À quelques heures du premier Grand Prix, faute d'avoir déjà toutes les réponses, voici dix questions pour la nouvelle saison.

QUE FAUT-IL ATTENDRE DE LANCE STROLL ET DE RACING POINT ?

Lawrence Stroll et ses associés ont réalisé une bonne affaire en récupérant l'équipe Force India, il reste maintenant à confirmer leurs ambitions en piste.

À Barcelone, en essais hivernaux, la Racing Point a fait moins de kilométrage que toutes ses rivales, mais Lance Stroll et Sergio Pérez ont bien conclu l'affaire avec des chronos compétitifs et une bonne fiabilité.

Le pilote canadien demeure réaliste : « Nous abordons cette première course sans attentes, a-t-il indiqué. Il y a encore trop d'incertitudes pour faire des prédictions. Melbourne Park est un circuit très technique, avec des passages étroits et des bosses dont il faut se méfier. Nous avons déjà de bonnes pistes pour nos réglages et nous allons nous concentrer sur notre programme, tenter de gagner en vitesse à chaque sortie en piste, de façon à être prêts pour la course. »

HAMILTON PEUT-IL S'APPROCHER DE SCHUMACHER ?

Avec maintenant cinq titres mondiaux, Lewis Hamilton n'est plus qu'à deux sacres du record de Michael Schumacher.

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Le Canadien Lance Stroll chez SportPesa Racing Point

Le pilote de l'équipe Mercedes semble avoir la motivation nécessaire pour s'approcher du grand champion allemand.

Encore une fois cette année, le Britannique et son équipe devront se méfier de Ferrari, mais ils en ont les moyens : « La F1 n'est pas seulement une question de vitesse pure, il faut aussi pouvoir s'adapter aux règles, aux pneus et à tous les défis qu'une longue saison de 21 courses nous oblige à relever, a rappelé le directeur de Mercedes, Toto Wolfe. C'est l'équipe la plus souple qui va triompher et nous avons montré par le passé que nous étions à la fois rapides et flexibles. Nous sommes prêts pour un autre combat et je ne doute pas qu'il y aura encore plusieurs rebondissements cette saison. »

ENFIN L'ANNÉE DE FERRARI ?

Depuis deux ans déjà, Ferrari dispose de la meilleure voiture du plateau, mais la gestion contestable de Maurizio Arrivabene et les erreurs de Sebastian Vettel ont ouvert la porte à Mercedes.

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Lewis Hamilton.

Un nouveau patron, Mattia Binotto, et l'arrivée du prometteur Charles Leclerc laissent espérer que la Scuderia pourra confirmer le potentiel affiché il y a quelques semaines à Barcelone lors des essais préparatoires.

Vettel, qui se complaisait un peu aux côtés du vétéran Kimi Räikkönen, devra vite prouver qu'il est encore le « patron », car la direction de Ferrari place de grands espoirs en Leclerc et n'entend pas gâcher une autre saison.

UNE VICTOIRE POUR LE TANDEM RED BULL/HONDA ?

Alors qu'on est habitué à voir les Red Bull se mêler à la lutte pour le podium, voire la victoire, l'équipe autrichienne aborde la saison 2019 avec une bonne dose d'incertitude liée à son moteur Honda.

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Sebastian Vettel (à d.) et Lewis Hamilton.

Si les performances du V6 hybride ont beaucoup progressé, sa fiabilité reste encore approximative et ce serait étonnant que Max Verstappen et Pierre Gasly ne connaissent aucun ennui.

Mais le « sorcier » Adrian Newey a encore conçu un châssis très performant et plusieurs croient que Red Bull pourrait mêler les cartes à l'occasion et, qui sait, offrir à Honda une première victoire en F1 depuis 1992.

QUE FERA RICCIARDO CHEZ RENAULT ?

Las de voir Max Verstappen bénéficier d'un statut privilégié chez Red Bull, Daniel Ricciardo s'est résolu à rejoindre Renault cette saison.

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Max Verstappen.

L'arrivée du pilote australien, réputé pour être l'un des plus habiles dans les dépassements, devrait être un atout de poids dans ce qui s'annonce comme une lutte très indécise en milieu de peloton.

Et la direction de Renault espère même que Ricciardo puisse devancer les pilotes de son ancienne équipe, ce qui permettrait d'aspirer à la troisième place du Championnat des constructeurs.

QUI GAGNERA LA LUTTE DU MILIEU DE PELOTON ?

Renault, Haas, McLaren, Racing Point, Alfa Romeo, Toro Rosso ; la lutte pour les points s'annonce particulièrement vive cette saison.

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Daniel Ricciardo.

Le Grand Prix d'Australie offrira une première occasion d'évaluer la hiérarchie entre les équipes du milieu de peloton. On n'est d'ailleurs pas à l'abri de surprises, comme on l'a vu lors des essais préparatoires de Barcelone, où McLaren et Toro Rosso ont fait des étincelles.

Mais la pression est différente en Grand Prix et les vétérans Kimi Räikkönen (Alfa Romeo) et Romain Grosjean (Haas) voudront sûrement « remettre les pendules à l'heure ».

UN NÉOPHYTE RÉUSSIRA-T-IL À SE DÉMARQUER ?

George Russell (Williams), Lando Norris (McLaren), Alexander Albon (Toro Rosso), Antonio Giovanessi (Alfa Romeo) : ils sont encore plusieurs pilotes recrues cette saison.

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Kimi Räikkönen.

On peut y ajouter les revenants Daniil Kvyat (Toro Rosso) et surtout Robert Kubica (Williams).

Les Britanniques Russell et Norris, qui se sont disputé le titre en F2 la saison dernière, sont considérés comme les plus prometteurs, et le premier est suivi de près par Mercedes.

Ils n'auront toutefois sans doute pas les armes pour faire autre chose que de la figuration.

QUEL AVENIR POUR WILLIAMS ?

Le retour de Robert Kubica, huit ans après son terrible accident de rallye, est sûrement l'une des belles histoires de la saison, mais le Polonais est bien mal tombé dans une équipe Williams en pleine déconfiture.

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Alexander Albon.

Alors qu'on croyait qu'elle avait atteint le fond du baril la saison dernière, l'écurie britannique semble encore plus mal partie cette année.

La nouvelle FW42 n'était pas prête pour le début des essais préparatoires et, quand elle a finalement pris la piste, elle s'est avérée deux secondes plus lente que ses rivales, un véritable gouffre en F1.

Pas étonnant que le directeur technique Paddy Lowe ait été mis « en congé », mais après les départs de plusieurs ingénieurs au cours des derniers mois, on voit mal comment Williams pourra redresser la barre à court et même à moyen terme.

LES NOUVELLES RÈGLES AURONT-ELLES L'EFFET DÉSIRÉ ?

Avec de nouvelles règles touchant l'aérodynamique des voitures - des ailerons avant et arrière simplifiés notamment -, les dirigeants de la F1 espèrent permettre aux pilotes de rouler plus près les uns des autres, une condition nécessaire pour faciliter les dépassements et améliorer le spectacle.

Jusqu'ici, les avis sont partagés sur l'efficacité de ces changements et le Grand Prix d'Australie devrait permettre d'y voir un peu plus clair. L'autre gros changement, l'ajout d'un point au classement pour le pilote auteur du tour le plus rapide en course (s'il termine parmi les 10 premiers), risque d'avoir un effet plus concret. En 2008, Lewis Hamilton aurait été privé de son premier titre mondial au profit de Felipe Massa si cette règle avait été en vigueur.

UN ACCORD SUR L'AVENIR DE LA F1 ?

Même si elles n'entreront en vigueur qu'en 2021, les discussions sur les nouvelles règles gérant le Championnat du monde de F1 vont continuer d'attirer l'attention. Si les grandes lignes du règlement technique semblent déjà fixées, il n'en est rien pour tout le volet commercial et notamment l'épineuse question de la répartition des revenus entre les équipes. Comme le disait Ross Brawn, directeur général de la F1, cette semaine en point de presse : « Les équipes riches ne veulent rien lâcher et les autres veulent tout avoir ! »

Les observateurs sont néanmoins optimistes et espèrent voir tout le monde trouver un terrain d'entente avant la fin de la saison.

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Robert Kubica (à d.) et George Russell.