Avec leurs roues à crampons découvertes et leurs suspensions à grand débattement, les quads sont taillés sur mesure pour se rendre au camp de pêche ou, pour les plus sportifs, pour sauter d'une crête à l'autre dans un sentier forestier. Voir un VTT filer sur le bitume à plus de 150 km/h a donc quelque chose de franchement étonnant.

Les superquads sont en fait le pendant à quatre roues des supermotos: des bolides hors route modifiés pour rouler à la fois sur l'asphalte et sur la terre battue, ce qui fait d'eux de véritables VTT, de vrais véhicules tout-terrain. Imaginés en Europe au tournant du siècle, les premiers superquads sont apparus chez nous quelques années plus tard, mais c'est en 2006 qu'on a vu les premières compétitions au Québec. De fil en aiguille, le championnat de superquad canadien est devenu le plus important du genre de ce côté-ci de l'Atlantique. «En Amérique du Nord, c'est au Québec qu'il y a le plus de superquads, affirme François Cominardi, président de Supermoto Québec. Aux États-Unis, il n'y a pas de compétitions organisées au sein du circuit AMA Supermoto. On voit surtout là-bas des compétitions de "flat track" sur ovales en terre battue.»

Tout pour la vitesse

Sylvain Arseneault a tout fait en VTT. Il a commencé en 1984, à l'époque où les VTT avaient seulement trois roues. Il a participé à de nombreuses reprises au Super motocross de Montréal, il a fait les 12 Heures de Pont de Vaux, en France, le Super Bowl des compétitions de quad. Il a été 14 fois champion canadien de course sur glace et a été couronné une douzaine de fois en ovale sur terre battue. Mais depuis une dizaine d'années, c'est en superquad qu'il s'éclate. «Ça m'attirait d'aller vite sur l'asphalte, reconnaît le pilote aujourd'hui âgé de 50 ans. C'est une belle alternative pour un pilote qui ne veut plus faire du MX, car le hors-route, ça magane, il n'y a pas de doute. Et c'est moins salissant en superquad!»

Sylvain Arseneault, qui a longtemps été directeur des compétitions de quad au Super motocross, se fait l'apôtre du superquad, mais ce n'est pas tout le monde qui est prêt à passer de la terre au bitume. «Un superquad est plus lourd qu'une moto, c'est plus demandant. Il y a quatre roues au sol, elles sont plus larges et plus grosses, il faut être très précis en freinage, suggère celui qui en est à sa 31e année de compétition. Et ça va vite; à Shannonville, on dépasse 160 km/h en vitesse de pointe, à tel point que ça fait deux ans qu'un VTT y signe un meilleur temps en qualifs que les supermotos.»

Sans compter qu'un pilote de quad doit davantage lutter pour rester en selle en virage, comme il est impossible d'incliner sa machine.

Sport accessible

Le superquad est néanmoins accessible, ne serait-ce que parce qu'il est possible d'aller pratiquer son sport chaque semaine à Notre-Dame-de-la-Merci, sur le circuit supermoto du complexe Mécaglisse, l'un des plus beaux en Amérique. «Une machine pro peut coûter de 15 000 $ à 20 000 $, soutient Sylvain Arseneault, qui prépare lui-même de nombreux VTT de compétition. Mais un débutant peut se lancer en piste avec un quad de série; la seule chose qu'il a à faire est d'équiper sa machine d'un dispositif d'arrêt d'urgence et de protecteurs de pieds, de trouver des pneus à crampons usés et l'équipement de protection de motocross.»

Si les amateurs roulent avec des pneus à crampons usés, les pros vont en piste avec des pneus lisses. Aussi, on ajuste la hauteur des suspensions selon l'état du revêtement, la longueur de la section de circuit en terre battue et la hauteur des sauts. Certains vont installer des barres stabilisatrices pour une conduite qui s'apparente aux karts, alors que d'autres vont préférer laisser le quad glisser en virage. «C'est très technique, soutient Sylvain Arseneault, qui réussit encore aujourd'hui à terminer régulièrement sur le podium. Il faut savoir analyser l'asphalte de la piste, sa température, son grain, la façon dont elle est balayée par le vent et la poussière. Je n'ai plus l'agressivité d'un jeune de 20 ou 25 ans, mais je compense par la finesse et l'expérience. Les jeunes m'appellent le vieux rusé. Tant que je ne traînerai pas le lunch, je vais être là. C'est aussi enivrant de faire un podium aujourd'hui qu'il y a 25 ans.»

Pour informations: supermotoquebec.com