Le désir du président américain de réécrire le grand livre des normes fédérales devrait mener à un relâchement des limites sur la consommation des véhicules vendus aux États-Unis et au Canada.

Ça fait quelques années qu'Ottawa s'aligne sur Washington en la matière. Et si les constructeurs se réjouissent de ce soubresaut législatif, ils n'en laissent rien paraître, des engagements plus sévères ailleurs sur la planète les forçant à garder le cap.

UNE SEULE SOLUTION EN VUE : L'ÉLECTRIFICATION

Ces engagements sont si sérieux qu'ils forceront les constructeurs à considérer une forme ou une autre d'électrification. Au fil des huit prochaines années, le groupe Volkswagen compte notamment lancer 30 nouveaux modèles qui fonctionneront exclusivement à l'électricité.Ça n'inclut pas les véhicules hybrides et hybrides branchables qui seront aussi mis en marché au fil des prochaines années.

« Sans égard aux réformes des normes [américaines], nous comptons accélérer la cadence au fil des prochaines années » pour atteindre ces objectifs, a déclaré le PDG de Volkswagen, Matthias Müller, à l'occasion du salon de Genève, au début du mois de mars.

Même son de cloche du côté de Mazda, dont la gamme de véhicules neufs affiche depuis l'an dernier la plus faible consommation d'essence en Amérique du Nord. Un titre qu'elle ne compte pas laisser aller facilement !

« Nous avons amélioré nos moteurs afin qu'ils respectent les normes d'émissions les plus sévères sur la planète, et nous n'avons aucune intention de changer de stratégie », a confirmé Sandra Lemaitre, porte-parole de Mazda Canada.

DES NORMES PLUS SÉVÈRES, DE L'EUROPE À LA CALIFORNIE

Quoi que Donald Trump fasse au cours des prochains mois, au moins un État américain insistera toujours sur la réduction de la consommation de carburant : la Californie. Sa propre norme impose aux véhicules neufs une consommation moyenne de 54,5 milles au gallon, soit 4,3 litres aux 100 kilomètres, en 2025. Aux yeux des Californiens, les normes nationales ont toujours représenté une copie édulcorée de leurs propres objectifs.

La Californie, le plus important marché automobile sur le continent, ne compte pas délaisser son rôle de leader en la matière. 

Kevin de León, sénateur de l'État de la côte Ouest, a résumé la situation simplement, lors d'une conférence à Lake Tahoe, en janvier dernier. « Nous sommes un des leaders mondiaux de la lutte contre les changements climatiques et nous travaillons fort pour créer l'économie propre de demain. »

L'Union européenne va plus loin encore en ciblant les émissions polluantes plutôt que la consommation. Sa plus récente norme « Euro » remonte à 2015, et la prochaine est attendue en 2021. En imposant une limite aux émissions de gaz carbonique (CO2) de 95 grammes par kilomètre, elle abaissera la consommation moyenne de 5,6 litres aux 100 kilomètres, son état actuel, à 4,1 L/100 km, pour les voitures à essence. Elle sera abaissée à 3,6 L/100 km (contre 4,9 L/100 km, actuellement) pour les voitures au diesel.

De l'aveu même du constructeur, cette norme a presque exclusivement mené le groupe Volkswagen à considérer l'électrification de sa gamme comme stratégie à long terme.