Revenu en Formule 1 en tant que constructeur en 2016, Renault a l'ambition de rivaliser avec les abonnés du podium, Mercedes, Ferrari et Red Bull. Si l'écart se réduit lentement, la modernisation de ses usines est presque terminée.

Neuvième en 2016 avec 8 points, sixième en 2017 avec 57 points, Renault a terminé 2018 à la quatrième place chez les constructeurs avec 122 points. C'est 29 points de plus que le cinquième, Haas, mais 297 de moins que Red Bull, troisième. Le champion Mercedes pointait lui à... 533 longueurs.

Gagner des courses dès cette année

Décidé à son retour à se mêler à la lutte au sommet à l'horizon 2020, le constructeur présente désormais un plan qui doit le voir se battre pour des victoires en 2020 et les couronnes mondiales en 2021 au mieux.

En 2019, « je veux que l'équipe prolonge sa trajectoire ascendante vers les écuries de pointe », annonce le directeur général de l'écurie Renault F1, Cyril Abiteboul.

Pour ce faire, la marque a investi plus de 50 millions d'euros (75 millions de dollars canadiens) pour rénover l'usine dans laquelle elle développe ses châssis à Enstone, village anglais situé dans le triangle entre Birmingham, Londres et Bristol, où sont installées une grande partie des écuries de F1.

Après le rachat de la structure à Lotus fin 2015, « on a trouvé une équipe décimée, avec énormément de gens qui étaient partis, une infrastructure dans laquelle personne n'avait investi pendant des années », expliquait en octobre dernier Marcin Budkowski, qui dirige le site.  

« Énormément d'effort a donc été consacré à reconstruire une équipe "présentable" pendant les deux premières années », poursuivait-il.

Modernisation

L'usine-îlot de modernité de 2000 mètres carrés en pleine campagne-a augmenté ses effectifs de près de 50 % pour approcher les 700 personnes ; plus 300 environ à Viry-Châtillon, en région parisienne, où Renault développait déjà des moteurs pour ses écuries clientes avant de redevenir une équipe à part entière.

Le constructeur a renforcé son service de recherche et développement, agrandi et modernisé sa soufflerie datant de la fin des années 1990 et s'est doté des dernières technologies (impression 3D, machines pour la fabrication des grandes pièces du châssis...).

Objectif : accélérer la conception des nouvelles pièces, dans un sport où le rythme de développement est plus que jamais crucial pour atteindre et rester au sommet.

L'usine a également hérité d'une salle d'opération depuis laquelle ses équipes, qui disposent des informations en temps réel, secondent le personnel présent sur les circuits, dont le nombre est limité par le règlement.

À Viry-Châtillon, un banc moteur vient d'être rénové et un programme de construction s'ouvre pour accueillir d'ici l'an prochain de nouvelles baies de montage moteur, le département fiabilité et les stocks automatisés.

Comparé aux budgets de Mercedes et Ferrari qui dépassent les 400 millions d'euros, celui de Renault avoisine les 300 millions, quand les équipes clientes les plus performantes, Haas et Force India, ont des moyens inférieurs de moitié.

« Jamais notre philosophie n'a été d'arriver avec un gros chéquier et de dire : on va dépenser plus que tout le monde pour gagner », justifiait Budkowski.

Une vraie vedette

Nouvelle étape pour l'équipe française, elle a signé pour 2019 et 2020 sa première vedette de la F1, Daniel Ricciardo, troisième du Championnat en 2014 et 2016 et sept fois vainqueur de GP, chipé à Red Bull.

PHOTO ALBERT GEA, REUTERS

Daniel Ricciardo au volant de sa Renault lors des essais pré-saison au Circuit de Barcelona-Catalunya, en Espagne, le 27 février 2019.

« Qu'il croie en ce projet, c'est un signal au monde de la F1 et pour nos employés. C'est extrêmement motivant », poursuivait l'ingénieur de formation. « Il nous a coûté un peu d'argent et le fait qu'on le dépense pour s'assurer ses services, ça montre aussi qu'on est sérieux, pas là pour participer ». Renault paie Ricciardo 15 millions d'euros (23 millions de dollars canadiens) par année.

« Nous chassons les trois grands et j'espère jouer un rôle important dans le fait de s'en approcher » en 2019, assure pour sa part l'Australien.

« Si nous (lui et son coéquipier allemand Nico Hülkenberg) travaillons bien ensemble, cela accélérera la progression de l'équipe et leur fournira les retours dont ils ont besoin pour construire et développer comme il faut la voiture. Ils ont les outils pour ça, il n'y a pas à s'inquiéter sur ce point. »

Ricciardo et son écurie partagent l'ambition d'être un jour champions du monde. « On commence à voir les fruits de cette reconstruction et, maintenant, on construit sur le futur », a promis Budkowski.

PHOTO WILLIAM WEST, AFP

L'Australien Daniel Ricciardo s'est enroulé dans le drapeau de son pays à Melbourne, lors de la présentation des pilotes avant le GP d'Australie.