Les pilotes de Formule 1 n'ont pas caché leur dédain pour le «halo», le nouveau système de protection frontale obligatoire installé sur leurs monoplaces.Mais ils se sont rapidement habitués à ce dispositif, et la saison prendra son envol en Australie dans trois semaines avec peu de plaintes au sujet de ce bouclier bizarre qui a pour vocation de protéger la tête des pilotes en cas de choc avec un objet propulsé dans les airs.

La plupart disent que, aussi peu esthétique que la structure puisse paraître, cela n'aura pas d'impact majeur sur la compétition.

«Ça ne dérange pas du tout»

«Je ne vais pas vous mentir, je ne l'aime pas, a affirmé le pilote de Toro Rosso, Pierre Gasly. Mais honnêtement, quand vous conduisez, vous ne le voyez pas vraiment, vous faites attention à d'autres choses, donc cela ne vous dérange pas du tout.»

Certains pilotes ont testé le halo l'année dernière, mais les essais effectués cette semaine - qui ont pris fin jeudi - leur ont donné un premier aperçu de ce qui les attend cette saison.

«Quand vous êtes assis dans la voiture, vous ne voyez que le pilier central et une petite partie de la portion plus large, mais vous ne regardez pas là de toute façon. C'est un petit objet au milieu et c'est tout. Je m'y suis habitué et c'est ok, a déclaré Valtteri Bottas, pilote de Mercedes. Il a fallu un peu de temps pour s'y habituer mais ça va. Ça ne dérange rien.»

Le halo constitue le plus grand changement en F1 cette saison, modifiant de manière significative l'apparence des voitures avec cette structure qui monte sur le cockpit pour protéger la tête des pilotes.

Les puristes se sont plaints lorsque l'introduction du halo a été annoncée, affirmant que cela changeait la nature de la série des monoplaces à roues ouvertes.

«Je ne suis pas impressionné par tout cela, a déclaré le patron de l'équipe Mercedes, Toto Wolff, la semaine dernière. Si vous me donnez une tronçonneuse, je l'enlèverais. Je pense que nous devons veiller à la sécurité des pilotes, mais ce que nous avons mis en oeuvre n'est pas esthétique. Nous devons trouver une solution qui a une plus belle apparence.»

Valtteri Bottas au volant de sa Mercedes. Photo AFP

«Si ça sauve une vie...»

La FIA a déclaré que le halo était la meilleure option disponible pour limiter le risque de blessures à la tête comme celles qui ont provoqué la mort du pilote français Jules Bianchi et du pilote britannique IndyCar Justin Wilson il y a quelques années.

Il est censé réduire l'impact potentiellement mortel d'objets tels qu'une roue perdue après un accident, et protéger la tête des pilotes lors de collisions avec les éléments extérieurs.

«Il y a place à amélioration avec le halo, a déclaré le pilote Renault Carlos Sainz. Esthétiquement, ça ne fait pas partie de l'ADN de la Formule 1. Il est également difficile d'entrer et de sortir de la voiture à cause de cela. Mais si cela sauve une vie dans 10 ans, chaque personne dans le paddock sera reconnaissante.»

Le pilote québécois Lance Stroll a abondé dans le même sens.

«Je ne suis pas un grand fan du halo, pour être sincère. Par contre, je reconnais que ça va aider la sécurité des pilotes en piste. Si je suis dans la voiture et que le halo peut aider à réduire les risques d'incident, alors je suis pour. Je me plains car ce n'est pas très beau, mais en même temps je comprends son importance.»

Les craintes sur la vue des pilotes ne se sont pas avérées

Une des préoccupations au sujet du halo, c'était le risque qu'il réduise la vue des pilotes sur la piste, les empêchant de voir les panneaux de sécurité et les drapeaux. Mais après les quatre jours d'essais au circuit de Catalunya-Barcelone cette semaine, la plupart ont affirmé que ce n'était pas un problème.

Les équipes ont également souligné que le dispositif affectait considérablement l'équilibre et l'aérodynamisme des voitures.

«C'est un poids énorme en haut de la voiture, ça fausse son centre de gravité, a analysé Wolff. Aussi impressionnant que ce soit qu'on puisse y mettre un autobus dessus, il ne faut pas oublier que c'est une Formule 1.»

Le double champion du monde Fernando Alonso a déclaré que tout ce qu'on peut maintenant faire, c'est accepter le halo et passer à autre chose.

«Encore une fois, il s'agit d'un dispositif de sécurité. Il s'agit de la protection de la tête des pilotes, donc il ne devrait avoir aucun débat là-dessus, tant que c'est un dispositif de sécurité, a déclaré Alonso à Sky Sports. Oui, l'esthétique fait défaut en ce moment, et à l'avenir, je suis sûr que le sport et les équipes trouveront un moyen de le rendre un peu plus attrayant.»