La tendance est à la hausse, mais elle est fragile par endroits. Les voitures électriques et hybrides branchables ont beau progresser sur les principaux marchés occidentaux de la planète, il n'en reste pas moins que les mesures incitatives gouvernementales n'ont pas toujours les effets escomptés.

C'est ce qui ressort des chiffres de ces marchés publiés récemment par IHS Automotive. Le rapport de la firme américaine d'analyses montre au premier abord que c'est par une série de mesures fortes que l'on parvient à inciter le consommateur à opter pour une voiture électrique ou hybride branchable. La Norvège en est la meilleure illustration. Le pays scandinave a franchi un nouveau cap au premier trimestre de cette année: une voiture neuve immatriculée sur quatre était électrique ou hybride branchable.

Mais quand on y regarde de plus près, on s'aperçoit que les incitations à opter pour cette technologie ne sont pas toujours suffisantes. Trois exemples en soi le démontrent.

Malgré la relative générosité des programmes et du montant des subventions, les États-Unis ont vu ce «marché branché» croître de 0,2% seulement entre le premier trimestre 2014 et le premier trimestre 2015. La voiture électrique y a stagné durant cette période.

«Alors que le gouvernement fédéral accorde jusqu'à 7500 $ US en crédit d'impôt pour continuer à encourager les ventes, l'adoption de ces véhicules est inégale. Les choix et les considérations des consommateurs sont faussés par les subventions supplémentaires offertes par certains États. En plus, les bas prix de l'essence à la pompe sont défavorables à l'achat de tels véhicules», souligne l'analyste de IHS Automotive Ben Scott.

Sur cette même période recensée par IHS Automotive, la France a enregistré la même croissance que l'Allemagne, à quelques points de pourcentage près, alors qu'elle est beaucoup plus généreuse que sa voisine outre-Rhin en matière de subventions à l'achat de «véhicules branchés». «C'est l'illustration que les mesures n'ont pas toujours l'effet catalyseur désiré», souligne l'IHS dans son compte rendu sur le sujet.

À leur corps défendant, les Allemands ne se voient pas proposer grand-chose par leurs constructeurs qui sont en retard dans le domaine de l'électrification des voitures. Leur gouvernement aurait d'ailleurs l'intention d'en faire plus pour favoriser ces véhicules.

La Chine devra faire plus également. Malgré le taux de croissance exceptionnel (+745%) de ces voitures, leur part sur l'immense marché chinois reste infime (0,3%). «De plus amples mesures d'incitation devront être envisagées pour augmenter l'approbation des consommateurs», estime l'IHS.

Le portrait inciterait à la prudence et même au pessimisme si l'on se fiait uniquement aux pourcentages du Japon: les immatriculations sont en baisse (-19%), la part de marché stagne (0,6%). Mais n'oublions pas que nous sommes au pays de Toyota et de la célèbre Prius. Le constructeur ne veut toujours pas investir dans le tout électrique à batterie et la voiture hybride classique reste très prisée chez elle. Sans compter que certaines subventions à l'achat de véhicules électriques sont arrivées à échéance l'an dernier. Ceci expliquant cela.

Et le Canada dans tout ça? Il est à la traîne. Très à la traîne, si on le compare avec la Norvège et les Pays-Bas. Même si le marché de l'électrique progresse continuellement chez nous (+49%), sa part des immatriculations reste faible (0,2%). Et les ventes apparaissent bien faméliques (631 lors du premier trimestre 2015 contre 5760 aux Pays-Bas). Les seuls efforts de certaines provinces ne suffisent pas, il faut croire.

La Norvège a fait de la voiture électrique un véhicule populaire en permettant sa recharge sans frais, son stationnement gratuit et sa libre circulation sur des voies réservées. Elle a éliminé ses frais de douane à l'importation et l'a surtout exonérée de toute taxe. Autant de mesures - fortes - dont le gouvernement fédéral canadien pourrait s'inspirer?