En 2019, les pilotes de Formule 1 peuvent enfin manger à leur faim après avoir longtemps été obligés de compter chaque gramme pour respecter le poids minimum de leur monoplace imposé par le règlement.

En 2018, ce poids était de 734 kg pilote compris. Les ingénieurs cherchant par tous les moyens à alléger les voitures pour gagner des millièmes, c'était la plupart du temps l'humain au volant qui en faisait les frais.

Ils avaient soif, aussi

Poids sur la balance mais aussi quantité d'eau embarquée pendant la course réduite à la portion congrue, voire carrément éliminée.

Cette année, tout change. Le poids minimum des voitures augmente pour passer à 743 kg. Un poids minimum de 80 kg est par ailleurs imposé au pilote, équipement et baquet compris. S'il est en-dessous, il emportera un lest attaché autour de son baquet.

Du coup, plusieurs d'entre eux ont pu un peu se laisser aller à l'intersaison. « J'ai enfin pu manger pendant l'hiver et gagner un ou deux kilos pour me rapprocher de mon poids naturel, souligne le Finlandais Valtteri Bottas (Mercedes). Je pense que ce nouveau règlement est vraiment bien et, pour les pilotes les plus grands, cela rend les choses plus faciles ».

« Ces six dernières années (il a commencé en F1 en 2013, NDLR), j'ai été plusieurs fois malade en hiver et c'est le premier où je n'ai pas la grippe ou autre chose. Je pense que ce qui a vraiment aidé est que j'ai pu manger plus et avoir une nutrition me permettant de bien me rétablir », ajoute-t-il.

Manger plus, c'est mieux

« C'est un bon règlement », affirme Kim Keedle, le physiothérapeute du Français Romain Grosjean (Haas). « L'année dernière, au cours de la saison, il y a eu plusieurs occasions où Romain était trop lourd d'un kilo ou d'un kilo et demi et a dû les perdre au cours du week-end de course pour rendre la voiture plus légère ou atteindre le poids minimum ».

« Il faisait l'an dernier environ 72 kg mais il a pris entre deux et trois kilos de muscle pendant l'intersaison, ce qui a été très bénéfique et lui permet de résister aux forces qui s'exercent sur la voiture beaucoup mieux et de se sentir plus fort », souligne Keedle.

Cela tombe d'autant mieux que l'autre passion de Grosjean, à part la F1, est... la cuisine. « Tu te sens bien, tu manges bien, tu es plus en forme, tu développes plus de puissance », confirme ce dernier.

PHOTO WILLIAM WEST, AFP

Manger mieux durant la saison morte a a évité la grippe à Valtteri Bottas, qu'on voit ci-haut posant avec un fan mercredi à Melbourne.

Pour voir Romain Grosjean préparer des langoustines cuisinées aux asperges texturées, cliquez ici.

Mais cela ne veut pas pour autant dire que les pilotes vont faire du gras. « Nous voulons toujours qu'il reste affûté, avec un faible taux de graisse par rapport au poids, de l'ordre de 8 à 10 % », précise son physio. « Au fur et à mesure de la saison, nous avons moins de temps pour nous entraîner car il y a plus de courses et cela peut changer un peu », précise-t-il. 

Sport exigeant

Pour Nikolas Tombazis, responsable technique pour les monoplaces à la Fédération internationale de l'automobile (FIA), il y avait une « inéquité » dans les règles précédentes, apparues à la fin des années 1990. « Cela aurait dû être changé avant », estime-t-il.

Il ne craint pas que les écuries détournent le nouveau règlement, en jouant sur l'emplacement du lest par exemple. « Les règles sont très claires et la responsabilité de l'équipe est de s'y conformer. Le lest qu'un pilote plus léger doit emporter est près de son siège, dans un endroit fixé. Cela ne vise qu'à ne pas donner un avantage aux pilotes légers par rapport aux pilotes plus lourds ».

Un facteur dont se félicite Alexander Albon, qui arrive en F1 cette année chez Toro Rosso. Il est du haut de son 1,87 m le plus grand des pilotes et sa balance affiche 74 kg.

« Cela ne peut que m'aider. Je ne pourrais pas perdre cinq kilos, la F1 est un sport exigeant », souligne le jeune Thaïlandais.

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Le Thaïlandais Alexander Albon, de l'écurie Toro Rosso, fait 1,87 m.