On prend les mêmes et on recommence ? Pas vraiment... Si l'opposition Lewis Hamilton (Mercedes) -Sebastian Vettel (Ferrari) promet de demeurer l'enjeu phare de la saison 2019 de Formule 1, qui débute dimanche en Australie, tout le reste ou presque change.

À commencer par l'aérodynamique des monoplaces, simplifiée dans le but de faciliter les dépassements, et les visages sur la grille. Seules Mercedes et Haas conservent la même paire de pilotes : le Polonais Robert Kubica et le Russe Daniil Kvyat reviennent et quatre recrues (les Britanniques George Russell chez Williams et Lando Norris chez McLaren, l'Italien Antonio Giovinazzi chez Alfa Romeo Racing et le Thaïlandais Alexander Albon chez Toro Rosso) débarquent.

En 2017 et 2018, Vettel, 31 ans, et Hamilton, 34 ans, se sont opposés pour le titre. Chaque fois, c'est le Britannique qui est sorti vainqueur, récompensé pour son sang-froid et sa constance quand l'Allemand et la Scuderia enchaînaient les bévues.

Hamilton «plus fort que jamais», Vettel sous pression

Sortant d'une des meilleures de ses douze saisons en F1, qui lui a permis d'égaler l'Argentin Juan Manuel Fangio avec cinq couronnes mondiales, Hamilton assure se sentir « plus fort que jamais ».

Est-ce le cas de Mercedes, qui vise un sixième doublé consécutif pilotes et constructeurs inédit ? Les essais d'avant-saison ont semé le doute, Ferrari semblant avoir profité du changement de règlementation technique pour creuser l'écart.

Mais l'écurie allemande peut bluffer. Surtout, elle a prouvé l'an dernier que, partie d'un moins bon pied, elle était capable de refaire son retard.

Pour sa rivale italienne, la problématique est toute autre. Va-t-elle être capable de libérer Vettel de la pression et du doute qui semblent le rattraper à mi-saison ? Va-t-elle arrêter de se tirer des balles dans les pneus, comme lorsqu'elle a annoncé à Kimi Räikkönen en marge du GP d'Italie qu'il ne serait pas reconduit ?

Le constructeur, qui a changé de tête après la mort en juillet de Sergio Marchionne, a dit adieu à Maurizio Arrivabene, qui dirigeait l'écurie depuis 2014 après avoir travaillé pour le commanditaire Philip Morris, pour le remplacer par le directeur technique Mattia Binotto. Homme de terrain contre homme d'appareil.

La Scuderia devra aussi accompagner sa recrue Charles Leclerc, second pilote le plus jeune à rejoindre ses rangs, à 21 ans.  

Verstappen près d'éclore ?

Vite dans le coup pour sa première saison en F1 chez Sauber l'an dernier, le Monégasque est promis à un brillant avenir. Très solide mentalement après avoir surmonté les décès de son ami Jules Bianchi et de son père, il a toutes les cartes en mains pour ne pas se brûler les ailes.

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Sebastian Vettel, pilote No 1 chez Ferrari.

Du côté de Red Bull, on aura surtout l'oeil sur Max Verstappen, 21 ans. Champion du monde en puissance, le Néerlandais a passé un cap en deuxième partie de saison dernière, avec sept podiums en neuf courses, dont une victoire.

Reste à voir s'il maîtrise mieux cet égo qui l'a privé du succès au Brésil à l'issue d'une bagarre inutile avec le Français Esteban Ocon. A voir aussi si le moteur Honda qui équipe désormais Red Bull lui offrira dès la première année la puissance et la fiabilité nécessaires.

Autre jeune pousse prometteuse, Pierre Gasly, 23 ans, a été promu au sein de l'écurie autrichienne après 26 GP chez Toro Rosso.

Ocon, 22 ans, qui a perdu son baquet chez Racing Point (ex-Force India) au profit du Canadien Lance Stroll, fils du nouveau propriétaire, a trouvé refuge chez Mercedes en tant que troisième pilote. Une nouvelle saison en demi-teinte du Finlandais Valtteri Bottas pourrait lui permettre de prendre le volant de la deuxième monoplace allemande.

Renault veut se rapprocher

Derrière les trois grandes écuries, Renault, revenu en F1 en tant que constructeur en 2016, a terminé sa mue, recruté un pilote de premier plan, l'Australien Daniel Ricciardo, et espère ainsi réduire l'écart.

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Le Néerlandais Max Verstappen est monté sept fois sur le podium en neuf courses durant la seconde moitié de la saison 2018. Reste à voir s'il maîtrise mieux son égo.

Racing Point, que des moyens limités n'ont pas empêchée de s'illustrer régulièrement et qui devrait enfin disposer d'un budget confortable, et Haas, en progrès constant grâce à son partenariat avec Ferrari, espèrent dominer le milieu de tableau.

Sous la houlette du Français Fred Vasseur, Sauber s'est remise en ordre de marche et entend poursuivre avec le soutien accru d'Alfa Romeo. L'équipe, qui reste basée à Hinwil (Suisse), change d'ailleurs de nom pour devenir Alfa Romeo Racing. Elle pourra compter sur un revenant motivé, Räikkönen, 39 ans. En témoignent les quelques sourires qu'Iceman s'autorise désormais.

En bas de tableau, Toro Rosso pourrait profiter de synergies renforcées avec Red Bull et leur motoriste Honda. McLaren poursuit sa reconstruction, sans l'Espagnol Fernando Alonso mais avec une nouvelle direction générale et technique.

Du côté de Williams, en dégringolade, l'incertitude est totale. L'écurie britannique, dernière en 2018, a manqué les deux premières journées d'essais d'avant-saison faute d'avoir livré sa monoplace à temps. Et les capacités du Polonais Robert Kubica, de retour en F1 après un accident en rallye en 2011 qui lui a laissé de lourdes séquelles au bras droit, interrogent.

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Renault a pêché une grosse prise en mettant sous contrat l'Australien Daniel Ricciardo.