La lutte contre les changements climatiques ne passe pas par l'électrification des transports, du moins à court terme. C'est ce qu'a laissé entendre le sénateur äul. J. Massicotte, vice-président du Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles. Ce comité vient d'amorcer une étude sur la transition du Canada vers une économie à plus faibles émissions de carbone.

Solution à long terme

Le sénateur Massicotte soutient qu'il y a une psychologie derrière l'achat d'un véhicule, souvent reliée à une question d'égo et de prestige.

« Si on observe à grande échelle un impact similaire à celui qu'a actuellement Tesla, ça pourrait aller plus rapidement, affirme-t-il. Mais je ne crois pas que la voiture électrique soit un choix intéressant pour atteindre les objectifs de réduction de gaz à effet de serre fixés pour 2030 [30 % sous les niveaux de 1990, NDLR]. Je crois plutôt que les efforts actuels vont contribuer à atteindre les objectifs de 2050. En ce sens, la tendance actuelle est très favorable. »

«Pas un choix intéressant» pour atteindre les objectifs de réduction de gaz à effet de serre de 2030. Photo: AP

Moteurs efficaces

« Si les véhicules électriques arrivent à atteindre un taux de pénétration de 5 %, ce qui est considérable, l'impact environnemental serait néanmoins minime», soutient le sénateur Massicotte.

«Ce qui est important, c'est la quantité de gaz carbonique qui sort du tuyau d'échappement. Il faut motiver ou forcer les constructeurs automobiles à être plus efficaces, on atteindra plus rapidement les objectifs de réduction d'émissions polluantes. »

Paul J. Massicotte est aussi d'avis qu'il faudrait imposer la taxe sur le carbone à l'ensemble du pays.

Imposer la taxe sur le carbone à tout le pays? Photo: AFP

La filière de l'hydrogène

Toyota a récemment mandaté une équipe de lobbyistes pour sensibiliser le gouvernement québécois aux bienfaits de l'hydrogène comme source d'énergie verte.

Le constructeur japonais a, semble-t-il, déjà convaincu Paul J. Massicotte, qui, soit dit en passant, est coprésident de l'Association interparlementaire Canada-Japon.

« On peut produire de l'hydrogène avec de l'énergie verte et on est en mesure de l'entreposer, contrairement à l'électricité, soutient le sénateur libéral. Selon Toyota, les véhicules les plus légers pourraient ainsi fonctionner à l'électricité, mais les poids lourds, camionnettes et VUS auraient avantage à être propulsés par l'hydrogène. »

Des lobbyistes de Toyota s'activent à Québec. Photo: AP

Gaz naturel

Produire de l'hydrogène par électrolyse est propre, mais ce serait trois fois plus coûteux qu'en fractionnant du gaz naturel.

Une solution que ne rejette pas le sénateur Massicotte : « Le gaz naturel est un tiers moins polluant que le diesel, fait-il remarquer. Ce pourrait être une solution à moyen terme, une avenue temporaire pour quelques décennies seulement.

Aussi, des poids lourds fonctionnent déjà au gaz naturel, il pourrait y en avoir plus.

Ce serait bien de trouver une formule où l'on ferait appel à l'hydrogène et au gaz naturel. Il faudrait déterminer où leur utilisation est la plus pertinente. »

Produire de l'hydrogène par électrolyse serait trois fois plus coûteux qu'en fractionnant du gaz naturel. Photo: PC

Coup de pouce d'Ottawa

Le sénateur Massicotte est d'avis que le gouvernement fédéral pourrait investir davantage pour faciliter l'utilisation de l'hydrogène comme carburant.

« Le défi majeur, c'est le manque d'infrastructures, a-t-il indiqué.

C'est, selon moi, un rôle naturel pour le gouvernement d'investir dans les infrastructures du pays. Je pense que le fédéral doit s'impliquer dans le développement des énergies vertes, et je ne suis pas convaincu que le montant actuel est adéquat. »

Ottawa pourrait investir pour aider la filière hydrogène, comme c'est le cas ailleurs. Photo: AFP

Rapport

Le rapport du Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles doit être remis en septembre 2017.

Le comité aura entre-temps cherché à déterminer comment les différents secteurs industriels peuvent contribuer à la transition vers une économie à faibles émissions de carbone.

« Le ministre doit étudier notre rapport, a soutenu Paul J. Massicotte. Il ne suit pas toujours nos recommandations, mais bien souvent il peut s'en inspirer. »

Le Sénat s'intéresse aux gaz. Photo: PC