Les régions au climat froid, comme le Québec, doivent avoir plus de bornes de recharge, car les utilisateurs en sont friands, surtout en hiver, selon des experts.C'est devenu un slogan dans l'industrie : rechargez votre véhicule électrique aux mêmes endroits où vous rechargez votre téléphone, soit au travail et à la maison.

L'été, quand l'autonomie de la batterie est au mieux, c'est simple. C'est un peu plus compliqué l'hiver, quand l'autonomie de la batterie peut diminuer de 30 ou 40 % en raison de l'énergie utilisée pour chauffer l'habitacle et de la plus grande résistance qu'offre l'air froid extérieur contre la carrosserie.

L'hiver : 11 recharges par semaine

« Durant l'hiver, les Canadiens propriétaires d'un véhicule rechargeable rechargent la batterie près de 11 fois par semaine en moyenne », a expliqué Daniel Boston, ingénieur à l'électrification et à l'infrastructure des véhicules électriques chez Ford dans le cadre du symposium EVS29 qui avait lieu la semaine dernière à Montréal. « C'est beaucoup plus que ce qu'on voit comme comportement du côté américain. »

Recharge hivernale de la Cadillac ELR, la cousine haut de gamme de la Chevrolet Volt. Photo : GM-Volt.com

Pour M. Boston, les données montrent qu'un réseau de recharge « de destination » (bornes de 240 V, ou de niveau 2) est bénéfique pour les utilisateurs. C'est particulièrement vrai au Québec, où les prix de l'électricité comptent parmi les plus bas en Amérique du Nord, ce qui permet des recharges à bas prix.

« Il faut plus de bornes de niveau 2 dans les climats froids, et elles doivent être plus souvent disponibles, car elles sont utilisées souvent », a-t-il dit.

On compte aujourd'hui plus de 670 bornes publiques de recharge au Québec, dont 638 de niveau 2 et 32 de niveau 3 (bornes rapides, capables de recharger 80 % de la batterie d'une voiture électrique en moins de 30 minutes). Dès l'automne prochain, il sera possible de parcourir Montréal-Mont-Joli sur l'autoroute 20 en rechargeant sa voiture exclusivement sur des bornes rapides. Un projet pour installer ces bornes dans des villages autour de la Gaspésie, et ainsi créer une véritable chaîne panquébécoise de bornes rapides, est en pourparlers.

Adopteurs précoces

Avec moins de 1 % du marché aux États-Unis, les véhicules non polluants sont encore marginaux sur les routes, et ceux qui les achètent sont manifestement des adopteurs précoces.

Jamie Dunckley, analyste à l'Electric Power Research Institute, de Palo Alto, en Californie, a dévoilé lors du symposium EVS29 les résultats d'un sondage mené auprès de 4300 propriétaires de véhicules électriques aux États-Unis, excluant la Californie. « Nous avons volontairement exclu les gens de la Californie, car l'État est perçu pratiquement comme un pays à part entière en matière de technologies et d'adoption précoce », a-t-elle expliqué.

Sur les 280 000 véhicules électriques qui se retrouvent sur les routes américaines (sans la Californie), la majorité a été achetée par des ménages gagnant entre 100 000 $ et 140 000 $ par année. Plus frappant encore : 50 % des propriétaires sondés sont titulaires d'une maîtrise ou d'un doctorat.

« Ça peut paraître surprenant, mais c'est logique quand on parle de gens qui sont des adopteurs précoces », a dit Mme Dunckley.

Les bornes de charge rapide sont de plus en plus courantes à Montréal et elles devraient se répandre dans certaines régions. Photo : David Boily, Archives La Presse

Distance moyenne parcourue par jour : 50 km

La distance moyenne parcourue avec un véhicule électrique dans une journée typique est de 50 km, et la distance annuelle moyenne est d'environ 20 000 km, a-t-elle dit. « Ce qui est étonnant, c'est que c'est aussi vrai pour les propriétaires de Leaf que pour les propriétaires de Tesla.»

Près de la moitié des utilisateurs se sont fait installer une borne 240 V à leur domicile, a-t-elle indiqué. « Aussi, environ 50 % des gens disent recharger leur véhicule sur leur lieu de travail, ce qui bien sûr leur donne plus d'autonomie.»

« Installer des bornes sur les lieux de travail est donc une politique appréciée et qui peut contribuer à favoriser l'expansion du marché des véhicules non polluants », a-t-elle dit. 

Enfin, on peut s'attendre à une hausse rapide du nombre de ces véhicules aux États-Unis et ailleurs. « On trouve un peu plus de 400 000 véhicules rechargeables aux États-Unis. À titre de comparaison, Tesla a enregistré près de 400 000 précommandes dans le monde pour son Model 3, qui doit commencer à être livré à la fin de 2017. Ça donne une idée de la vague de véhicules électriques qui s'apprête à déferler sur les routes. »

Tesla installe un réseau mondial de Superchargeurs, réservés aux voitures de la marque calirfornienne. Photo: Tesla