Better Place, qui mise sur les stations d'échange de bloc-batteries, quitte le marché nord-américain des véhicules électriques. Le début de la fin pour cette entreprise émergente?

Fondée en Californie il y a cinq ans, cette jeune entreprise a annoncé la cessation de ses activités sur le continent parce que celles-ci sont officiellement «non stratégiques». Better Place a fait le pari que l'avenir du ravitaillement des véhicules électriques passait par l'instauration d'un réseau de stations d'échange de batteries. Une idée loin d'être saugrenue, un principe relativement simple: faire le plein d'énergie électrique en cinq minutes à une station en changeant simplement de bloc-batterie quand nécessaire, moyennant un coût d'abonnement mensuel de 350$. N'ayant pas son propre bloc-batterie, la voiture électrique est par conséquent vendue à un prix moindre.

Pour que cette idée fasse du chemin, il aurait fallu bénéficier de la collaboration de plusieurs constructeurs automobiles afin que ceux-ci construisent des modèles dont le châssis et le groupe propulseur permettent l'échange en quelques minutes. Problème, seul Renault a embarqué dans l'aventure en mettant en marché sa berline électrique, la Fluence, et en participant financièrement au déploiement d'un réseau de stations d'échange.

Du côté des «automobilistes branchés», les convaincus de la première heure n'ont pas été séduit par ce système à l'infrastructure extrêmement lourde et, il faut croire, onéreuse.

«Nous avons démontré que Better Place fonctionne en tant que concept. Nous devons prouver à nos clients, nos fournisseurs et nos investisseurs que nous avons là un modèle durable, évolutif et adaptable, a soutenu dans un communiqué son PDG, Dan Cohen. Pour ce faire, nous nous concentrons à présent sur l'atteinte du plein potentiel de ce que nous avons bâti, c'est-à-dire que nous concentrons nos ressources et nos énergies à court terme sur le Danemark et Israël, où nous avons des clients (ndlr: plus de 750) sur les routes qui apprécient notre réseau. Simultanément, nous avons dû prendre des décisions difficiles concernant les actions à mener ailleurs dans le monde.»

L'Amérique du Nord et l'Australie ont ainsi écopé. Better Place affirme se réserver «la possibilité de reprendre le déploiement de ces marchés lorsque les circonstances le permettront».

En grande difficulté

La situation n'est cependant pas rose dans ses deux seuls grands marchés que sont le Danemark et Israël, lieu de son siège social. Si l'on en croit l'institut d'analyses et de consultants américain Pike Research, Better Place ne compte pas suffisamment d'abonnés à son service en Israël où 24 stations d'échange de batteries ont été construites. Elle aurait également dû contracter un nouvel emprunt pour poursuivre le déploiement de son réseau au Danemark qui compte 12 stations jusqu'à présent.

Better Place fait face à des difficultés financières de plus en plus importantes. L'automne dernier, son président-fondateur, Shai Agassi, a perdu son poste après que les résultats financiers présentés eurent été catastrophiques. Selon le quotidien israélien Haaretz, Better Place a accumulé depuis 2010 des pertes de 477 millions $US et risque de ne plus avoir suffisamment de liquidités à la fin de l'année 2013.

Better Place est à l'agonie? Peut-être pas. Son idée séduit encore. En Slovaquie, aux dernières nouvelles. Mais surtout, les parcs de taxis seraient une clientèle potentielle. Et la gestion d'infrastructures de recharge reste une voie... de garage pour l'entreprise.

«Nous croyons au potentiel à long terme de l'Australie et de l'Amérique du Nord et nous sommes très encouragés par la réponse enthousiaste que nous avons de la part de tous nos clients», soutient le PDG de Better Place, Dan Cohen.

L'échec éventuel de Better Place pourrait ouvrir définitivement la voie à la location de batteries. «La location réduit en amont le coût du véhicule tout en atténuant les incertitudes quant aux performances de la batterie», estime l'institut d'analyses et de consultants Pike Research.

Au client de choisir.