Des ONG se sont inquiétées de la situation des droits humains à Bahreïn auprès des organisateurs du Grand Prix de Formule 1 qui doit se tenir du 29 au 31 mars dans ce pays du Golfe, selon des lettres consultées mercredi par l'AFP.

Les 17 ONG, dont Human Rights Watch (HRW), ont soulevé dans une lettre en date du 6 février adressée aux organisateurs de la course automobile le cas d'une Bahreïnie, Najah Yousif, qui a été condamnée, selon eux, à trois ans de prison pour avoir critiqué l'édition 2017 du Grand Prix de F1.

Dans une lettre de réponse aux ONG, les organisateurs ont indiqué que les autorités de Bahreïn avaient assuré aux dirigeants de la F1, le 4 mars, que le cas de cette Bahreïnie n'avait rien à voir avec la course automobile.

Condamnée pour

Mme Yousif a été condamnée pour « diffusion d'informations fausses et partiales » sur la situation à Bahreïn et pour des appels à des « actes terroristes », écrivent les organisateurs de la course, citant les autorités de Manama.

Dans un communiqué, Aya Majzoub, chargée de recherches sur le Moyen-Orient à HRW, a estimé qu'il serait « absurde » de croire les autorités de Bahreïn qui assurent ne pas vouloir inquiéter ceux qui contestent pacifiquement le Grand Prix, compte-tenu de la répression de manifestants dans le passé.

PHOTO HAMAD I MOHAMMED, REUTERS

Le Prince Salman bin Hamad al-Khalifa (au centre) marche aux côtés de l'ancien patron de la F1 Bernie Ecclestone au moment de leur arrivée au Circuit de Sakir, avant le GP de Bahreïn le 21 avril 2013.

Bahreïn, siège de la Ve flotte américaine, est en proie à des troubles sporadiques depuis 2011, date à laquelle les autorités ont réprimé des manifestations chiites exigeant des réformes politiques.  

Un soulèvement au printemps 2011 avait entraîné l'annulation du GP de F1 et des centaines d'opposants ont été emprisonnés ou déchus de leur nationalité, y compris des sportifs.

Appel au boycott du GP de Bahreïn

Réfugié en Australie, le footballeur bahreïni Hakeem al-Araibi a demandé aux fans de F1 de boycotter le Grand Prix de Bahreïn si Najah Yousif n'était pas libérée, dans une tribune publiée le 28 février dans le quotidien anglais The Guardian.

Ce footballeur de 25 ans est revenu à Melbourne en février après avoir été détenu 70 jours à Bangkok où il était en voyage de noces, après une demande d'extradition de Bahreïn.

Les autorités de ce royaume l'accusent d'avoir endommagé un poste de police pendant des manifestations d'opposants chiites dans le sillage du Printemps arabe.

Sa détention avait suscité une vague d'émotion mondiale et Bahreïn avait finalement retiré sa demande, tout en maintenant les poursuites, alors que l'Australie lui accordait l'asile.

PHOTO MOHAMMED AL-SHAIKH, AFP

Un jeune manifestant masqué entre deux affrontements avec la police anti-émeute le 19 avril 2013, pendant le GP de Bahreïn. Les Bahreïniens profitent souvent du GP de Bahreïn pour exiger des réformes dans cette monarchie totalitaire.