Tout le brouhaha qui entoure la disparition du Grand Prix du Canada ne doit pas nous faire oublier qu'il y a un championnat du monde en cours!

Eh oui! nous sommes déjà à l'avant-veille de la fin de la saison. Plus que deux courses et on saura qui va remporter le titre. À Shanghai, on voit que les écuries ont mis les bouchées doubles; les mécanos n'ont jamais autant travaillé! Les Ferrari et Lewis Hamilton, sur McLaren, ont travaillé dur, c'est sûr, mais ils ne sont pas les seuls. Fernando Alonso a fait 36 tours pendant la deuxième séance d'essais. C'est presque un demi-Grand Prix! À le voir tourner comme ça, tu finis par te demander: «Jamais deux sans trois?» Après ses victoires à Singapour et au Japon, est-ce qu'il va se payer aussi la Chine?

 

Bref, tout le monde affûte ses armes pour cette avant-dernière course de la saison. Ce qui est fantastique, c'est qu'il y a toujours trois pilotes qui peuvent enlever le titre: Lewis Hamilton, Felipe Massa et Robert Kubica. Oui, oui, le Polonais peut toujours théoriquement remporter le championnat. Le suspense pourrait se terminer demain, par contre. Hamilton a cinq points d'avance sur Massa. S'il marque six points de plus que le Brésilien, c'est terminé. Hamilton est champion.

Peu importe ce qui arrive, on a connu une des plus belles saisons de l'histoire. C'est fantastique de voir un jeune comme Hamilton se hisser si haut après seulement deux ans en F1. Les pilotes nous ont vraiment donné de belles courses.

C'est une bonne nouvelle pour le sport, surtout après les scandales du président Max Mosley et avec la situation économique qui se pointe à l'horizon. Peut-être que la F1 a réalisé tout d'un coup qu'elle n'était plus intouchable. Qu'il fallait que les dirigeants suivent la vraie vie.

Preuve que rien n'est acquis: l'annonce du retrait du Grand Prix de France. La Fédération française du sport automobile ne veut plus s'en occuper, car elle n'en a plus les moyens. Le circuit de Magny-Cours est situé dans la région la plus pauvre de France et le principal bailleur de fonds était la région elle-même. Pourtant, la F1 fait partie du patrimoine français. Ça fait 50 ans que la France présente un Grand Prix. Les grandes entreprises françaises sont toutes passées par les paddocks et l'industrie automobile est majeure en France. Si ce Grand Prix disparaît, ça en dira long sur la fidélité de Bernie Ecclestone!

Pour l'instant, il y a six projets sur la table pour ramener la F1 en France. Le projet préféré d'Ecclestone, au Disneyland de Paris, est irréalisable. Les villages environnants ne veulent pas de la F1, qu'ils considèrent comme une nuisance. Un autre groupe intéressé est celui d'Alain Prost et du géant des médias Lagardère. Évidemment, Prost n'investirait pas un sou - ce n'est pas son genre! - mais il servirait de conseiller.

Tout ça pour dire que cette nouvelle arrive à point nommé pour le Grand Prix du Canada. Ça prouve que nous ne sommes pas les seuls à en arracher avec les prix exorbitants de Bernie. C'est aussi un autre signe que la maison F1 est en feu. Mosley a été clair: c'est fini la rigolade, il faut couper. C'est tellement clair qu'il vient d'imposer un moteur unique pour toutes les voitures. Ce sera vrai aussi pour la boîte de vitesses. La F1 risque de ressembler beaucoup à des GP2, qui roulent toutes avec des moteurs Renault, mais ça, c'est une autre histoire.

Dans une semaine, les patrons d'écuries vont se réunir avec le président de la FIA. Il sera question de la réduction des coûts, mais aussi de la grogne des constructeurs devant la disparition des courses en Amérique du Nord. Avec ce qui se passe depuis deux semaines, les patrons d'écuries vont se demander si les prix élevés exigés par Bernie ne sont pas en train de leur nuire. À ces coûts-là, plus personne ne va pouvoir présenter un Grand Prix bientôt...

Certes, Ecclestone peut bien rêver de faire des courses dans des circuits en verre, des circuits souterrains ou, pourquoi pas, dans des lignes de métro. Mais je suis loin d'être certain que c'est ce dont le sport a le plus besoin présentement.