Renault-Nissan, Daimler et Ford vont allier leurs forces pour développer un système de pile à combustible dont ils espèrent équiper des véhicules dès 2017, ce qui pourrait donner un coup d'accélérateur à cette technologie qui tarde à décoller.

L'alliance franco-japonaise a annoncé lundi dans un communiqué avoir signé un accord tripartite avec l'allemand et l'américain pour «le co-développement d'un système commun de pile à combustible» afin d'en réduire les coûts de développement. Ils espèrent lancer «des premiers véhicules électriques à pile à combustible abordables et de grande série au monde à partir de 2017».

Les trois partenaires investiront à parts égales dans ce projet, selon un communiqué. Le montant de ces investissements n'est pas précisé. Ils entendent ainsi «encourager le futur développement de stations de ravitaillement en hydrogène et d'infrastructures indispensables à la commercialisation à grande échelle de ces véhicules.»

Une pile à combustible produit de l'électricité par oxydation sur une électrode de l'hydrogène stockée dans un réservoir, alors que sur une autre électrode l'oxygène de l'air est réduit (il perd ses électrons). Le courant généré entre les deux électrodes sert à alimenter un moteur électrique.

Au sein de l'alliance Renault-Nissan, «c'est vraiment Nissan qui travaille sur la technologie des piles à combustibles» et qui est porteur du projet, a précisé une porte-parole du constructeur français. L'allemand Daimler, lui, travaille depuis 1984 sur la technologie de la pile à combustible. L'électricité est produite au niveau de cette pile grâce à une réaction électrochimique entre de l'hydrogène et l'oxygène de l'air. Cette technologie concurrente des hybrides (double motorisation à essence et électricité) et du tout-électrique, est peu polluante car elle ne rejette que de la vapeur d'eau dans l'environnement.

Daimler a une centaine de voitures, autobus et camions en test et trois Mercedes-Benz ainsi équipées ont parcouru en 2011 plus de 30 000 kilomètres sur quatre continents, un moyen pour le groupe de prouver que cette technologie, qui peine encore à s'imposer, est au point.

Écueils

Plusieurs freins s'opposent à son essor. La première est qu'équiper des véhicules de pile à combustible «nécessite une infrastructure énorme», avec des pipelines pour alimenter les stations services en hydrogène, explique Clément Dupont-Roc, consultant pour le cabinet spécialisé Bipe. Du coup, le réseau d'infrastructures reste embryonnaire, ce qui pourraient faire hésiter les automobilistes à opter pour un tel véhicule. Un autre obstacle est le coût des véhicules, estimé par M. Dupont-Roc entre 100 000 et 150 000 euros (135 000$ et 200 000$). «On s'attend à ce que le prix des piles à combustible diminue de 90% d'ici 10 ans», explique-t-il toutefois.

Le japonais Toyota, aussi en pointe dans ce secteur, vise un modèle de série pour 2015 à 50 000$.

En revanche, «il n'y a pas de problème de maîtrise technologique» par les constructeurs automobiles et la pile à combustible offre une autonomie plus grande que la voiture électrique, indique Daniel Clément, directeur scientifique adjoint à l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie).

Les annonces de coopération dans ce secteur se sont multipliées ces derniers mois. Toyota a signé fin 2012 un protocole d'accord avec ses compatriotes Nissan et Honda et le sud-coréen Hyundai pour vendre des véhicules à pile à combustible dans des pays nordiques à la même date. Toyota vient aussi de s'allier à l'allemand BMW pour concevoir ensemble tous les éléments de propulsion avec une pile à combustible, y compris le réservoir d'hydrogène, le moteur électrique et d'autres composants-clefs, le tout d'ici à 2020. Ils ne s'avancent pas trop en revanche sur une date de commercialisation des véhicules.