Di Grassi, qui pilote pour ABT Schaeffler Audi Sport, a mené de bout en bout et remporté la première course du programme double au ePrix de Formule électrique (FE) de Montréal, samedi.

Jamais véritablement inquiété par ses rivaux, le Brésilien a devancé au fil d'arrivée les coéquipiers de l'équipe Techeetah Jean-Éric Vergne et Stéphane Sarrazin par respectivement 0,350 et 7,869 secondes.

«Je viens de connaître ma meilleure journée en FE!», s'est exclamé di Grassi.

«J'ai amassé 28 points de classement au bon moment, a-t-il ajouté. Vous savez, la Formule E peut vous offrir le meilleur comme le pire dans un seul tour, et une seule mauvaise décision peut tout changer. Vous ne savez jamais.»

Il n'y a probablement personne de mieux placé que son seul rival au championnat des pilotes et champion en titre de la série, Sebastian Buemi, pour comprendre son point de vue. Le Suisse, qui s'est amené à Montréal avec un coussin de 10 points devant di Grassi, croyait avoir terminé quatrième après s'être élancé du 12e rang sur la grille à cause d'une pénalité de 10 places. Sauf que les commisaires ont déterminé que sa deuxième voiture - celle qu'il avait endommagée en matinée - ne respectait pas le poids limite, et en conséquence il a été disqualifié.

Le coéquipier de di Grassi chez ABT Schaeffler Audi Sport, Daniel Abt, a donc terminé quatrième, devant Sam Bird et Nicolas Prost.

Plutôt que de mener par six points, Di Grassi mène maintenant le championnat des pilotes par 18 devant Buemi, ce qui signifie que même s'il restera 29 points en jeu dimanche, le Brésilien est largement le favori pour devenir le nouveau champion de FE.

Déjà échaudé par sa quatrième place avant d'apprendre qu'il était disqualifié, Buemi s'en est pris à de nombreux pilotes qui ont croisé son chemin dans la ligne des puits à l'issue de la course.

«J'ai voulu m'expliquer avec deux pilotes, a minimisé Buemi. À un certain moment, le but n'est pas de faire un accident dans le premier virage, car certains pilotes prennent vraiment des risques inconsidérés - ç'a plié la géométrie d'une de mes roues avant, donc j'ai roulé toute la première moitié de la course avec une voiture tordue -, mais bon, on commence à les connaître. Ils sont comme ça depuis trois ans.»

Le moins qu'on puisse dire, c'est que Buemi ne l'a pas eu facile samedi. Après s'être retrouvé coincé au coeur du peloton dans le premier virage après le départ, il a dégringolé en 16e position.

Le Suisse a alors orchestré une lente remontée, qui a été brièvement ralentie par un incident à la sortie de la ligne des puits au 16e tour, après le changement de bolides.

En tentant de sortir des puits, Buemi a coupé involontairement le coéquipier de di Grassi, Daniel Abt. Dans un incident rappelant celui entre Lewis Hamilton et Sebastian Vettel en Formule 1 survenu à Bakou il y a quelques semaines, Abt a alors accéléré brusquement et embouti violemment l'arrière de la voiture de Buemi.

«C'est sûr que Abt, son geste n'était pas correct, a dit Buemi, visiblement irrité. Il est allé au-delà du correct... C'est un pilote vraiment sale. Nous sommes supposés rouler à 50 km/h dans la ligne des puits, mais il a vraisemblablement oublié et m'est rentré dedans de plein fouet.»

Après avoir démontré en piste son mécontentement à Abt, Buemi a utilisé son «fanboost» au 24e tour afin d'être propulsé en sixième place.

L'abandon de Lopez au 24e tour a provoqué un drapeau jaune et éliminé du même coup la confortable avance de di Grassi devant Vergne et Sarrazin, mettant du même coup la table pour la fin de la course.

Di Grassi a connu une bonne relance, au 28e tour, tandis qu'à l'arrière Buemi poursuivait son ascension en se hissant quatrième, devant Felix Rosenqvist.

«Je savais que «JEV» (Jean-Éric Vergne) était très rapide et que s'il en obtenait l'opportunité, alors il m'attaquerait, a expliqué di Grassi. J'ai donc essayé de préserver le plus d'énergie possible derrière la voiture de sécurité et j'ai explosé à la relance. C'était une bonne décision.»

Buemi a bien tenté une dernière attaque et s'est même retrouvé à la hauteur de Serrazin à quelques reprises au cours du dernier tour, mais il n'a pu compléter la remontée - avant d'être disqualifié.

«J'essayais de préserver de l'énergie et je l'ai vu freiner très, très tard, a confié Sarrazin, à propos du dernier virage. Nous étions côte à côte, et il m'a bousculé un peu, mais c'était le dernier tour donc je devais défendre ma position - même si j'étais conscient qu'il (Buemi) lutte pour le titre.»

La course, d'une durée de 35 tours, s'est déroulée sous un soleil radieux, et le thermomètre a indiqué 24 degrés Celsius.

La saison de FE se terminera dimanche avec la présentation de deux séances d'essais libres, une de qualifications et la deuxième course (de 37 tours). À l'issue de cette épreuve, le champion de la troisième saison d'existence de la série sera couronné.

«Nous avons fait du bon boulot aujourd'hui (samedi), mais demain sera une autre journée complètement différente, a résumé di Grassi. Nous tenterons simplement d'émuler nos performances.»