Le gouvernement du Québec en rêve. La Norvège l'a fait. Plus de 100 000 véhicules électriques sont désormais immatriculés en Norvège, pays dont la population - 5 millions d'habitants - est plus petite que celle du Québec.

« Nous voulions atteindre cette cible en 2020, mais nous l'avons fait quatre ans plus tôt, explique en entrevue Christina Bu, secrétaire générale de l'Association des véhicules électriques de Norvège. Désormais, nous voulons atteindre 400 000 véhicules électriques sur les routes en 2020. »

Au Québec, le gouvernement de Philippe Couillard veut voir 100 000 véhicules électriques sur les routes d'ici 2020. Cette cible est loin d'être atteinte : on retrouve actuellement 12 600 véhicules électriques et hybrides « branchables » au Québec.

En Norvège, les véhicules non polluants ne sont pas soumis à la taxe sur la valeur ajoutée (VAT), qui est de 25 % et qui s'applique aux véhicules à essence. Les véhicules à essence sont aussi taxés en fonction de leur poids et de la consommation de leur moteur, ce qui diminue l'attrait des grosses cylindrées.

Résultat : les véhicules électriques sont moins chers à l'achat que des véhicules à essence de taille équivalente. Un élément qui explique le succès des véhicules non polluants en Norvège, selon Mme, Bu, dont l'organisation compte 40 000 membres ; c'est la plus importante du genre au monde.

« Si les gouvernements autour du monde taxaient les véhicules à essence en fonction des dommages réels qu'ils causent à l'environnement et aux générations futures, ils deviendraient moins attrayants. Ne pas le faire, c'est encourager le statu quo. »

- Christina Bu, secrétaire générale de l'Association des véhicules électriques de Norvège

HORIZON 2025

Le bilan en matière d'environnement en Norvège est controversé. Par exemple, la popularité des véhicules électriques en Norvège permet une réduction de 200 000 tonnes de gaz à effet de serre par année. Or, la Norvège est l'un des rares pays européens dont les émissions de CO2 ont augmenté par rapport à 1990 : elles sont en hausse de 23 %, notamment en raison du secteur du pétrole et du gaz. Et, malgré la popularité des véhicules 100 % électriques, ceux-ci ne représentent que 3 % du parc automobile du pays, contre moins de 0,1 % au Québec.

Cela pourrait changer rapidement. Le site Electrek rapportait que 29 % des voitures neuves vendues en Norvège en septembre 2016 étaient des véhicules hybrides branchables, et 19 % étaient des véhicules 100 % électriques. C'est donc dire que près d'un véhicule neuf sur deux vendu en Norvège peut être rechargé à l'électricité, ce qui place le pays au premier rang mondial en termes d'adoption des véhicules non polluants.

Les prochaines années seront cruciales pour la croissance du parc des véhicules non polluants en Norvège : le Parlement a en effet statué que la vente de véhicules neufs fonctionnant aux énergies fossiles cesserait à partir de 2025.

Une cible ambitieuse pour le pays, qui est le treizième producteur de pétrole du monde. « Les incitatifs gouvernementaux servent de pont jusqu'à ce que davantage de véhicules électriques de production de masse, comme le Model 3 de Tesla, arrivent sur le marché et réduisent le prix d'acquisition pour un véhicule de grande autonomie », analyse Electrek.

Christina Bu remarque que les nouveaux propriétaires de véhicules électriques sont nombreux à dire qu'ils ne reviendraient pas en arrière. « Ils deviennent plus conscients des dommages causés par les véhicules à énergies fossiles. Les émanations polluantes, que l'on voyait autrefois comme un mal nécessaire, deviennent de plus en plus obsolètes. Dans quelques années, elles seront vues comme la cigarette : un problème social dont il est grand temps de se débarrasser. »

Photo PIERRE-HENRY DESHAYES, Archives Agence France-Presse

La Norvège compte maintenant plus de 100 000 véhicules électriques immatriculés. Le pays espère que ce nombre atteindra 400 000 en 2020.

Photo DANIEL SANNUM LAUTEN, Archives Agence France-Presse

La Norvège compte maintenant plus de 100 000 véhicules électriques immatriculés. Le pays espère que ce nombre atteindra 400 000 en 2020.