Plusieurs constructeurs de véhicules promettent d'inclure la compatibilité avec des chargeurs sans fil dans leurs modèles électriques futurs. Pouvant être installés dans des stationnements de centres commerciaux aussi bien que sur d'éventuelles autoroutes électrifiées, ces chargeurs promettent de faire tomber une autre contrainte à l'adoption plus généralisée de la technologie électrique.

Aucun véhicule n'est encore sorti de l'usine muni d'un chargeur sans fil, mais ça va changer : d'ici cinq ans, la majorité des constructeurs offriront la recharge sans fil de série, sinon en option, croit Scott Shepard, chercheur principal pour la firme Navigant Research. « Il y a beaucoup de potentiel [pour cette technologie] tant à la maison qu'au bureau ou dans les lieux publics », dit-il. Moyennant au bas mot 4000 $, des fabricants spécialisés, comme Evatran, proposent déjà des ensembles sans fil pour des véhicules électriques comme les BMW i3, Chevrolet Volt, Nissan Leaf et Tesla Model S.

Qualcomm et Renault se sont associés afin de démontrer la faisabilité d'une autoroute électrique pouvant charger des voitures circulant à une vitesse de 110 km/h. Photo: Qualcomm

VERS UNE RECHARGE SANS FIL RAPIDE

Audi, BMW et Mercedes-Benz planchent tous trois sur leur propre solution de chargement sans fil rapide, en vue d'une mise en marché aussi tôt que l'an prochain. D'autres constructeurs, dont Nissan, ont des prototypes qu'ils souhaitent probablement mettre en marché un jour, mais aucune date officielle n'a été avancée. Dans tous les cas, l'objectif est d'offrir une capacité de chargement comparable à celle d'un chargeur pour la maison de type 2, c'est-à-dire de 7,2 kilowatts, à 240 volts. Rien n'est parfait : une partie de l'énergie risque d'être perdue en fonction de la distance entre le chargeur et le récepteur.

SE BRANCHER FREINE L'ADOPTION 

Selon certains constructeurs, brancher les véhicules électriques serait une tracasserie qui ralentit leur adoption.

Un sentiment qui trouve écho dans les transports en commun : stationner un autobus électrique le temps de le charger n'est pas optimal. Depuis trois ans, la communauté de Milton Keynes, en Angleterre, a donc déployé huit autobus sur une « route électrique » dotée de plaques de chargement par induction à certains arrêts. Les autobus s'y arrêtent 13 minutes, le temps de faire monter les passagers et de charger les piles, ce qui suffit pour ajouter 25 km d'autonomie au véhicule. Arriva, la société qui gère les autobus, qualifie l'opération de succès, et compte acheter 11 autobus électriques de plus sous peu.

L'autobus à recharge par induction Arriva. Photo: Arriva

La société californienne Qualcomm et le constructeur français Renault ont démontré qu'il est possible de charger à hauteur de 20 kilowatts une voiture alors qu'elle circule sur l'autoroute à une vitesse de 110 km/h. Depuis le printemps dernier, un tronçon de 100 m d'autoroute à Satory, près de Versailles, à Paris, est ainsi capable de charger plus d'un véhicule à la fois, circulant dans les deux sens. C'est un peu court pour le moment, mais étirées sur plusieurs centaines de mètres, de telles zones assureraient une autonomie prolongée substantielle aux véhicules compatibles, assure Steve Pazol, qui supervise le projet chez Qualcomm. « C'est le futur de la mobilité urbaine », croit-il.

UNE OCCASION À SAISIR POUR LE QUÉBEC

Avec son hiver rigoureux et la condition particulière de son réseau routier, le Québec n'est peut-être pas le lieu idéal pour encastrer des chargeurs sans fil à même ses boulevards ou ses stationnements. Cette situation représente peut-être une occasion à saisir pour l'industrie locale, nuance toutefois Luc Arbour, expert montréalais en automobile et vice-président de l'agence Bleublancrouge. « Le chargement sans fil au Québec va demander des composants robustes, mais c'est clair qu'une technologie développée pour les conditions d'ici pourrait être adoptée partout dans le monde, en Californie comme dans les pays du nord de l'Europe », croit-il.