Certains adorent, d'autres abhorrent, mais les rallyes automobiles du genre Cannonball Run et Gumball 3000 ne laissent personne indifférent. Quand le rallye Gumball est passé par Québec en 2010 - faisant défiler sur la Grande-Allée ses vedettes et ses grosses cylindrées -, il a non seulement fait la manchette, mais encore inspiré un groupe de jeunes passionnés de la Vieille Capitale à organiser son propre rallye.

Six ans plus tard, le Run 1000 Rally est devenu le rallye d'automobiles sportives le plus important dans l'est du pays. Au cours des deux premières années, il a été organisé au Québec sous le nom de VSR Run, et ses participants ont depuis visité l'Ontario, les provinces de l'Atlantique et plusieurs États du nord-est des États-Unis. L'édition 2015, qui s'est terminée il y a à peine une semaine, a amené les pilotes de Québec à Washington, D.C., en passant par Philadelphie, Atlantic City et Burlington.

Mais, contrairement aux Gumball et Cannonball de ce monde, le Run 1000 n'est pas réservé aux vedettes ou aux voitures de plus de 200 000 $, pas plus qu'il ne fait la manchette pour les excès de vitesse de ses participants. «Le but est de rassembler des passionnés de voitures et passer de bons moments ensemble, explique Carl DeBlois, président de la Run 1000 Rally. Les participants s'inscrivent, et tout le reste est organisé: hôtels, activités, soirées, etc.»

PHOTO FOURNIE PAR OCTANE FIX

Chaque année, le Run 1000 Rally amène les participants à visiter différents endroits, comme Times Square en 2013. 

Bon, quand on regroupe des Mercedes SLS, Ferrari F430, Lamborghini Gallardo, Lotus Exige, Bentley Continental Supersport et autres Nissan GT-R, les chevaux (vapeur) rechignent à rester coincés dans leur enclos. «Quand on se retrouve en petits groupes, il arrive parfois qu'on se permette un rythme plus élevé, avoue Dominic Dubreuil, rédacteur en chef du site Octane Fix, qui en était à sa première expérience. Mais je n'ai pas vu de conduite imprudente, car ce n'est pas une épreuve de vitesse, contrairement au Gumball 3000. Ces gens-là ont les moyens de payer leurs contraventions, pas nous. Nous, on est ici pour s'amuser et s'unir par une passion commune.»

C'est aussi pourquoi les organisateurs ajoutent la plupart du temps au forfait des visites sur des pistes de course ou d'accélération, histoire de permettre aux participants de laisser s'exprimer leurs mécaniques.

«La première chose que les organisateurs nous disent, c'est que l'on n'a rien à gagner en coursant et en arrivant le premier, souligne François Foisy, qui en était lui aussi à sa première expérience. On nous invite à respecter la signalisation, de sorte que l'événement ne devienne pas un aimant à policiers. Nous avons tout à perdre à attirer l'attention des policiers.»

D'ailleurs, pour l'instant, les forces de l'ordre des villes visitées font comme les badauds et observent avec admiration le convoi de voitures québécoises, qui est la plupart du temps attendu. «À Washington, même les policiers nous demandaient de prendre des photos, soutient Dominic Dubreuil. Les gens nous faisaient des signes d'approbation, nous ne sommes vraiment pas passés inaperçus.»

Fête et camaraderie

Ce qui unit ces passionnés est bien sûr la voiture, l'inscription à l'événement est donc naturellement filtrée par la qualité des bagnoles des participants. Mais la marque de l'auto ne fait pas foi de tout. «Quand je fais l'inscription, je demande à chacun ce qui les incite à participer au rallye, explique Carl DeBlois. Je ne veux pas d'égocentriques qui n'en ont que pour leur auto.»

C'est ainsi que tout le monde se côtoie sans distinction. «Tout le monde se parle, il n'y a pas de standing, chose que l'on voit parfois dans d'autres événements automobiles, reconnaît François Foisy, qui roule en Lotus Exige. Je me suis retrouvé avec le gars de Ferrari et j'ai discuté de tout et de rien avec le gars de Lambo.» Ce qui prépare inéluctablement le terrain pour des fêtes mémorables - «des partys sans queue ni tête», de l'aveu de Dominic Dubreuil.

«C'était la meilleure ride de ma vie, conclut François Foisy, encore fébrile. Je vais avoir des anecdotes à compter à mes chums pour la prochaine année en entier!»