sur un nuage». C'est toutefois le pire pour rouler en sentier, même si des modifications peuvent être faites pour l'adapter. Tunnel à surface plane qui permet de l'équiper pour partir en expédition. Offert en version régulière (120 po x 12 po), de montagne (137 po x 12 po), mais aussi snowcross (120 po x 10 po).

Yeti SnowMX

C3Powersports

9600$

www.yetisnowmx.ca

Évaluation de Patrick Beaulé

Ensemble similaire au Timbersled mais 20 kg plus léger. Fabriqué en fibre de carbone au lieu de l'aluminium, avec une suspension arrière pneumatique qui remplace les ressorts hydrauliques. Entraînement par courroie qui réduit d'environ 22% la perte de puissance. Destiné pour l'instant à la neige profonde, un ensemble pour sentier est en développement. Fabriqué en Alberta, c'est le plus coûteux de tous les ensembles de conversion.