Une étude publiée par des chercheurs britanniques dans le Journal of Applied Energy concluait le mois dernier qu'au Royaume-Uni, au Japon et aux États-Unis, posséder une voiture électrique revient moins cher qu'en avoir une à essence ou au diesel. Qu'en est-il au Québec et au Canada ?

« AUSSI SURPRENANT QU'ENCOURAGEANT »

Pour arriver à cette conclusion, James Tate et Kate Palmer, chercheurs à l'Université de Leeds, à mi-chemin entre Londres et Édimbourg, ont comparé le coût total de possession annuel de véhicules à moteur thermique, électrique, hybride et hybride branchable, amorti sur une période de quatre ans.

Ça comprend la dépréciation, les taxes, l'entretien, la prime d'assurance et la consommation de carburant ou d'électricité. En Angleterre, la voiture la plus abordable selon ce calcul est celle dotée exclusivement d'un moteur électrique (environ 17 000 $/an), suivie des voitures diesel (20 000 $/an) et à essence (21 000 $/an), de l'hybride essence-électrique (21 500 $/an) et, enfin, de l'hybride branchable (25 000 $/an). « C'est aussi surprenant qu'encourageant », ont-ils déclaré au quotidien anglais The Guardian.

Le moteur d'une Chevrolet Bolt. Photo: GM

TOUT EST DANS LE PRIX

Évidemment, le coût le plus important dans la vie du véhicule demeure son prix d'achat.

C'est aussi le principal écueil freinant l'émergence des véhicules électriques.

En Angleterre, le gouvernement accorde un rabais pouvant atteindre 7675 $ (4500 £) à l'achat des véhicules électriques les plus récents (une somme qui grimpe à 13 650 $ pour des véhicules commerciaux électriques).

C'est donc moins qu'au Québec, où l'aide gouvernementale est de 8000 $, mais où, comparativement, le prix des véhicules électriques est un peu plus élevé par rapport aux modèles à essence.

Au rythme où les constructeurs accroissent leur capacité de production, les chercheurs de Leeds s'attendent à ce que d'ici 2025, une voiture comme la Nissan Leaf soit plus abordable qu'une voiture à essence comparable sans rabais particulier.

Une borne 240V. Photo: Bloomberg

LES HYBRIDES BRANCHABLES, LA PIRE SOLUTION ?

Selon l'étude de l'Université de Leeds, les véhicules hybrides branchables représentent la pire option.

Le véhicule coûte plus cher, et les frais d'entretien et d'assurance demeurent élevés. C'est vrai en théorie, mais pas en pratique : ça varie d'un automobiliste à l'autre, nuance Martin Archambault, porte-parole de l'Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ). « Il y a beaucoup de propriétaires d'une Chevrolet Volt qui ne feront le plein qu'une ou deux fois par an, ce qui peut réduire le coût de ces modèles. » N'empêche : avec deux moteurs à bord, ça double certains frais, admet-il. « La meilleure solution, c'est un seul moteur, et un moteur électrique. »

Une borne électrique rue St-Antoine. Photo: David Boily, La Presse 

L'ÉCONOMIE PLUS IMPORTANTE QUE L'ÉCOLOGIE

En abordant la motorisation automobile sous l'angle du coût d'utilisation, cette étude jette une lumière différente sur les voitures électriques : ce qui était au départ un phénomène émergent attirant les férus de nouvelles technologies puis une solution écologique devient soudainement une avenue économique qui intéressera ainsi davantage le grand public, constate M. Archambault. « L'argent est un facteur plus déterminant pour la plupart des consommateurs. » Le seul enjeu écologique ne suffit plus pour encourager l'adoption de véhicules plus propres. L'électrification devient graduellement le meilleur des deux mondes, conclut-il.

QUEL EST LE COÛT TOTAL DE POSSESSION DE VOTRE AUTO

Au Canada, le CAA propose sur son site web un outil permettant de calculer le coût annuel moyen de votre véhicule qui comprend lui aussi les éléments utilisés dans l'étude britannique. On y découvre ainsi qu'un VUS compact typique a un coût total annuel moyen établi à 12 461 $. Par comparaison, une voiture compacte a un coût total annuel moyen de 8768 $. Dans les deux cas, le coût du carburant est de 2456,76 $ et de 1872 $, respectivement, si on parcourt 20 000 km par an. Au Québec, une voiture électrique a un coût énergétique par kilomètre de 2 cents, pour un coût annuel moyen évalué à 320 $ sur cette même distance.