Les constructeurs automobiles européens estiment que la Commission européenne a gravement sous-estimé l'impact d'un développement trop rapide des véhicules électriques sur les emplois dans le secteur, s'appuyant sur un rapport publié mardi.

«La Commission reconnaît que les véhicules électriques à batterie pleine sont moins gourmands en main-d'oeuvre que les véhicules équipés d'un moteur à combustion interne», mais elle «sous-estime l'impact négatif (en matière d'emplois, ndlr) de ses propositions» concernant les limites d'émissions de CO2, affirme l'Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) dans un communiqué.

Le projet de loi «Mobilité propre» durement critiqué

Cette critique abrupte de l'une des mesures phares du projet de loi «Mobilité propre» de la Commission intervient à quelques jours d'un vote important au sein de la commission Environnement du Parlement européen sur ce pan de la législation à réviser.

Début novembre 2017, l'exécutif européen avait proposé d'imposer une réduction de 30 % de la moyenne des émissions de CO2 des voitures particulières d'ici 2030.

«La totalité de la chaîne de production européenne devra se transformer à un rythme soutenable», plaide Erik Jonnaert, secrétaire général de l'ACEA, cité dans le communiqué.

Le Parlement européen et le Conseil (les États membres) sont actuellement en train de discuter de leurs positions respectives vis-à-vis de cette proposition, avant de pouvoir entamer des négociations entre institutions.

Un assembleur travaille sur une Audi TT près de Budapest. Photo Reuters

Réduire de 50 % des émissions de carbone d'ici 2030

Un projet de rapport de la commission Environnement du Parlement, qui sera voté la semaine prochaine, avance des objectifs beaucoup plus ambitieux: une réduction de 50 % des émissions de carbone d'ici 2030, ainsi que des objectifs ambitieux en matière de production de véhicules à faibles émissions.

Selon l'eurodéputée Verts Rebecca Harms, ce vote s'annonce serré.

Le rapport de la commission Environnement est un préambule à la position du Parlement qui sera votée vraisemblablement en octobre.

Mais selon l'ACEA, une «marche forcée» dans la production de véhicules électriques serait très pénalisantes pour l'industrie automobile, et plus encore «de façon disproportionnée» les équipementiers.

L'auto électrique requiert moins de main d'oeuvre

La production et la maintenance des véhicules équipés de batteries électriques requiert moins de main d'oeuvre car leurs technologies est moins complexe et ils contiennent moins de pièces détachées, rappellent les constructeurs.

L'industrie automobile représente plus de 11 % des emplois dans l'industrie manufacturière, souligne l'ACEA, une moyenne qui monte à plus de 20 % dans 14 régions de l'UE (en République tchèque, Allemagne, Italie, Slovaquie, Hongrie, Roumanie, Suède et Royaume-Uni).