Le gouvernement britannique va construire un segment d'autoroute électrique expérimentale pouvant recharger les véhicules électriques en marche, sans fil ni autre connexion directe. En fournissant de l'électricité tout au long de la route, l'autonomie des véhicules électriques pourrait devenir pratiquement infinie.

Cet essai, qui devrait durer 18 mois, implique l'aménagement sous l'asphalte d'un système de charge par induction électromagnétique (le même principe qui permet de charger sans fil les téléphones cellulaires et les brosses à dents électriques).

En gros, le système fonctionne comme ceci : des bobines électriques logées sous l'asphalte à intervalle régulier sont alimentées par le réseau électrique national. Elles créent un champ électromagnétique juste au-dessus de la route. Chaque véhicule est muni d'une bobine électrique qui réagit au champ magnétique en générant de l'électricité.

Plusieurs constructeurs ont déjà annoncé des systèmes de recharge par induction, mais la plupart de ces initiatives visent des dispositifs de recharge stationnaires, avec une bobine unique enchâssée sous la dalle d'un garage domestique, ou encore placée à des endroits stratégiques du réseau d'autobus municipal (Bombardier Transport a un tel projet).

Autonomie sans grosse batterie

Le segment de route que veut construire Highways England (une division du ministère des Transports) pour ses tests sera aménagé sur une piste d'essai hors du réseau routier. Mais Highways England s'attend à ce que l'expérience acquise mène à la construction d'un premier véritable tronçon d'autoroute électrique. Le ministère des Transports a même évoqué - sans engager le gouvernement - un avenir où tout le réseau des grandes autoroutes de Grande-Bretagne serait électrifié.

Highways England n'a donné aucun détail technique sur l'intensité électrique requise ni sur le risque (s'il y en a un), pour les passagers, du champ électromagnétique créé sur la route. L'organisme gouvernemental a dit que les critères de l'essai seront publiés dans l'appel d'offres.

Volvo a déjà fait de tels essais à Göteborg, en Suède, où un tronçon de 500 m a été aménagé pour la recharge en marche des autobus municipaux, et la technologie est transférable aux voitures personnelles.

Un tel réseau, à terme, permettrait de mettre des batteries moins grosses (et moins lourdes) dans les camions faisant la navette régulière sur des axes routiers électrifiés.

Fils sous la route

Le gouvernement fédéral du Royaume-Uni a une politique d'électrification automobile assez dynamique: il a voté des crédits de 500 millions de livres (1 milliard de dollars) sur cinq ans. L'utilisation de ces sommes n'est pas encore tout à fait détaillée, mais la stratégie d'électrification routière prévoit, à long terme, un réseau national de bornes tous les 32,2 km (20 milles, en fait) sur certaines «routes A» (les autoroutes nationales) du Royaume-Uni.

Ces expériences ne sont pas nouvelles. Au Congrès international de Versailles, en 1997, l'École nationale des ponts et chaussées de France avait présenté un rapport encourageant sur des essais faits avec les technologies disponibles à l'époque.

Le coût d'enchâsser dans les routes des installations sera sûrement un enjeu. La multinationale Siemens propose une alternative bien moins coûteuse mais extrêmement laide: installer des fils au-dessus des autoroutes et munir les camions de transport de pantographes pour capter l'électricité.

Par ailleurs, le gouvernement britannique a annoncé la semaine dernière qu'il prolonge au moins jusqu'à février 2016 le programme de subvention à l'achat de voitures électriques (jusqu'à 5000 livres, soit 10 365 $). Au Canada, le gouvernement fédéral n'a aucun programme de ce genre, mais plusieurs provinces, dont le Québec, en ont.