Sept ans après avoir vu sa carrière en F1 stoppée net par un accident en rallye qui l'a laissé handicapé, Robert Kubica est donné favori pour un volant chez Williams en 2018, à l'issue d'une saison de lobbying sur et hors des circuits.

Pressenti pour remplacer Felipe Massa, le Polonais participera à des essais avec l'écurie britannique et le fournisseur de pneumatiques Pirelli à Abou Dhabi mardi et mercredi prochain, qui s'annoncent déterminants pour son avenir.

C'est en effet la première fois qu'il pilotera une Williams de 2017, après deux séances de roulage, qualifiées de «réussie» et de «productive», au volant d'une monoplace de 2014 ce mois-ci.

Il restera alors à prouver au jeune trentenaire qu'il ferait une meilleure recrue que les autres candidats, le Britannique Paul di Resta, pilote de réserve de Williams, l'Allemand Pascal Wehrlein, qui ne devrait pas être prolongé chez Sauber, les Russes Daniil Kvyat, remercié par Red Bull, et Sergey Sirotkine, troisième pilote Renault qui sera également testé à Abou Dhabi.

Dans cette photo prise le 29 juillet 2010 Robert Kubica répond è une question avant le GP de Hongrie. Sept ans après avoir failli perdre un bras, il pourrait revenir en F1 en 201 chez Williams. Photo: AFP

Aussi doué que Lewis Hamilton, dit Nico Rosberg

Williams n'est en fait pas la première à jeter son dévolu sur le revenant, dont le retour en F1 est désormais piloté par le champion du monde 2016 et jeune retraité Nico Rosberg, qui clame: «Robert a un talent à part. Avec Lewis (Hamilton), c'est le meilleur pilote que j'ai vu en vingt ans de carrière».

Entre juin et août, le vainqueur du Grand Prix du Canada 2008 a retrouvé Renault, sa dernière écurie, pour des essais qui, s'ils se voulaient d'abord discrets, ont vite fait bruisser le paddock de rumeurs.

La vie de Kubica, arrivé en F1 en 2006, a basculé le 6 février 2011, au rallye Ronde di Andora, en Italie. Sorti de route à haute vitesse, il a perdu le contrôle de sa voiture et heurté une barrière de sécurité.

Handicapé

Sa jambe et son bras droits notamment ont été très abîmés et son retour en F1 avec Renault, devenue Lotus, retardé au grès des opérations chirurgicales, est apparu définitivement compromis en 2012.

«Avant mon accident, la F1 représentait 90% de ma vie. Quand vous perdez ça en un jour, ça n'est pas facile», confiait-il pudiquement en août. «Ca été des années très longues, avec des périodes difficiles.»

Mais le Polonais n'a pas abandonné, pilotant à nouveau en rallye à partir de juillet 2012. Début 2016, il s'est essayé à l'endurance. Annoncé en Championnat du monde avec l'équipe privée ByKolles Racing en 2017, il a toutefois renoncé après seulement quelques tours d'essais, sa voiture rencontrant trop de problèmes techniques.

Son retour vers la F1, par contre, allait s'enclencher.

L'ex-champion du monde Nico Rosberg a mis tout son poids derrière un retour de Kubica en F1. Il s'est joint au groupe qui gère la carrière du Polonais. Photo: AFP

«Plus de limitations dans la vie» que dans un cockpit

«Mon bras n'est pas à 100%, mais j'ai plus de limitations dans la vie qu'en pilotant une Formule 1», assurait-il après ses tests avec Renault, à bord d'une monoplace de 2012 puis de 2017, lors des essais de Budapest, habituellement réservés aux recrues. Un comble à 32 ans, avec 76 GP et quatre saisons et demi à son compteur !

«Les mouvements de volant sont assez limités», expliquait le Polonais, sur le volant duquel les boutons ont été repositionnés, notamment pour lui permettre de passer les vitesses avec la main gauche. «L'espace (dans le cockpit) est mon problème principal, mais les voitures de 2017 sont plus grandes, ça aide et ça me convainc que mes limitations n'altèrent pas mon pilotage.»

Pressenti pour remplacer le décevant Jolyon Palmer, Renault lui a finalement préféré en cours de saison Carlos Sainz Jr, dans le cadre d'un accord plus large sur la fourniture de ses moteurs.

«Robert a quand même des limitations autour de son bras droit», justifiait Cyril Abiteboul, le patron de Renault Sport Racing, interrogé par l'AFP.

«Il a développé des capacités surhumaines qui lui permettent de compenser, mais on ne peut pas toujours compenser, poursuivait-il. Il y a des situations (au départ, sous la pluie) dans lesquelles la compensation pouvait trouver ses limites. C'était un pari trop risqué pour nous comme pour lui.»

Et pour Williams?

Cette photo montre la rambarde de métal qui a failli arracher tout le bras de Robert Kubica en passant à travers sa Skoda le 6 février 2011 lors d'un accident au rallye Ronde di Andora, en Italie. La main qu'il a failli perdre pourrait tenir un volant de F1 l'an prochain. Photo: AP